(Vu sur la Toile)
Sète : après la démission de François Commeinhes, l’échiquier politique local bouleversé
(Rédaction Hérault Tribune)
Hérault Tribune.- Alors que sa peine de cinq ans d’inéligibilité a été confirmée en cassation le 30 avril, François Commeinhes a pris la parole dans une vidéo où il annonce remettre sa démission. Une décision qui bouleverse le jeu politique local à moins d’un an des élections municipales de mars 2026.
C’est une déflagration. François Commeinhes, maire de Sète depuis vingt-quatre ans, présente sa démission alors que sa peine de cinq d’inéligibilité pour détournements de fonds publics a été entérinée le 30 avril par la Cour de cassation.
–“Je respecte sincèrement cette décision de justice aussi disproportionnée puisse-t-elle être sur le fond”, a réagi dans une vidéo postée sur ses réseaux sociaux quelques minutes après la publication de la décision de justice. “Empêché d’exercer ma fonction de maire et président d’agglomération, je vais donc remettre ma démission au préfet.”
Élu pour la première fois en 2001 à la tête de la municipalité, François Commeinhes a cumulé quatre mandats consécutifs. Il en ressort par la petite porte, dix mois avant les élections municipales de 2026, bouleversant les équilibres politiques locaux.
“Aucune amertume, aucun ressentiment”
“Je n’éprouve aucune amertume, aucun ressentiment. Il y a des choses tellement plus graves dans la vie […] Seule une erreur administrative commise volontairement par une personne malhonnête qui a trahi ma confiance aura mis fin à ces mandats.”
L’homme politique de 75 ans a été jugé coupable d’avoir signé des arrêtés qui ont permis l’augmentations irrégulière de la rémunération de son ancien directeur général des services (DGS) entre 2016 et 2018.
“Le travail continue”
“Le travail continue”, a assuré le maire qui indique que Blandine Authié, sa première adjointe, “prend l’intérim de la gestion des affaires municipales comme les textes le prévoient”, une fois que le préfet François-Xavier Lauch aura pris acte de sa démission. L’élue a quinze jours pour convoquer un conseil municipal afin de désigner un nouveau maire.
Idem pour l’agglomération de Sète, dont Jean-Guy Majourel, premier vice-président, prend l’intérim avant l’élection du prochain président en conseil communautaire. “Je réunis mon équipe municipale [mercredi 30 avril au soir] afin de leur faire part de ma vision de l’avenir et de ce qui me semble le plus pertinent à faire”, a indiqué François Commeinhes.
“La même équipe va finir ce mandat”
Au sein du conseil municipal de Sète, les équilibres ont peu de chance de bouger alors que le camp Commeinhes a une large majorité. “Ce sera la même équipe qui va finir ce mandat”, se résigne Véronique Calueba, du groupe d’opposition de gauche Ensemble pour Sète.
“Le plus important, c’est qu’il y a un désaveu de la forme de sa politique. C’est pathétique de partir comme ça au bout de 20 ans de règne. C’est beaucoup trop long car on tombe dans l’ivresse du pouvoir où il y a un mélange de la sphère privée et publique”, estime l’élue de gauche qui a dans le viseur les élections municipales de 2026. “Sa démission ouvre totalement le jeu, 2026 sera différent car la figure tutélaire de la ville dégringole donc ça change tout.”
Sébastien Pacull, conseiller municipal RN assure qu’il ne soutiendra “pas de candidat de la majorité municipale” pour finir le mandat à la place de François Commeinhes. “J’aurais préféré avoir une victoire dans les urnes plutôt que François Commeinhes soit éliminé par les tribunaux”, indique l’élu d’extrême-droite qui s’était présenté aux élections municipales de 2020 et envisage de se présenter en 2026. “Pour nous les élus RN, c’est le peuple qui est souverain”, ajoute-t-il, en faisant référence à la condamnation de Marine Le Pen en première instance, qui la rend pour le moment inéligible à la présidentielle de 2027 pour cause de détournements de fonds publics européens.
La présidence de l’Agglo dans la balance
Alors qu’il siège aussi à l’agglomération, Sébastien Pacull estime que le débat y sera plus intense alors que “plusieurs forces sont capables de l’emporter”. “Nous choisirons le candidat qui défendra les intérêts de l’agglomération”, indique le conseiller communautaire qui fait partie d’un groupe divers droite qui pourrait faire pencher la balance.
Dans ce même groupe, l’ancien RN Gérard Prato, élu à Frontignan, dit rester ouvert quant au vote du prochain président de l’agglomération. “Ça dépend de qui se présentera, peut-être Loïc Linarès ou Michel Arrouy à gauche… J’aimerais apporter ma voix à la personne qui se bat le plus pour les intérêts de l’agglo.”
Pour Michel Arrouy, maire socialiste de Frontignan, “c’est bien trop tôt pour dire qui incarnera la présidence de l’agglomération”. “Il appartient aux quatorze communes d’être responsables pour l’avenir de notre agglomération. Dans cette période de transition, Frontignan va avoir un rôle à jouer”, continue l’édile qui a déjà prévu des réunions avec l’équipe municipale et des rencontres en amont du conseil communautaire qui sera prochainement convoqué par Jean-Guy Majourel.
“Je suis intéressé par l’avenir et par les enjeux du territoire, il faut le construire collectivement. Nous avons pris toute notre place du côté de Frontignan, on a prouvé qu’on savait travailler pour l’intérêt du territoire”, renchérit dans la même veine Loïc Linarès, deuxième vice-président de l’Agglomération et conseiller municipal de Frontignan, qui ne veut pas se prononcer pour le moment.
Les prochains jours seront donc cruciaux pour redéfinir les forces politiques du bassin de Thau, dix mois avant les élections municipales de mars 2026.
(Source : Hérault Tribune)