Claude Barate vient de publier « Futur antérieur », aux Editions du loup. C’est incontestablement là le livre que toutes les familles perpignanaises devraient avoir dans leur bibliothèque – ou sur leur ordinateur* – ainsi que tous ceux qui se passionnent pour la chose publique dans le département

 

Tour à tour 1er adjoint de la Ville de Perpignan, conseiller général, député RPR des P-O… en quatorze chapitres construits sur près de 380 pages, Claude Barate déroule un épais vécu, son vécu, illustré par de précieuses anecdotes historiques, entre affrontement et détente, entre responsabilités et aveux : ses expériences physiques, psychologiques et professionnelles sur la scène publique. Il le narre à la perfection avec sagesse, plénitude, une liberté de ton attachante qui désarmera ses adversaires d’autrefois les plus acharnés.

Ce n’est pas un livre-règlements-de-compte(s), mais bien un livre de témoignages personnels, intense et, surtout, sans détour et sans fioritures, comme seul un historien, ou plutôt un universitaire pouvait l’écrire, avec au passage quelques redoutables élégances de style (notamment sur la saga de la Middle-class politique locale).

La rédaction de ouillade.eu a privilégié le fait de l’interviewer sur son regard dans l’action de ses mandats municipaux, mais l’ouvrage aborde également, de manière chronologique, ses mandats de conseiller départemental, de parlementaire… en débutant avec le temps d’une jeunesse heureuse et “le hasard – qui – fait peut-être bien les choses”.

 

L.M.

 

L’INTERVIEW CI-DESSOUS…

 

Claude Barate, chez lui à Bages

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans la rédaction d’un tel ouvrage et, pour commencer, pourquoi ce titre ?

-Claude Barate : « Cela fait deux réponses en une seule question (rire)… En auscultant ma vie politique passée et en l’observant à l’aune du futur, soupesant avec soin les dérisoires pouvoirs éphémères qu’il m’a été donné d’assumer, on pourra me critiquer ou m’encenser, m’aimer ou me haïr. Mais… lorsque je traverse le Grand Saint-Charles, que j’emprunte les rocades pour le retournement de Perpignan, ou que je vois se développer l’Université du Temps Libre, je ne peux m’empêcher de penser : ça, au moins… je l’aurai fait ! 

Quand à l’idée de ce livre, le moteur de son écriture, le déclenchement en est la question posée par ma petite-fille Théa, qui un jour, alors qu’elle n’avait que 7 ans, me demandait : « Papi, c’est quoi, un homme politique ?… ». Elle était trop jeune pour que je puisse lui répondre – à elle ou à son frère Sandro, 9 ans à ce moment-là – de façon exhaustive. Je m’étais donc promis qu’un jour, pour répondre à leurs questions, j’écrirais le récit de ma vie publique. Je commence d’ailleurs par cette anecdote familiale en préambule du livre ».

La période du confinement liée à la crise sanitaire du COVID-19 vous a facilité la tâche…

-Claude Barate : « On peut le dire comme ça. Puisque c’est pendant le premier confinement, en mars 2020, que j’ai commencé l’écriture du manuscrit, à la main, terminé en décembre 2020. Ensuite, Françoise (Ndlr. Son épouse) l’a tapé à la machine, car je ne maîtrise pas l’outil. C’est elle qui a traduit mon manuscrit en écriture numérique ».

Dans votre vie publique, quel a été le moment le plus fort ?

-Claude Barate : « Mon premier mandat municipal, à la Ville de Perpignan, parce que c’est le mandat où j’ai pu engager les actions structurantes : lancement des voies sur berge, du pont du Parc des expositions, les grandes rocades bien sûr, le Grand Saint-Charles évidemment… Tout cela je le détaille dans le livre. Tout cela avec bien sûr l’accord du père Alduy (Ndlr. Paul Alduy) dont j’étais alors le 1er adjoint, et sans lui quand il n’était pas là.

En revanche, la deuxième période, 1989 – 1995 (Ndlr. Le mandat a été abrégé en 1993 pour cause de démission du Conseil Municipal sur fond de guerre picrocholine), ça a été un calvaire. Cela a été une période difficile pendant laquelle nous avons loupé des projets essentiels pour Perpignan et le département… ».

Lesquels, par exemple ?

-Claude Barate : « Le déplacement de l’hôpital, l’installation de l’université en lieu et place du 24e RIMA, qui aurait permis d’installer 6 000 étudiants de la fac de Lettres et de Droit dans le centre-ville… ».

Ce qu’a réalisé pour la rentrée de septembre 2017, pour une petite partie, environ 500 étudiants seulement concernés dans un premier temps, Jean-Marc Pujol (Ndlr. Maire de Perpignan de 2009 à 2020), avec le Campus Mailly dans le cœur historique de la ville. Peut-on dire que vous avez eu tort d’avoir raison vingt ans avant ?

-Claude Barate : « Si vous le dîtes… Car à mon époque, ce projet aurait littéralement révolutionné le centre-ville, il aurait permis de revitaliser le commerce, de réhabiliter les quartiers dégradés Saint-Jacques et Saint-Matthieu, de régler les problèmes récurrents de sécurité, de logements insalubres… Cela aurait été un simple et logique ressources, car au XVIIIe siècle le centre-ville accueillait déjà l’université. Regardez, observez en Europe, plus près de nous en Espagne, combien et comment la vie universitaire peut animer, rehausser un centre-ville.

Le père Alduy s’est arcbouté pour enterrer ces projets pourtant visionnaires pour sa ville et, surtout, pour les Perpignanais. Il a préféré mener un combat absurde sur le plan politique. Que de temps perdu ! Mais on ne refait pas l’histoire. Tout cela, je l’explique et le détaille dans le livre ».

Quand vous citez Paul Alduy, vous dîtes « le père Alduy », mais le lecteur a alors le sentiment, de votre part, d’un certain attachement, du moins du respect, vis-à-vis de Paul Alduy. En revanche, lorsque vous parlez de son fils, Jean-Paul, vous l’appelez tout le long de votre livre « le fils Alduy », sur une tonalité plutôt condescendante… disons avec un certain recul, voire du dédain ?

-Claude Barate : « Pourquoi ? Il n’est pas le fils de son père ?… Rassurez-moi, il est bien le fils de son père. Même s’il est moins cultivé que son père, Jean-Paul Alduy est intelligent. Mais la discussion avec lui n’est pas facile. Très sûr de lui, il veut (presque) toujours avoir raison. Comme je l’ai écrit dans le livre, il ne doute pas, ou du moins il fait semblant de ne pas douter. Cependant, il peut asséner alors des affirmations qui s’avèrent être fausses par la suite ».

Toujours dans votre livre, vous décrivez, lorsque le fils Alduy était maire de Perpignan et que vous siégiez dans l’Opposition, des séances du Conseil Municipal terriblement ennuyeuses…

-Claude Barate : « Ah ça c’est sûr et certain ! Le fils Alduy n’est pas comme le père. Les séances du conseil municipal, longues et très peu studieuses, n’en finissaient pas. On y discutait comme au café du commerce. Avec le père ou avec moi, le débat était cadré. Chacun pouvait s’exprimer mais selon des règles. Avec le fils Alduy, le débat était hors de contrôle. Pour régler un petit problème, il fallait un temps fou, alors que pour l’essentiel le débat était évacué ».

 

Propos recueillis par L.M.

*Tiré seulement à 200 exemplaires, selon le souhait de l’auteur le livre est disponible intégralement en version numérique et gratuitement : facb2022@outlook.fr