(Vu sur la Toile)
“Préserver notre cadre de vie” : ce maire s’oppose à l’État et la construction de logements sociaux
(Article de Anna Jaujard avec Astrid Bergere • Rédaction RMC)
RMC.- Un terrain a été préempté par la préfecture à Allauch (Bouches-du-Rhône) pour y faire construire des logements sociaux. Une décision qui ne passe pas pour le maire de la commune. Invité sur RMC ce jeudi 10 avril, il indique qu’il souhaiterait être accompagné sur la rénovation d’habitat ancien et incite à réformer la loi SRU.
Vingt-cinq ans après la mise en place de la loi SRU, qui impose à certaines communes – en fonction du nombre d’habitants et de leur situation – la présence de 20 ou 25 % de logements sociaux parmi son habitat, le compte n’y est pas. La commune d’Allauch (Bouches-du-Rhône), qui compte près de 22 000 habitants, fait partie de celles qui ne respectent pas la loi.
Le maire, lui, assume de ne pas construire ces logements sociaux, accepte de payer les pénalités et appelle à une réforme de la loi. Cependant, la préfecture vient de préempter une parcelle de la commune afin de construire un HLM, ce qui ne lui plaît pas du tout : il a lancé une pétition pour “préserver le cadre de vie d’Allauch”.
“On préférerait respecter la loi SRU mais pas à n’importer quel prix”, indique le maire d’Allauch, Lionel de Cala, invité sur RMC ce lundi 14 avril. “On est une belle commune sur les hauteurs de Marseille, nous avons en toile de fond les collines de Marcel Pagnol et je pense que la loi SRU ne tient pas compte des réalités de nos communes et de notre territoire.” Selon lui, cela dégraderait le cadre de vie. Il se dit d’ailleurs défavorable à la construction de logements tout courts, que cela soit social ou non, dans les conditions actuelles.
“On ne veut pas construire sur des terrains vierges”
Il souhaiterait surtout être, plus encore, accompagné par l’État sur de la rénovation de l’habitat ancien. “On est prêt à faire du logement social, en revanche, on ne veut pas construire sur des terrains complètement vierges, mais plutôt dans les noyaux villageois, là où on a les commerces de proximité, les écoles, les équipements sportifs, tous les services publics”, souligne-t-il au micro de Charles Matin.
Cependant, cela coûte cher et “prend beaucoup plus de temps que les objectifs qui sont fixés par la loi”. Concrètemement, pour l’édile : “La loi SRU est uniquement punitive et n’accompagne pas les maires et communes qui souhaitent faire du logement adapté à la réalité de leur territoire”.
La bataille d’un maire qui ne veut pas de nouveaux HLM
Le terrain préempté par la préfecture, afin de faire construire des logements sociaux, ne convient pas du tout au maire. D’après lui, les habitants sont également inquiets. “Vous me dites ‘ce ne sont que deux bâtiments’, mais autour de ce terrain, c’est que des maisons individuelles, quasiment au bout d’une impasse. Comment vous voulez que du logement collectif puisse s’intégrer dans de bonnes conditions ? Ça me paraît impossible. J’ai déjà des dizaines et des dizaines de riverains autour qui s’en inquiètent car ils voient bien que cette intégration ne pourrait pas se passer facilement.”
La position du maire divise dans la commune
Des habitants ont justement été rencontrés par les équipes de RMC. Certains disent soutenir la position du maire, comme Maryline, qui a signé la pétition. “Je comprends que tout le monde veut se loger à tout prix, mais on est dans un grand village et je pense que c’est très important de préserver cela.”
De son côté Sabine estime que “le maire fait ce qu’il veut de ses terrains” et que ça n’est “pas à la préfecture de mettre son grain de sel”. Mais cette position est également rejetée par d’autres habitants, conscients des difficultés de certains pour se loger. “Pour moi, ça n’est pas sérieux venant du maire, qui veut juste protéger l’image de sa commune. Ces logements, c’est juste pour loger des être humains comme tout le monde”, note Mélissa.
En 2025, la commune, qui ne compte donc que 7,5 % de logements sociaux, a dû payer une pénalité de 1,3 million d’euros pour le non-respect de cette loi.
(Source : RMC/ Radio Monte Carlo)