France/ Dossier retraites : réponses à des questions, par Claude Barate*
par adminLuc le Mar 30, 2025 • 18 h 07 min Aucun commentaire*Claude Barate, universitaire, député honoraire
-“Le 20 mars dernier, j’ai publié dans ces mêmes colonnes un dossier sur le problème des retraites pour permettre aux lecteurs de se faire une idée sur un sujet très important au plan économique et social. Plusieurs d’entre vous m’ont demandé pourquoi je ne considérais pas le passage de départ à la retraite de 65 à 60 ans comme une avancée sociale, pendant que d’autres souhaitaient que je leur dise qu’elle est la réforme des retraites que je préconise
-Concernant mon refus de considérer comme une avancée sociale l’abaissement de 65 à 60 ans de l’âge de départ en retraite
Je ne peux pas considérer comme une avancée sociale, une réforme qui fait payer en perte de pouvoir d’achat tous les actifs, pour permettre à certains de profiter plus rapidement de la retraite.
Ce que les français visiblement ne comprennent pas, c’est que dans une retraite par répartition, ce sont les actifs qui paient pour les inactifs.
Ils ne veulent pas comprendre, que lorsqu’on abaisse l’âge de la retraite de 65 à 60 ans on augmente automatiquement le nombre de retraités, pendant qu’on diminue d’autant le nombre d’actifs. Ceci a comme conséquence d’augmenter les charges pour les actifs qui restent. Ce n’est pas une position idéologique, c’est de la mathématique d’école primaire.
J’en ai déjà fait la démonstration à diverses reprises dans ces mêmes colonnes.
Prenons le modèle démographique d’un homme qui rentre dans la vie active à 20 ans, prend sa retraite à 65 ans et meurt à 80 ans.
Avec un âge de retraite à 65 ans, ce qui était le cas avant la Réforme Mitterrand, il y avait dans ce cas de figure, trois cotisants pour 1 bénéficiaire : en effet dans ce cas de figure, la vie active est divisée en trois périodes de quinze ans chacune (20 ans-35, 35 50- et 50-65) pour 1 seule période de retraite de de 15 ans, (65 à 80).
En baissant l’âge de la retraite à 60 ans, il ne reste plus que deux cotisants (20-40 et 40-60) pour 1 bénéficiaire (60- 80).
La Réforme Mitterrand a eu comme effet de supprimer 1 cotisant sur 3 et de reporter sur les deux autres la charge antérieurement dévolue au 3e.
Conséquence financière immédiate, augmentation du prix de revient des produits fabriqués et donc une augmentation des prix sur le marché, et en même temps diminution du pouvoir d’achat des salariés par augmentation des charges personnelles et entrepreneuriales.
Cette analyse n’est pas politique ou philosophique, elle est mathématique et irréfutable.
Ainsi en 1981, François Mitterrand leur a dit que l’âge de la retraite pouvait passer de 65 à 60 ans, ils se sont immédiatement réjouis de cette mesure dite de justice sociale ! D’ailleurs les français se réjouissent toujours des causes dont ils détestent les effets.
Ce qu’ils n’ont pas vu, c’est que du même coup, le pouvoir d’achat des salariés allait baisser. Opération reconduite avec le passage de la semaine de travail à 35 heures. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Il ne faut pas se contenter de demander aux Français, s’ils veulent la retraite à 60 ans. Il faut leur demander en même temps comment on la finance.
-Sur le sujet de la réforme que je préconise
Il n’existe pas de système, à lui seul satisfaisant. Il faut essayer de combiner des systèmes qui évitent le plus possible les difficultés.
C’est pourquoi, je préconise un système mixte.
Il pourrait s’appuyer sur la retraite par points qui supprime les différences entre régimes et met tout le monde sur un pied d’égalité, chaque point cotisé ayant la même valeur. Les cotisations salariales devraient compter pour un tiers des ressources globales du système. La contribution sociale des entreprises pourrait alors être amoindrie au profit d’une augmentation des salaires.
Il devrait être composé pour un autre tiers de ces ressources d’une contribution de la TVA sociale* pour que les produits venant de l’étranger participent également au financement de notre politique sociale.
Enfin, un complément devrait être apporté par une capitalisation obligatoire au profit d’un fonds d’investissement souverain ou de toute société d’assurance choisie par le salarié.
Comme on peut le voir, la tâche est immense, mais il faut la regarder en face. Nous n’avons pas le choix, le système de retraite par répartition est mort. Il a été tué par l’évolution démographique et, bienfait de progrès de la médecine, par l’espérance de vie qui ne cesse de croitre”.
Claude Barate
*TVA sociale : Il s’agit d’augmenter la TVA de 1 ou2 points sur les produits dans lesquels on trouve prioritairement des produits d’importation. Et ces recettes supplémentaires, au lieu d’être affectées au budget général de l’Etat devrait être affectées aux régimes sociaux.