Si on a le goût des bonnes choses, Matignon ne se refuse pas. Demandez à Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire (NFP) au poste de Première ministre, si elle a longuement hésité avant de saisir une telle opportunité

 

Malgré une campagne de communication très éloignée des opinions publiques, la pochette surprise du Nouveau Front populaire n’a eu aucun effet.

Le Président de la République en a décidé autrement. La Constitution de la Ve République lui confère ce droit politique. Il lui appartenait de déterminer le niveau de risque acceptable, en tenant compte des déclarations émises par les 2/3 des parlementaires qui étaient opposés à une telle nomination. En effet, l’Assemblée Nationale est désormais divisée en trois tiers.

Le Président de la République dispose de la légitimité suffisante issue de sa réélection au suffrage universel en 2022. Il convient de rappeler qu’au soir du premier tour, les responsables des partis politiques composant la NUPES avaient appelé à voter Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle.

Et voilà qu’au second tour des élections législatives de 2024, après une dissolution ubuesque, une nouvelle fois, le Nouveau Front populaire n’a pas hésité un seul instant à se désister en faveur des candidats investis ou soutenus par le camp présidentiel face aux candidats du Rassemblement National et d’Éric Ciotti.

Lucie Castets, candidate malheureuse au poste de Premier ministre, vient de publier sur X : « On nous promettait un gouvernement de concorde, on a un gouvernement de droite dure. C’est la démocratie qui est humiliée ce soir avec la fin de ce suspense de papier ».

À qui la faute ?

N’est-ce pas le bureau national du Parti socialiste qui a fermé la porte à Bernard Cazeneuve pour assumer une éventuelle nomination à Matignon ?

Plus que jamais, il est temps de tourner une page, de passer aux choses sérieuses et de laisser les politiciens bavarder.

La France est sous le coup d’une procédure pour déficit excessif. La Commission de Bruxelles exige plus de 100 milliards d’euros d’économie sur quatre ans, dont 30 milliards dès 2025.

Les investisseurs japonais ont vendu en masse des titres du gouvernement français en juillet pour un montant de 1320 milliards de yens (8,2 milliards d’euros).

Nous sommes confrontés à cette question, que posent les plus sceptiques : « Michel Barnier, Premier ministre en fonction, pourra-t-il éviter le décrochage économique de la France ? ».

L’avenir nous le dira, mais nous sommes dans une incertitude politique que personne ne soupçonnait il y a quelques mois…

Henri Ramoneda