En tant que directeur de l’Institut méditerranéen du liège (IML) de Vivès, et maintenant que la saison de récolte du liège est achevée, je tenais à réagir à l’article publié sur ouillade.eu le 11 juin 2022[1] sous le titre « Albères/ Témoignage hallucinant : “En quatre randonnées pédestres ou en VTT, voilà ce que j’ai rencontré…” », tant les affirmations et les sous-entendus qu’il contient (notamment son titre et le tag « Vol de liège » en bas de page) m’ont interloqué

L’équipe d’ouvriers rencontrée par le rédacteur de l’article (A.X.) lors de sa randonnée est celle chargée de récolter le liège des membres de l’ASL[2] Suberaie catalane, association de producteurs de liège des Pyrénées-Orientales, créée en 2002 et qui regroupe à ce jour 143 adhérents pour 3 872 hectares de forêts en gestion. Il s’agit d’une entreprise espagnole tout à fait en règles, qui intervient sur le territoire des Albères, des Aspres et du Vallespir, chez les membres de l’association, comme c’est le cas chaque année. Elle était déjà intervenue l’année dernière sur la même forêt (de l’autre côté de la piste DFCI AL42 citée dans l’article), et a notamment récolté du liège cet été autour de la chapelle de Notre Dame de Vie, ainsi que sur d’autres parcelles situées sur le territoire communal d’Argelès-sur-Mer.

Quant à la forêt en question (bois de Valmy), elle est de ce fait gérée par un expert forestier pour le compte de l’ASL Suberaie catalane, et elle dispose à ce titre d’un Plan Simple de Gestion, document de gestion durable agréé par le Centre Régional de la Propriété Forestière, obligatoire pour tout propriétaire privé de plus de vingt-cinq hectares.

Dès que j’ai eu vent de l’article, j’ai demandé au responsable de l’exploitation si un randonneur ou un vététiste était venu le questionner. Il m’a répondu qu’en effet quelqu’un était venu lui poser des questions, ce pourquoi il lui avait proposé de lui communiquer mon numéro de téléphone – ce dernier maitrisant mal le français –, proposition que le randonneur aurait déclinée.

Je m’étonne donc de son initiative de solliciter par la suite la Police municipale, la Gendarmerie, et votre média, sans prendre la peine de se renseigner auprès de nous. J’espère que cette personne ne fait pas preuve du même zèle quand elle croise une équipe de vendangeur en train de récolter du raisin ! Il est ainsi particulièrement cocasse de le voir affirmer plus loin dans l’article que « Rien ne me permets de dire si cette activité était autorisé ou pas. Personnellement, j’en doute. » !

Concernant le chemin de randonnée prétendument « dévasté par l’engin à chenille », il est bon de rappeler qu’avant d’être un chemin de randonnée, il s’agit avant tout d’un chemin servant à l’exploitation forestière (en l’occurrence la récolte du liège). La dernière récolte de cette parcelle ayant eu lieu en 2007, et la prochaine n’étant pas prévue avant 2034 (il faut entre 12 et 15 ans entre chaque récolte de liège), je ne pense pas que le passage d’un engin à chenille tous les 12-15 ans sur des chemins créés à cet effet ne fasse davantage de dégâts que les centaines de VTT de descente qui parcourent annuellement (et à vive allure) les forêts du secteur de la Massane, en traversant des parcelles appartenant à des propriétaires privés. Il est en effet important de rappeler que – contrairement à ce que beaucoup de gens pensent – la forêt n’appartient pas « à tout le monde », mais bel et bien à des propriétaires (qu’ils soient privés ou publics) et que de ce fait leur accès reste à leur entière discrétion.

Il me paraissait important d’apporter ces précisions, et de rappeler que l’Institut méditerranéen du liège est joignable par téléphone (04 68 83 39 83) ou internet (institutduliege@free.fr et www.institutduliege.fr) pour tout renseignement sur le liège et son exploitation, ainsi que bien entendu pour accompagner les propriétaires dans la gestion de leurs suberaies et la valorisation de leur liège.

Renaud Piazzetta, Directeur de l’Institut méditerranéen du liège (Vivès)