Les autorités présentes.
Dans le cadre du 80e anniversaire de la Libération, hier dimanche 22 septembre 2024, avait lieu à Elne, au carré militaire communal, une émouvante cérémonie en hommage à Camille Aliès mort pour la France le 25 septembre 1944 à l’âge de 26 ans
Dépôt de gerbe par Mme Armangau et par Nicolas Garcia, maire d’Elne, 1er vice-président du Conseil Départemental des P-O.
Nicolas Garcia, maire d’Elne, accompagné d’une large représentation du conseil municipal, Renaud Shouver, directeur départemental de l’ONaC-VG, le lieutenant-colonel Fabrice Chapuy, délégué militaire départemental, monsieur le général Gilles Glin, délégué départemental du Souvenir Français, Charles Higuero, vice-président du comité d’Elne-Montescot et président départemental des ACPG-CATM des Pyrénées Orientales, et la famille de Camille Aliès, étaient réunis pour rendre hommage à ce héros français.
De nombreux porte-drapeaux , jeunes et aînés, accompagnaient les présidents de leurs comités du Souvenir Français. Des reconstitueurs en tenues d’époque et arborant l’insigne du régiment de Camille Aliès, évoquaient physiquement l’équipage de son char.
Des gerbes furent déposées par le général Gilles Glin et Jacques Poirson, président du comité d’Elne Montescot du Souvenir Français, par Jacques Bonafos, vice président départemental des ACPG-CATM et par Nicolas Garcia accompagné de la petite nièce de Camille Aliès.
Lors de son allocution, Jacques Poirson, président du comité d’Elne-Montescot du Souvenir Français remercia la famille de Camille Aliès pour sa présence à cette cérémonie.
Le général Gilles Glin rappela le parcours exemplaire de Camille Aliès au cours de sa courte vie. Il résuma le contexte de l’époque avec en Roussillon l’impact dans les esprits de la guerre civile en Espagne, préfigurant l’affrontement à venir en Europe entre les deux totalitarismes, nazisme et stalinisme.
Nicolas Garcia focalisa son propos sur la Libération de Paris avec le rôle joué par monsieur Rol Tanguy et par la compagnie «La Nueve» de la 2e Division Blindée.
Henri Jonca, historien de la section Histoire et Arts Miliaires (SHAM) du Souvenir Français lut un poème de sa composition dédié à Camille Aliès.
La cérémonie fut conclue par une Marseillaise chantée a cappella.
Un apéritif offert par la municipalité réunie les participants dans le hall de la mairie.
A noter…
Parcours du jeune Camille Aliès
C’est à Elne, le 27 décembre 1918 que Camille Aliès vit le jour, dans une famille d’agriculteur dont le père, grand mutilé de la grande guerre, amputé d’une jambe, arpentait avec peine les rues de la ville avec son pilon, ayant des difficultés à subvenir aux besoins de sa famille, vu son handicap. Pour cette raison, Camille, comme cela est indiqué sur son acte de naissance, fut adopté par la Nation, déclaré « pupille de la Nation » par décision du tribunal de Perpignan.
Sa qualité de pupille de la Nation lui facilita son entrée comme enfant de troupe à 14 ans à l’École Militaire Préparatoire Technique de Tulle. Il y réussit brillamment ses études, ce que prouve le brevet qui lui fut décerné.
C’était l’époque du front populaire et du défaitisme qui gagna une partie de la société française, plutôt encline au pacifisme, au social, à la semaine de 40 heures et aux congés payés. Pourtant, la guerre civile en Espagne avait traumatisé les esprits, et vu s’opposer par belligérants interposés, deux totalitarismes. Les bruits de bottes du nazisme en Allemagne et le stalinisme à l’Est, ayant pactisé pour se partager l’Europe ne laissaient augurer rien de bon pour les démocraties; laissant plutôt entrevoir un nouveau conflit en Europe qui risquait de s’étendre au niveau mondial par le jeu des alliances.
Camille en fut conscient, et il s’engagea pour cinq ans, à Autun le 29 décembre 1936 au 504e Régiment de Chars de Combat. Le 1er mai 1939, il fut nommé maréchal des logis et il reçut son affectation au 67e Bataillon de Chars de Combat à Bizerte en Tunisie. En janvier 1940, il rejoignit la France et intégra le 47e Bataillon de Chars de Combat.
Le 16 mai 1940 il fut affecté à la 379e Compagnie Autonome de Chars de combat au sein de la 2° Division Cuirassée, et il combattit entre Peronne et Ham et obtint sa première citation.
Le 24 mai 1940 à l’attaque du pont d’Epnancourt, il obtint sa deuxième citation. Le 28 juin 1940, il rejoignit le 15° Bataillon de Chars de Combat, puis le 26° Régiment d’Infanterie. Il gagna en juillet 1940 les garnisons de Nontron et de Riberac et fut démobilisé le 27 décembre 1941.
L’inaction n’était pas son fort ; il n’aimait pas non plus les injustices et les trahisons. Il refusa donc de servir sous le gouvernement de Vichy et d’attendre que les événements suivent leur cours normal, sans qu’il ait pu apporter sa modeste contribution à la guerre qui faisait rage afin de vaincre l’Allemagne nazie.
Il prit alors sa décision, celle de rejoindre les forces françaises libres en Afrique du nord. En janvier 1943, Camille Aliès, aidé par les réseaux de résistants des Pyrénées-Orientales, passa la frontière en traversant les Albères, guidé par un passeur que sans doute son père connaissait. Son père, malgré sa jambe de bois avait fait un bout de chemin avec lui, fier que son fils reprenne le combat.
Pris par la police espagnole, et après dix mois d’internement, il rejoignit CASABLANCA le 21 novembre 1943, où il fut affecté au 12° Régiment de Cuirassiers dont la devise est encore : « Au danger mon plaisir ». Arrivé en Angleterre le 22 Avril 1944, il débarqua en France le 2 Août 1944 et participa au sein de la 2° D.B. à la campagne de France.
Il fut tué à l’ennemi au combat de Thiebaumenil, en Meurthe-et-Moselle, le 25 Septembre 1944 à l’âge de 26 ans.
La pluie tombait depuis déjà plusieurs jours et les sols étaient totalement détrempés, la campagne, les prés et les champs parfois complètement inondés, ce qui rendait problématique la progression des chars de combat.
Au cours d’une manœuvre de franchissement d’obstacles, sous le feu de ennemi, le char Sherman de Camille s’embourba profondément, se posa sur le ventre. Dès lors ils étaient bloqués. Il fallait faire vite car l’ennemi était proche. Ils firent appel au char dépanneur, un char lourd et puissant muni d’un treuil qui suivait régulièrement la progression des escadrons de combat.
Ce dernier arriva par l’arrière à proximité du char embourbé. Un membre de l’équipage de Camille descendît pour aider à accrocher le câble de remorquage. Mais un obus de 88 perfora le char de dépannage, brisant net son moteur.
Dès lors toute manœuvre de traction était impossible. Le char de Camille reçut alors deux obus perforants au niveau de la tourelle; un feu violant se déclara : Camille et les deux autres occupants du char ne pouvant pas sortir par la trappe ventrale posée sur la boue, moururent regroupés dans un même espace, affreusement brûlés dans l’incendie de leur machine.
Les unités chargées de la récupération des corps ne purent les séparer. Ils furent inhumés, ensemble, à proximité du champ de bataille puis transférés, ensemble, au cimetière militaire national de Colmar.
C’est ainsi qu’unis dans leurs vies de combattants, ils furent inséparables après leur mort. Ils reposent en paix dans la même tombe, à l’ombre de la même croix, au carré militaire national de Colmar.
Camille Alies est titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 39-45 avec palme, de la médaille de la Résistance, et de la croix du Combattant, de la médaille des engagés volontaires. Il a été cité, à l’ordre de la Brigade, de la division, et de l’Armée! La 109e promotion de l’école nationale des sous officiers d’active de Saint-Maixent et une rue d’Elne portent son nom.
Dépôt de gerbe de Jacques Bonafos.
Allocution du Général Gilles Glin.