(Vu sur la Toile)

 

Coup de théâtre à gauche : le PRG prépare une liste anti-NUPES aux européennes
(Article de Par Michel Revol • Rédaction hebdomadaire Le Point)

 

Le Point.- Guillaume Lacroix avait prévenu lors du congrès du Parti radical de gauche (PRG), en mars : si le Parti socialiste (PS), avec lequel il s’était allié aux dernières élections européennes, ne rompait pas clairement avec la NUPES, le PRG présenterait une liste lors de ce scrutin.

Réélu à la tête du PRG au congrès avec cette promesse, Guillaume Lacroix devrait mettre sa menace à exécution samedi 25 novembre, lors d’une convention du parti. La liste pourrait y être annoncée. « Nous y travaillons, les discussions vont bon train, confirme-t-il au Point. Les élections européennes sont le dernier scrutin national avant la présidentielle, nous serions irresponsables si la gauche n’était pas rassemblée. »

Le PRG est à la manoeuvre, mais le parti ne veut donc pas être la seule composante de cette liste en devenir. Guillaume Lacroix entend constituer une liste « ouverte », représentant une gauche « républicaine, laïque et pro-européenne ». Il veut ainsi montrer que la gauche n’est pas réductible à celle qui s’est réfugiée, en juin 2022, dans les bras de La France insoumise pour constituer la NUPES. Le moratoire voté le mois dernier par le PS, suspendant sa participation à l’alliance électorale pour un temps déterminé – mais lequel ? – ne lui suffit pas. « Ce moratoire, c’est une blague et une lâcheté », raille Guillaume Lacroix.

Le président des radicaux de gauche ne se satisfait pas non plus de la mise à l’écart de Jean-Luc Mélenchon, devenu désormais aux yeux des partis membres de la NUPES l’homme à abattre. « Les outrances n’ont jamais cessé, regrette-t-il. Le problème dépasse Mélenchon. Je n’ai rien à voir non plus avec Madame Obono, Monsieur Boyard ou encore Madame Panot. »

 

 

Etienne Klein et Richard Malka

 

Le PRG s’est senti conforté par un sondage OpinionWay, selon lequel 34 % des sondés voteraient pour une liste anti-Nupes aux élections européennes. Problème : cette étude montre aussi que 64 % ne la voteraient « probablement » ou « certainement » pas, et un sondage Eurotrack OpinionWay, paru le 21 novembre dans Les Echos, ne donne que 3 % des voix à une liste PRG-La Convention (le mouvement de Bernard Cazeneuve, associé à l’initiative). Mais Guillaume Lacroix veut y croire. « Nous devons faire la démonstration qu’il y a une attente des Français pour une telle liste », explique le président des Radicaux de gauche.

Il peut compter sur l’appui de quelques célébrités. Bernard Cazeneuve sera présent, samedi, à la convention pour l’Europe du PRG, à Paris. L’ex-Premier ministre, que certains verraient bien mener une liste au scrutin de juin prochain, bénéficie du soutien des radicaux de gauche depuis leur congrès de mars. L’ancienne ministre Juliette Méadel est aussi très active.

Elle vient de publier dans l’hebdomadaire Marianne une tribune signée par plusieurs représentants de la gauche anti-NUPES, dont le maire de Montpellier Michaël Delafosse ou la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. Son titre : « Contre les compromissions de LFI sur le Hamas, gauche républicaine et progressiste, réveille-toi ! » Presque un programme d’élections européennes.

Autres noms qui circulent, celui du physicien Étienne Klein, proche du PRG, et celui de l’avocat de Charlie Hebdo Richard Malka, qui suit l’initiative avec « un oeil amical », dit Malka, sans vouloir s’engager plus avant.

 

Glucksmann courtisé

 

Quelques autres partis soutiennent le PRG. Le Mouvement des citoyens, l’ancienne formation de Jean-Pierre Chevènement, participe aux discussions, tout comme le mouvement Régions & Peuples solidaires, qui rassemble différents élus régionalistes tel le député du Morbihan Paul Molac. Le PS, en revanche, est exclu des négociations.

Olivier Faure, qui n’a pas été contacté par Guillaume Lacroix, ne devrait pas apprécier cette liste rivale potentielle. D’abord, selon plusieurs sources, les rapports sont tendus entre le Premier secrétaire du PS et Raphaël Glucksmann, qui menait la liste socialiste-Place publique lors du scrutin précédent.

L’eurodéputé, très remonté contre les pudeurs de LFI à l’égard du Hamas, aimerait que le PS s’éloigne beaucoup plus de la NUPES. Et si sa colère l’incitait à rompre définitivement avec lui ? Certains travaillent à un rapprochement entre les radicaux de gauche et Glucksmann. « Je souhaite qu’il nous représente tous, nous la gauche responsable », explique l’un des artisans de la liste, qui courtise l’eurodéputé.

De plus, le Premier secrétaire du PS entend faire du scrutin européen le signal du retour au premier plan des socialistes, histoire de reprendre un peu de poids au sein de la NUPES. Le sondage paru dans Les Echos lui accorde d’ailleurs la première place à gauche, avec 9 % des intentions de vote devant Les Écologistes (8 %) et LFI (7 %). Mais, si une nouvelle liste concurrente rencontre un écho favorable, les affaires du PS pourraient se compliquer.

(Source Le Point)