(Vu sur la Toile)
Entretien dans Le Figaro des patrons de Stellantis et de Renault qui alertent sur l’état du marché européen et sur le poids de la réglementation européenne qui les étouffe : “marché automobile européen en chute depuis cinq ans”, le seul des grands marchés mondiaux qui n’a pas retrouvé son niveau d’avant-COVID : quinze millions de véhicules vendus en Europe en 2024 (dans les vingt-sept États-membres, au Royaume-uni et en Suisse) contre dix-huit millions en 2019
– Luca de Meo : « Entre 2015 et 2030, le *coût d’une Clio aura augmenté de 40 %. Cette augmentation est à 92,5% attribuable à la réglementation* »,
– *Défense de la voiture populaire* pour la France, l’italie, et l’espagne : « leurs populations sont les acheteurs de ces voitures dont les prix ont augmenté, et en sont aussi les producteurs. Et ils pèsent ensemble plus que l’allemagne en termes de production. Il est important que ces pays fassent de la promotion de leur industrie une priorité. »
– *les clients sont perdus dans leur choix de voiture* : « Avant, pour choisir une voiture, c’était simple. Celui qui roulait 25 000 km par an prenait un diesel, celui qui en faisait 10 000 prenait une essence. »
– *Demandent une réglementation différenciée pour les petites voitures*, car il y a trop de règles conçues pour des voitures plus grosses et plus chères. Renault cite l’exemple de la *norme GSR2 qui l’oblige dans les crash-tests, à ce que la R5 réagisse comme une berline haut de gamme dont le capot est trois fois plus long lors d’un choc frontal.*
– exemple des « kei cars » japonaises, petites voitures très rentables qui ont capté 40 % du marché, grâce aux politiques favorables mises en oeuvre par les municipalités.
– *Demande urgente de simplification au niveau européen sur les amendes CO2* « J’ai alerté sur ce sujet début 2024. Nous sommes en mai 2025, et les décisions doivent encore être adoptées! », s’agace Luca de Meo. Il plaide pour un calcul des émissions sur l’ensemble du cycle de vie.
– 1/4 de l’ingénierie est exclusivement consacré à la réglementation. *100 nouvelles réglementations vont s’appliquer d’ici 2030*. Elles renchériront encore le prix des voitures de 40 %.
– 3 principales demandes : que la *réglementation ne concerne que les nouveaux modèles, des règles par “paquets”, plutôt qu’une tous les mois ; et un guichet unique à la Commission* ( il y a 5 directions générales qui s’occupent d’automobile, avec parfois des stratégies contradictoires : une exige la suppression des Pfas, l’autre nous demande des voitures à batterie ).
– Déplorent la moyenne d’âge du parc auto : 12 ans en Europe, mais défendent une offre diversifiée sans miser sur le tout électrique : « Si l’objectif, c’est la réduction globale des émissions de carbone, il faut dire les choses : l’europe a encore du pain sur la planche. Elle a cru, à tort, que la voiture électrique serait à elle seule la solution miracle », affirme Luca de Meo.
– Stellantis et Renault fabriquent la moitié des volumes de petits utilitaires en Europe. Ils plaident pour que les « range extenders », petits moteurs thermiques qui permettent de recharger la batterie et donc de réduire la taille de celle-ci, fassent partie de l’éventail des solutions alors que le couperet du zéro émission en 2035 les exclut.
– Sur 2035 : « Nous, industriels, nous fonctionnons avec des plans à dix ans qu’on revoit régulièrement parce qu’il se passe des tas de choses qui ne sont pas prévues. On ajuste en permanence. On s’adapte. Telle qu’elle est écrite, la directive 2035 induit un marché divisé par deux. Parce qu’il faut être clair, *le marché n’achète pas ce que l’europe veut que nous lui vendions*. Remplacer la totalité des volumes actuels par de l’électrique, dans ces conditions, nous n’y arriverons pas », explique de Meo. « Ce qu’il nous faut, c’est un objectif, de la rapidité de décision, et des certitudes, affirme Elkann. Nous ne demandons pas d’aide, seulement *qu’on nous laisse travailler, innover, et apporter aux gens les véhicules plus propres, mais aussi abordables*, dont ils ont envie et besoin ! ».
– Sur la concurrence chinoise et américaine : « En Chine, aux États-unis et dans les pays émergents, ils construisent des politiques industrielles fortes. En Europe, nous discutons avec des États qui ont malheureusement peu de marge de manoeuvre, et une Commission européenne qui a peu de capacité à faire. » « Tous les pays dans le monde qui ont une industrie automobile s’organisent pour protéger leur marché. Sauf l’Europe»
– 2025, moment charnière : « Le marché chinois va dépasser ceux de l’europe et des États-Unis réunis. *L’europe doit choisir si elle veut encore être une terre d’industrie automobile ou un simple marché*. Dans 5 ans, à ce rythme de déclin, il sera trop tard. Le sort de l’industrie automobile européenne se joue cette année », dit John Elkann. « Le niveau actuel du marché est un désastre, insiste Luca de Meo, il y a là un enjeu stratégique, y compris pour les États pour qui le secteur représente 400 milliards d’euros de rentrées fiscales par an en Europe. » « À ce rythme, si la trajectoire ne change pas, *nous devrons prendre dans les trois ans qui viennent des décisions douloureuses pour l’appareil de production*, explique John Elkann.