Tribune Libre/ Claude Barate* : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”
par adminLuc le Avr 28, 2025 • 6 h 31 min Aucun commentaire*par Claude Barate, universitaire, député honoraire
-“Dans les textes bibliques, le commandement d’amour de Dieu est essentiel. Le premier : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cÅ“ur, de toute ton âme et de tout ton esprit. » Le second : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22-34-40)
Le Dieu du Nouveau Testament est un Dieu d’Amour Universel.
C’est ce message d’amour que le pape François a porté tout au long de son existence :
-Amour de Dieu, à qui il a consacré toute sa vie y compris en choisissant de le rejoindre au lendemain de la résurrection du Christ.
-Amour universel des hommes, des prochains et des autres.
On a souvent dit que la pape François était un homme de gauche. Je n’en crois rien. Il était avant tout, homme de Dieu.
D’ailleurs, de quelle gauche serait-il, de celle de Robespierre qui réglait la liberté de penser par la guillotine, de celle de Staline et de Mao, qui réglaient les problèmes de démocratie par les goulags ou les exécutions, de celle de l’extrême gauche qui veut, par une immigration incontrôlée, créer les conditions d’un chaos pré révolutionnaire ou celle de la gauche de « Terra Nova » qui conseille aux socialistes de s’appuyer sur des immigrés en surnombre pour compenser la perte de son électorat populaire ?
Non, le pape François n’était de cette gauche, fut-elle progressiste.
Il était soucieux, comme le Christ l’a demandé, des pauvres, des malheureux, des déshérités. Bref, il portait dans le monde la parole du Christ. C’était sa mission, n’en déplaise à ceux qui le trouvaient trop conservateur, lorsqu’il s’agissait d’avortement ou trop progressiste à propos des homosexuels et de leur rapport à Dieu.
Il était un homme de forte conviction, parfois autoritaire, mais toujours à l’écoute des autres.
Concernant le domaine de l’immigration, qui le concernait aussi personnellement compte tenu de son expérience familiale, il rappelait la parole de Jésus, « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Certes, on peut légitimement discuter du sens de ce commandement, et notamment à propos du prochain et de l’amour de soi-même.
L’amour de soi-même est obligatoire sauf à priver de sens le commandement lui-même : si on ne s’aime pas soi-même, comment pourrait-on aimer le prochain. Mais la discussion reste ouverte sur le prochain.
Sous la domination romaine qui s’appuyait sur l’esclavage, aimer son prochain était un message d’une force inouïe. Il était forcément déstabilisateur, comme il peut l’être aujourd’hui, lorsque le pape l’interprète.
Mais d’abord qui peut être ce prochain dont Jésus nous parle ? A une question qui lui était posé sur le sujet, Jésus avait répondu par la parabole du bon samaritain que presque tout le monde connait.
Le bon samaritain, c’est la personne qui a de la compassion pour celui qui souffre et lui vient en aide.
Dans la transposition de ce commandement au problème de l’immigration, le pape a dit et répété qu’il fallait prendre en considération la situation de ces malheureux déracinés. Ils viennent chez nous dans des conditions effroyables pour essayer de survivre.
Qui ne peut être touché par ces déplacements meurtriers entre les mains de passeurs voyous ? Qui peut rester insensible à ces colonies de résidences réduites à de petites tentes, dans des conditions lamentables ?
Faut-il que cette immigration rapporte tellement à ceux-là même qui la défendent, tout en tournant le dos à ses conséquences. C’est cela que voulait dire et dénoncer le pape.
Cette défense de l’amour, cette compassion qu’on doit avoir pour ceux qui souffrent, est essentielle pour porter la parole du Christ.
Mais le message est incomplet.
Pour aider, les immigrés, leur porter assistance, il faut aussi leur dire que le principe d’amour est réciproque : qu’à l’amour qu’on doit leur porter, doit répondre celui qu’ils doivent à ceux qui les accueillent.
Que la meilleure façon d’être acceptés et secourus, sur des territoires et des cultures inconnues, c’est de s’intégrer et de s’assimiler.
Mais, la meilleure façon d’aimer les hommes, c’est encore et toujours de leur permettre de vivre chez eux dans leur famille, leur environnement naturel, dans la culture qui est la leur.
C’est pourquoi, compte tenu de son autorité morale exceptionnelle, le pape doit s’engager en faveur d’un grand plan Marshall pour le développement de l’Afrique.
Je suis certain que le nouveau pape, dans sa mission première de porter le message d’amour du Christ, ne manquera pas de le porter dans sa globalité.
Claude Barate, universitaire, député honoraire