(Vu sur la Toile)

 

Marche contre l’antisémitisme : Serge Klarsfeld se « réjouit que le Rassemblement national participe »
(Article du journal Libération)

 

Libération.- Sa présence, il y a un an à Perpignan, pour recevoir la médaille de la Ville des mains de son maire, Louis Aliot, figure du Rassemblement national (RN) en pleine campagne de ce dernier pour la présidence du parti d’extrême droite, était un premier signe.

Dans une interview au Figaro signée de la journaliste Eugénie Bastié et publiée jeudi sur le site du quotidien de droite, Serge Klarsfeld, avocat ayant passé sa vie, avec sa femme, à pourchasser les criminels de guerre nazis à travers la planète, vole au secours de Marine Le Pen dont la formation est rattrapée, à trois jours de la « marche contre l’antisémitisme » à laquelle elle participera, par le passé de ses fondateurs.

 

« Pas en avant »

« Il me semble tout à fait positif que ce parti politique soit convié et donne son adhésion à une pareille marche, dit-il. Pour moi, l’ADN de l’extrême droite, c’est l’antisémitisme. Donc, quand je vois un grand parti issu de l’extrême droite abandonner l’antisémitisme, le négationnisme, et marcher vers des valeurs républicaines, je m’en réjouis. Je prends acte de ces pas en avant du Rassemblement national. »

Serge Klarsfeld distingue ainsi clairement Marine Le Pen et son père : « Il y a une cinquantaine d’années, des tas de négationnistes existaient qui n’avaient pas d’audience. Jean-Marie Le Pen s’est fait leur porte-parole en exprimant ses doutes sur les chambres à gaz, sur le nombre des juifs qui avaient été victimes de la Shoah, explique-t-il. Il y a ajouté le point de détail. Marine Le Pen a modifié complètement l’idéologie du Front national. »

Le président de la fondation des Fils et Filles des déportés juifs de France oublie quelque peu les liens, encore très présents, avec certaines figures troubles et l’absence de rupture de la cadette des Le Pen avec son paternel. « Bien sûr, nous attendons qu’elle renie ce passé de façon plus éclatante, admet-il. Cela viendra peut-être lors de la disparition de Jean-Marie Le Pen.»

 

Haro sur « l’extrême gauche »

Depuis dimanche, le RN est englué dans des justifications alambiquées sur son passé. La faute à son jeune président, Jordan Bardella, qui a affirmé sur BFM-TV : « Je ne suis pas juge, les juges ont parlé, je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite, maintenant je n’aurais évidemment pas tenu les propos qu’il a tenus sur le point de détail parce que pour moi l’horreur de la Shoah n’est pas un point de détail de l’histoire.»

Depuis, les cadres frontistes ne cessent de louvoyer lorsqu’ils sont interrogés sur leur fondateur… Le tout en étant, depuis mardi, sous pression de la gauche et d’une partie de la majorité qui estiment que, à cause de ce passé, Marine Le Pen et les siens n’ont pas leur place dimanche dans la « grande marche civique » organisée entre l’Assemblée nationale et le Sénat.

Serge Klarsfeld offre là à Le Pen et Bardella une caution morale inespérée. D’autant plus qu’il renvoie l’opprobre de l’antisémitisme sur « l’extrême gauche ». «Le RN est un parti qui, sur le plan de l’antisémitisme, si on le compare avec La France insoumise ne peut mériter que des bons points, affirme-t-il sans apporter aucun élément. L’extrême gauche a toujours eu une tradition antisémite. Je suis soulagé de voir le RN abandonner l’antisémitisme et se poser en défenseur des Juifs, mais je suis triste de voir l’extrême gauche abandonner sa ligne d’action contre l’antisémitisme. Mais il y a des divisions au sein de cette extrême gauche, et j’espère que ceux qui sont proches des Juifs viendront exprimer leur soutien à cette marche.»

(Source Journal Libération)