Vendredi 16 août 2019. Comme tous les 16 août depuis que Saint-Vincent est célébré, difficile ce jour-là de se frayer un chemin sur les quais, envahis par la foule, dix heures avant le coup d’envoi du célèbre et grandiose feu d’artifice… 

 

Au lendemain du drame de Collioure qui a fait une douzaine de blessés – une fusée du traditionnel feu d’artifice du 16 août a atterri dans la foule sur la plage du Voramar, où étaient massées des milliers de spectateurs – une insistante rumeur diffusée sur les réseaux sociaux affirme que “la municipalité de Collioure aurait refusé la mise en place du dispositif du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) pour cause de coût financier” ; de l’ordre de 10 000€, ce qui n’est pas rien à l’échelle démographique d’un village comme Collioure. A vérifier.

Selon une autre source, “seulement une trentaine de secouristes associatifs assuraient la sécurité” le soir du 16 août… Pour simple rappel : on estime à 80 000 le nombre de personnes qui ce soir-là envahissent littéralement Collioure pour assister au plus célèbre feu d’artifice ancré sur le littoral méditerranéen de la grande région Occitanie.

Dès lors, si cette rumeur venait à être confirmée – par la municipalité de Collioure, par le SDIS’66, par la préfecture des Pyrénées-Orientales ? – pourquoi ne pas ouvrir le débat et s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, à Bayonne, dans le département des Pyrénées-Atlantiques par exemple, où chaque année les traditionnelles fêtes, qui ont lieu du 24 au 28 juillet, attirent entre 800 000 et 1 million de personnes, ce qui en fait l’un des plus grands rassemblement festif au monde ! A Collioure, sur les quatre jours, du 14 au 18 août, ce sont tout de même 200 000 visiteurs qui se bousculent pour les fêtes de Saint-Vincent, ce qui en fait le plus grand rassemblement festif en Languedoc-Roussillon.

Nous l’avons vu cette année encore, un dispositif impressionnant est mis en place par la municipalité de Collioure (policiers municipaux, militaires, vigiles privés). Pour accéder la journée aux endroits les plus sensibles et les plus courus par la population festive, la fouille est systématique. Même pour se rendre à la messe du 16 août à la chapelle Saint-Vincent, où un barrage filtrant était tenu par deux policiers municipaux.

Il faut également tenir compte du fait que la population dite “permanente” (les “résidents à l’année”), à Bayonne est de 51 000 habitants… alors qu’elle n’est que de 2 600 habitants à Collioure. Soit encore une population, à Bayonne, multipliée par 20 pendant les fêtes… et par 30 à Collioure uniquement pour le soir du feu d’artifice (c’est à dire en prenant le ratio à minima de 80 000 spectateurs) !

A Bayonne donc, depuis deux ans, et justement en réponse à l’inflation des coûts sécuritaires liés aux fêtes, la municipalité a établi un droit d’entrée à 8€ (tarif unique et payable une seule fois). Il s’agit d’un bracelet rouge, baptisé “Pass fêtes”, payé par les non-Bayonnais. Il est gratuit pour les habitants de Bayonne qui peuvent le retirer munis d’un justificatif de domicile de moins de trois mois. Certains “festayres”  (musiciens, animateurs de rue, certains acteurs de la fête, professionnels exerçant leur activité dans le périmètre de la manifestation…) en sont également exonérés. Certains résidents bayonnais souhaitent payer leur bracelet, il s’agit alors d’un don qui contribue à la pérennité des Fêtes.

Ce bracelet est obligatoire les vendredi, samedi et dimanche (en gros de 10h à minuit), on peut se le procurer dans divers commerces de la ville (comme les bistrots, les bureaux de poste et de tabac), auprès d’associations, en mairie bien sûr, ainsi qu’en ligne. En 2018, lors de sa première apparition, 168 000 exemplaires de ce “pass” avaient été vendus. Cette année, il semblerait qu’à un chouia près le chiffre soit identique.

En Espagne, en Italie, de plus en plus de communes submergées par des vagues touristiques, appliquent ce “droit de péage”, souvent très symbolique d’ailleurs, soit pour comme à Bayonne faire face au coût de plus en plus exorbitant concernant la sécurité publique, soit pour la cause environnementale.

Alors certes, des voix s’élèveront toujours pour s’opposer à l’application d’une redevance pour aller faire la fête, mais dans le cas présent, à Collioure, il suffirait de faire payer une somme modique, l’€ symbolique – pour un adulte non-Colliourenc, pour une famille entière… – afin d’assurer la continuité des belles fêtes de Saint-Vincent. Le débat est ouvert. Le monde change. De toutes façons, les Colliourencs ne pourront pas faire l’économie d’un tel débat s’ils veulent conserver intact leur joyau de la Côte Vermeille et, surtout, pérenniser leurs traditionnelles Fêtes.

La Rédaction.