(Vu sur la Toile)
Affaire Bayou, critiques internes… : Marine Tondelier et Les Écologistes dans la tourmente
(Article de Anthony Berthelier – Rédaction La Huffington Post)
Le Huffington Post.- Retour aux fondamentaux. Les nuages s’amoncellent depuis plusieurs jours au-dessus du parti Les Écologistes et de Marine Tondelier, la secrétaire nationale candidate à sa réélection. La formation, habituée aux querelles intestines – apaisées depuis 2022 – est de nouveau parcourue par les doutes et les vives critiques internes.
Julien Bayou fustige Les Écologistes, qui répondent avec des « regrets » mais sans « excuses »
La conseillère municipale d’opposition à Hénin-Beaumont, devenue l’un des visages de l’union de la gauche aux élections législatives à l’été 2024, est notamment critiquée pour sa gestion de l’affaire Bayou et sa volonté, selon ses détracteurs, de verrouiller le parti à sa main. Autant de sujets qui provoquent de vives secousses et des répliques sans doute durables.
La charge la plus lourde est venue de Julien Bayou. Innocenté par la justice après des accusations de harcèlement moral et d’abus de faiblesse de la part de son ex-compagne, également militante du parti, l’ancien député de Paris a déploré lors d’une conférence de presse, jeudi 20 février, « la frilosité, la médiocrité, la lâcheté et la bassesse » de la direction. Rien de moins.
Les répliques de l’affaire Bayou
Il reproche notamment à Marine Tondelier et aux cadres aux manettes d’avoir lancé deux enquêtes internes contre lui, dont la dernière comprenait un appel à témoignages adressé à 12 000 personnes, et de n’avoir jamais reconnu son innocence, alors que les investigations n’ont pas permis d’établir sa culpabilité. « Je ne reconnais plus ce parti », a déclaré l’ex-député, qui a quitté le mouvement.
Depuis, la controverse enfle. Plusieurs centaines de militants ont réclamé au mouvement qu’il formule des excuses claires à leur ancien cadre dans une lettre ouverte adressée à la direction. En réponse, Les Écologistes se sont fendus d’un communiqué samedi pour évoquer des « regrets », critiquer la « surmédiatisation » de l’affaire, mais sans avancer les « excuses » réclamées par toute une frange du mouvement.
Pas de quoi apaiser les tensions. Au contraire. Selon les informations de L’Opinion, plusieurs cadres s’apprêtent à démissionner de la direction pour protester contre la gestion de cette affaire, et les termes encore employés par les écolos dans leur communiqué ce week-end.
Il s’agit d’Hélène Hardy, figure historique de l’écologie politique depuis les années 1970, et de Ghislaine Senée, sénatrice des Yvelines, encartée au parti depuis 2010. Toutes deux souhaiteraient quitter le bureau national pour protester notamment contre l’absence de remise question après le non-lieu dont a bénéficié Julien Bayou dans cette affaire. Affaire dans laquelle il affirme avoir « tout perdu ».
Ces départs, s’ils se confirmaient, seraient autant de nouveaux cailloux dans la chaussure de Marine Tondelier, laquelle fait face depuis quelques jours à la fronde de ses concurrents internes pour le congrès, organisé fin avril. Sur sa méthode, mais aussi sur sa stratégie politique que d’aucuns jugent illisible.
Critiques internes
L’élue locale a déjà le soutien de 1 200 personnalités, dont les ex-candidats écologistes à la présidentielle Yannick Jadot, Eva Joly et Noël Mamère, et de nombreux maires de villes écologistes. Mais plusieurs de ses opposants, et notamment les trois candidats qui briguent la tête du parti, l’ex-eurodéputée Karima Delli, l’élue bordelaise proche de Sandrine Rousseau Harmonie Lecerf et le maire-adjoint à Paris Florentin Letissier, ont envoyé des courriers pour déplorer « le manque d’équité et de pluralisme » dans les modalités de participation au congrès.
Ils dénoncent notamment la récente modification de règles électorales qui les empêchent, selon eux, de recueillir le nombre de signatures nécessaires pour déposer une contribution ou pour être candidat aux différents postes du bureau exécutif.
Les nouvelles modalités « semblent avoir été taillées sur mesure pour consolider l’emprise » du courant de Marine Tondelier, écrit ainsi Karima Delli, qui menace de prendre « les dispositions légales nécessaires pour contester la légitimité » du processus. En d’autres termes : de porter l’affaire devant la justice. « Les conditions de tenue du congrès constituent une profonde trahison de l’ADN de notre parti par la direction en place », écrit aussi Florentin Letissier.
Dans son propre courant, Marine Tondelier fait aussi l’objet de critiques de la part du maire de Grenoble Éric Piolle, dont elle dirigeait pourtant la campagne lorsqu’il était candidat à la primaire de 2020. Ce dernier, candidat au poste de porte-parole du parti, dit avoir été « banni » des listes de militants du courant de Marine Tondelier pour l’empêcher d’obtenir le nombre de signatures nécessaires. Il déplore « cette façon d’éjecter ceux qui porteraient des nuances sur la stratégie ».
En réponse, l’entourage de la secrétaire nationale fait bloc. « La réforme des statuts, votée très majoritairement (74 %), visait à rompre avec la balkanisation artificielle de notre parti », défend ainsi l’eurodéputé David Cormand, un proche de Marine Tondelier, qui souligne que la difficulté de certains à obtenir un nombre de parrainages suffisants est « symptomatique de leur division ». La bataille risque de durer.
(Source : Le Huffington Post)