(Photos Xavier Mahaux – Hôtelier à Port-Vendres).
Qu’ils soient Marocains d’origine, franco-marocains établis à Perpignan et dans sa zone d’influence urbaine, ou Français effectuant des séjours réguliers au Maroc – comme c’est le cas pour de nombreux chefs d’entreprise et touristes originaires des P-O, ou Catalans possédant une résidence secondaire à Marrakech, Agadir, Ouarzazate…), les liens humains, sociaux, économiques et culturels sont nombreux et très puissants entre la population marocaine et les habitants des Pyrénées-Orientales
Parmi eux, nous pourrions citer l’ex-conseillère régionale et élue à la Ville de Perpignan Fatima Dahine, ainsi que Jean-Marc Pujol, ex-maire de Perpignan (de 2009 à 2020), Marc Badia, chef d’entreprise à Argelès-sur-Mer et délégué consulaire (élu à la CCI66), Chichi, acteur incontournable de la vie nocturne sur le littoral nord-catalan… ou encore l’hôtelier-restaurateur Xavier Mahaux (“Les Cèdres” à Port-Vendres), lequel se trouvait d’ailleurs sur place, à Marrakech, au moment du séisme, et dont nous avons recueilli le témoignage …
–Nous sommes arrivés jeudi soir à Marrakech où nous avions réservé un Riad avec des amis pour quelques jours.
Nous avons eu la chance de ne pas vivre le tremblement de terre depuis l’intérieur d’un bâtiment. Vendredi soir nous étions dans un Van qui nous ramenait dans la Médina, le chauffeur s’est arrêté et il est allé vérifier si un pneu n’était pas crevé car le véhicule semblait vibrer. Il n’y avait rien d’anormal et il a redémarré.
De suite il a reçu des appels et en nous approchant de la Médina nous avons compris que quelque chose de grave venait de se passer. Nous avons vu des gens fuir le cœur de la Médina, il y avait des mouvements de panique, des murs étaient tombés. Nous avons croisé beaucoup de gens affolés mais personne de blessé, personne de décédé.
Le propriétaire du Riad était avec nous et il a reçu un appel l’informant qu’il n’y avait aucun dégât chez lui.
Nous l’avons suivi et nous avons fait le tour du bâtiment afin de vérifier qu’il n’y avait pas de fissure et que le bâtiment était bien sécurisé.
Tous les Marocains ont passé la nuit dehors, beaucoup d’ailleurs dorment toujours à l’extérieur depuis le séisme.
Toute la nuit nous avons entendu les sirènes des véhicules de secours.
Le lendemain matin nous sommes partis au cÅ“ur de la Médina pour faire le point sur la situation et la vie avait déjà repris son cours, certains vieux bâtiments étaient touchés mais il n’y avait aucun danger.
Nos proches nous ont appelé, ils étaient très inquiets et ne comprennaient pas que nous ne rentrions pas plus tôt.
Quand nous avons lu les infos sur internet il y avait vraiment un décalage entre ce que nous lisions sur Marrakech même et ce que nous vivions.
Sur Marrakech même, il y aurait 13 morts recensés tous dans la Medina.
Ce sont essentiellement les villages de l’Atlas qui ont été beaucoup plus dûrement touchés.
Des villages entiers sont rasés car les maisons sont construites sans ciment. Nous avons pu porter des vivres hier (dimanche) dans quelques villages à plus de trois heures de route de Marrakech, très difficiles d’accès.
Nous étions les premiers à venir les aider. Les gens préviennent de la présence de blessés graves d’un village à l’autre, via des signaux de fumée car ils sont dans des villages encore plus éloignés dans la montagne.
La solidarité s’installe. Des camions chargés de vivres et de matelas sont partis avant-hier soir.
Dimanche, les habitants des villages nous ont indiqué avoir déjà enterré leurs morts.
La priorité est désormais de trouver des solutions pour que chacun puisse se préserver du froid dans les montagnes pour les nuits à venir et se nourrir.
Les Marocains n’ont qu’une crainte, c’est que le tourisme s’arrête à la lecture d’informations catastrophiques alors que tous les commerces sont ouverts.
Nous avons entendu parler de beaucoup d’annulation de voyage.
Pour soutenir les Marocains, il faut au contraire venir ici et consommer.
L’ argent repart ensuite dans les montagnes pour aider ceux qui en ont le plus besoin.
Vous pouvez aussi acheter des produits de première nécessité et les donner à des associations pour qu’ils soient convoyés, ou louer un 4×4 et les emmener dans les villages.
Une cagnote a été mise en place pour les aider par l’équipe qui nous a emmené aider les villages de montagne :