(Communiqué)

Un membre français de l’association Catalunya peuple d’Espagne a participé, hier soir, à Barcelone, en compagnie d’une vingtaine d’associations constitutionnalistes, à l’acte contre la grâce présidentielle espagnole envisagée envers les prisonniers séparatistes catalans

 

-“La Catalogne est une province profondément divisée. D’un côté, il y a des Catalans qui veulent rompre avec le reste de l’Espagne et de l’autre, ceux qui souhaitent renforcer une Espagne constitutionnelle.
Cette division, si grave, n’est pourtant pas la pire. La fracture pourrait être définitive si, certains de nos concitoyens, pour imposer leur projet politique de rupture, continuent de se placer en marge de la loi, s’approprient les institutions et privent les autres compatriotes de leurs droits. Le nationalisme sécessionniste s’est montré profondément déloyal envers la Constitution et ceux qui la respectent.

De nombreux Catalans ne se sont pas encore remis des troubles générés par les événements de septembre et octobre 2017 et nous constatons avec suspicion et une grande méfiance que les institutions autonomes continuent de travailler de manière sectaire pour constituer la prétendue république catalane au lieu de servir l’intérêt général.
Les dirigeants indépendantistes et déloyaux envers les valeurs de la démocratie constitutionnelle ont fait beaucoup de mal : ils ont ébranlé nos projets vitaux et ont mis en œuvre les prémices d’une sécession qui nous convertirait directement en « étrangers ». Ils continuent de nous harceler. Certes, ceux d’entre nous qui respectent, alors et maintenant, l’ordre constitutionnel ne sont pas responsables des tensions sociales. La coexistence en Catalogne ne peut être reconstruite si elle reste basée sur l’impunité des uns et l’invisibilité des autres. La voie qui consiste à « oublier » les délits commis par les déloyaux, d’ailleurs poursuivis en justice avec toutes les garanties procédurales, à marginaliser, à réduire au silence les victimes de ces actes n’est pas la bonne.
Nous ne pouvons pas légitimer la désobéissance ou récompenser la violation réitérée de la loi. Ceux qui dépouillent les bâtiments publics de nos symboles constitutionnels ne nous amusent pas, ceux qui éliminent la coexistence linguistique des institutions et de l’éducation ne nous réjouissent pas ; nous ne manquerons pas de dénoncer les médias publics qui font de la propagande et servent la désinformation ; ceux qui veulent détruire notre nation démocratique de citoyens libres et égaux ne sont pas excusables ; nous n’allons pas renoncer à lutter contre ceux qui nous appauvrissent.
Nous sommes convaincus que le moment est venu de prendre des mesures pour parvenir à une conciliation et inviter les partisans de la rupture à travailler sur la voie de la reconstruction. Cependant, jusqu’à présent, ils ne le font pas et, en outre, ils s’en gaussent. Dans ces conditions, l’octroi de la grâce collective promue par le gouvernement de la nation n’est pas utile à la société, c’est une décision lourde de graves conséquences pour la justice et la démocratie et élargit la plaie que nous voulons fermer.
Depuis des années, nous travaillons à faire tomber les murs du sectarisme et reconnaître la réalité complexe et plurielle de la Catalogne. Le gouvernement de la nation et les institutions catalanes doivent prendre en compte qu’il y a des sécessionnistes, mais aussi de nombreux Catalans qui défendent l’Espagne constitutionnelle et veulent que leurs droits soient reconnus, d’autant plus que nous revendiquons l’évidence : l’acceptation et le respect de la loi constitutionnelle, l’accomplissement des décisions judiciaires et la garantie des droits de tous.
Il n’y aura pas de progrès significatifs en Catalogne si on ne réfute pas une fois pour toutes le fait que les constitutionnalistes en Catalogne soient invisibles politiquement et socialement depuis trop longtemps et si les gouvernements régional et central écartent systématiquement nos projets et revendications. Nous refusons de continuer à jouer un rôle subalterne de comparses des élites nationalistes. Le défi du sécessionnisme catalan ne peut pas se résoudre par une stratégie d’apaisement des déloyaux, mais par une participation active de ceux qui défendent la démocratie constitutionnelle.

Des préalables à la concertation seraient la loyauté, sans laquelle il n’y a pas d’avancée possible, et une volonté de changement. Du côté de la société catalane que nous représentons, nous voulons dire très clairement que la reconstruction de la coexistence ne passe pas par la mise en place d’un mécanisme destiné à perpétuer notre soumission au faux dogme selon lequel seule la Catalogne est représentée par le nationalisme sécessionniste.
Le dialogue entre Catalans est impossible si ceux qui sont à la tête des institutions autonomes n’acceptent pas notre existence en tant que citoyens ayant des droits et refusent systématiquement de répondre à nos demandes. Il échouera également si le gouvernement espagnol ne s’engage pas à travailler à un avenir commun dans lequel s’impliqueraient tous les Espagnols, un avenir qui doit être respectueux de l’État de droit et du pluralisme politique inhérent à toute démocratie consolidée.

A Barcelone, le 8 juin 2021.”