(Vu sur la Toile)
Des opposants au pouvoir condamnés à de lourdes peines de prison
(Article de Reuters • Agence de presse)
Tunis (Reuters).- Plusieurs personnalités éminentes de l’opposition tunisienne, jugées pour des accusations de complot contre la sûreté de l’Etat, ont été condamnées samedi par un tribunal tunisien à des peines de prison allant de 13 à 66 ans.
Quarante personnes, dont des responsables politiques, des hommes d’affaires et des journalistes, étaient jugées dans le cadre de ce procès qui a débuté le mois dernier. Plus de vingt d’entre elles ont fui à l’étranger.
L’opposition politique dénonce des accusations montées de toutes pièces et dit y voir une illustration de la dérive autoritaire du président Kaïs Saïed depuis qu’il a dissous le Parlement en 2021.
Le chef de l’Etat a ensuite commencé à gouverner par décret, avant de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature – l’organisme chargé de nommer les juges.
L’homme d’affaires Kamel Eltaïef a reçu la peine la plus lourde de soixante-six ans de prison, a indiqué un avocat des accusés, Abdessatar Massoudi. L’opposant politique Khayam Turki a été condamné à quarante-huit ans de prison, a-t-il aussi indiqué.
Plusieurs figures éminentes de l’opposition, dont le chef du parti Al Joumhouri Issam Chebbi, le cofondateur de la principale coalition d’opposition Front de Salut National (FSN) Jaouhar Ben Mbarek, les avocats Ghazi Chaouachi et Ridha Belhaj ont écopé de dix-huit ans de prison. Ils sont en détention depuis leur arrestation en 2023.
“Nous ne sommes pas surpris par ces verdicts injustes et vengeurs qui visent à réduire au silence ces figures de l’opposition”, a déclaré à Reuters Youssef Chaouachi, le fils de Ghazi Chaouachi.
Les autorités affirment que les accusés, parmi lesquels figurent également l’ancien chef des services de renseignements Kamel Guizani, ont tenté de déstabiliser le pays et de renverser Kaïs Saïed.
“De toute ma vie, je n’ai jamais assisté à un tel procès”, s’est indigné vendredi avant la décision de justice l’avocat Ahmed Souab, qui représente les accusés. “C’est une farce, les décisions sont prêtes et ce qui se passe est scandaleux et honteux”.
La plupart des dirigeants des partis politiques tunisiens sont en prison, dont la présidente du Parti destourien libre (PDL) Abir Moussi et le chef d’Ennahda Rached Ghannouchi – deux des principaux opposants politiques à Kaïs Saïed.
(Rédigé par Tarek Amara et Menna Alaa El-din ; version française Blandine Hénault)
(Source : agence de presse Reuters)