-“Devant la levée de boucliers, suscités par la vidéo de M. Jacobelli (2), enregistrée au Mémorial de Rivesaltes le 25 septembre dernier, nous souhaitons apporter quelques précisions

 

Tout a commencé le jour de l’inauguration du Mémorial, en 2015, par Manuel Valls (3), où un Harki, soldat de l’armée française bardé de médailles, handicapé, sur un fauteuil roulant s’est vu refuser l’accès du Mémorial. Sans le geste d’une grande classe de l’architecte Rudy Ricciotti (4), qui lui a remis son badge, ce monsieur serait resté à l’extérieur.

Depuis quelques jours, le député Laurent Jacobelli est la cible d’une avalanche de critiques pour avoir eu l’audace de dire tout haut ce que nous dénonçons depuis huit longues années : “on ne parle plus des harkis”. Et il a raison. Derrière les grands discours et les hommages convenus, la mémoire des Harkis continue d’être reléguée, diluée, noyée dans un récit global qui gomme la singularité de leur histoire et de leur drame.

Le Mémorial de Rivesaltes est souvent cité comme preuve du contraire. On nous parle d’expositions, de colloques, de plaques commémoratives. Mais il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître : la place des Harkis y reste secondaire. Leurs souffrances, leur déracinement, leur abandon par la France, sont présentés comme un épisode parmi d’autres, sans la reconnaissance ni la profondeur que mérite ce pan de notre histoire nationale. Un simple “panneau explicatif” ne fait pas mémoire.

Les réactions outrées de certains élus ou intellectuels, comme Carole Delga (5), Hermeline Malherbe (6), Laurent Joly ou encore Nicolas Lebourg, traduisent surtout une gêne : celle d’être rappelés à leur propre manquement. Ils brandissent la diversité des mémoires du camp – Républicains espagnols, Juifs déportés, Tsiganes rejetés – pour justifier une mise en équivalence permanente. Mais reconnaître la souffrance des Harkis ne revient pas à nier celle des autres. Ce n’est pas une compétition de victimes : c’est une exigence de vérité et de justice !

L’histoire des Harkis n’est pas seulement une tragédie humaine, c’est une faute d’État. Des dizaines de milliers de familles abandonnées, internées, méprisées pendant des décennies. Et aujourd’hui encore, on préfère minimiser cette réalité plutôt que d’assumer la responsabilité politique et morale de la France.

Le Mémorial de Rivesaltes devrait être un lieu de reconnaissance pleine et entière, pas un espace où la mémoire Harkie est tolérée à la marge. Ce n’est pas en ajoutant une exposition “prévue pour 2026” que l’on réparera soixante ans d’oubli.

Que cela plaise ou non, Laurent Jacobelli a mis le doigt sur une vérité dérangeante : la
mémoire des Harkis reste invisible, reléguée derrière des discours convenus. Et ceux qui
prétendent le contraire devraient peut-être passer moins de temps à rédiger des
communiqués et davantage à écouter les familles concernées.

Les Harkis ne demandent pas des symboles, ils demandent du respect. Et ce respect
commence par la vérité. Devant tant de mépris, j’ai décidé de démissionner de la
« commission Mémoire » du Mémorial de Rivesaltes le 10 septembre 2024.

Ce débat d’idées et d’opinions sans considération pour les faits est une erreur, l’objectivité est la caractéristique la plus importante de l’honnêteté intellectuelle, alors pourquoi se chercher des excuses ? Reconnaître ses erreurs et surtout ses échecs nous confère une forme d’humilité.

Malgré tous les sacrifices consentis pour la France, cette gauche a toujours considérés
l’engagement des Harkis auprès de l’armée Française, contraire à sa politique.

Vive la France !”.

(1) Djelloul Mimouni
Président de l’association « Harkis Citoyens Français »

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(2) Laurent Jacobelli, RN, député de la VIIIe circonscription de la Moselle.

(3) Manuel Valls, PS, est alors Premier Ministre (31 mars 2014 – 6 décembre 2016).

(4) Rudy Ricciotti, né le 22 août 1952 dans la banlieue d’Alger, à Kouba, est un architecte français d’origine italienne, installé depuis 1980 à Bandol (Var). Il est, entr’autre, lauréat du Grand Prix national de l’architecture (2006), plus haute distinction française en matière d’architecture.

(5) Carole Delga, présidente socialiste de la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée.

(6) Hermeline Malherbe, présidente socialiste du Département66.