(Vu sur la Toile)
Javier Milei : Ces réactions politiques à son élection disent beaucoup de la situation en France
(Article de Romain Herreros • Rédaction du Huffington Post/ Le HuffPost)
Le Huffington Post.- Il promet de tronçonner l’État, en supprimant notamment le ministère de la Culture ou de l’Éducation nationale. Il est contre l’avortement et nie le rôle de l’homme dans le changement climatique. Il veut déréglementer le marché des armes à feu et compare la monnaie nationale à un « excrément ». Javier Milei, « anarco-capitaliste », élu président en Argentine ce dimanche 19 novembre, a tout pour cliver en France.
Sans surprise, sa victoire nette a provoqué l’indignation de la gauche française, qui s’est empressée de dénoncer le projet de cet économiste de 53 ans, adepte des provocations médiatiques. « Feu d’artifice réactionnaire en Argentine. Le libéralisme chimiquement pur. Le climatoscepticisme sans filtre, le masculinisme toxique, l’homophobie et la transphobie revendiqués », a déploré sur le réseau social X (ex-Twitter), Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
« Monstre politique »
Sénateur écolo et ex-candidat à la présidentielle, Yannick Jadot a pour sa part estimé que « l’internationale de l’extrême droite a produit son pire monstre politique ». Sandrine Rousseau, Clémentine Autain, Benjamin Lucas, Christophe Bex… Plusieurs députés élus en 2022 avec l’étiquette de la NUPES ont exprimé leur indignation, en redoutant des heures sombres pour les Argentins, particulièrement pour les femmes et les plus fragiles.
Chez Renaissance, où la lutte contre le populisme est érigée en cause prioritaire, c’est également l’inquiétude qui domine. Dans une publication sur X, le patron du parti macroniste, Stéphane Séjourné, sonne l’alerte. « L’Argentine a fait démocratiquement le choix de l’aventure populiste d’extrême droite. C’est le choix souverain du peuple argentin. Mais répétons le encore et encore : à chaque fois, ces expériences se soldent par un échec et de la souffrance », a publié l’eurodéputé, en rappelant les bilans du Brexit, de Donald Trump, de Jair Bolsonaro ou du PiS en Pologne.
Discrétion chez LR, prudence au RN
À droite en revanche, où la lutte contre le politiquement correct a le vent en poupe et où la panique liée au « wokisme » est partagée avec le nouvel homme fort de Buenos Aires, les réactions sont discrètes, voire inexistantes. Ce qui traduit une forme d’indifférence bienveillante à l’égard de celui qui a terrassé la gauche dans les urnes, en promettant notamment de réduire à néant les politiques sociales.
Dans la galaxie intellectuelle de la droite en tout cas, l’élection de Javier Milei n’est pas vue d’un mauvais œil. Ce qui s’observe du côté de l’Institut Montaigne, think tank classé à droite. « Révolution libérale, populaire et démocratique en Argentine. Il était temps de tourner la page du kirchnerisme qui a plongé la moitié de la population dans la pauvreté et lègue un pays au bord d’une des pires crises économiques de son histoire. La tâche de Milei est titanesque », a salué sur X l’économiste Maxime Sbaihi, qui avait consacré plusieurs chroniques à ce candidat iconoclaste dans L’Opinion.
Des analyses où l’intéressé jugeait que les idées du président argentin « n’ont rien de scandaleux à côté du véritable scandale qu’est la situation catastrophique de l’Argentine ». Encore plus à droite, Reconquête ! (dont le candidat Éric Zemmour proposait un programme très libéral sur le plan économique) n’a pas réagi officiellement, bien que certains de ses cadres, à l’image de l’identitaire Damien Rieu, ont applaudi l’élection du candidat fantasque.
Quant au Rassemblement national, sa prudence tranche avec l’enthousiasme provoqué en leurs temps par les dernières expériences populistes, du Brexit à l’élection de Donald Trump en passant par la victoire de Jair Bolsonaro au Brésil. Trois résultats électoraux salués avec force par Marine Le Pen et le Rassemblement national.
Il faut dire que le processus de « normalisation » entrepris par le parti lepéniste s’accommode mal d’un candidat qui tient meeting en brandissant une tronçonneuse, tout comme le discours souverainiste de Marine Le Pen s’avère incompatible avec la dollarisation de l’économie proposée par Javier Mileil. Comme si, cette fois, les étiquettes « populiste » et « antisystème » ne suffisaient plus à emballer le RN, échaudé par les soutiens apportés aux naufrages de Donald Trump ou Jair Bolsonaro, qui lui sont toujours revenus comme un boomerang.
(Source Le Huffington Post)