(Vu sur la Toile)
Municipales 2026 : Des duels fratricides à gauche dans les grandes villes ?
(Article de Emilie Jehanno • Rédaction journal 20 Minutes)
20 Minutes.- Pour la première fois, La France insoumise présente des listes dans plus de 500 villes aux élections municipales en 2026. Et se lance face à des maires sortants à la tête d’une coalition de gauche, comme à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Des néons aux affiches, le violet, le rouge et le jaune éclatent. A Montreuil, la salle des fêtes est aux couleurs des Insoumis, et les têtes de listes qui se présentent ce 26 novembre espèrent bouter les communistes hors de l’hôtel de Ville lors des municipales de mars 2026. Venus en soutien, Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, et Rima Hassan, eurodéputée et porte-voix de la Palestine, font le lien entre la scène politique nationale et locale.
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Bastion historique de la gauche, qui rassemble entre 60 % et 75 % des voix aux élections, la ville de plus de 100.000 habitants de Seine-Saint-Denis aura sans doute droit à un combat fratricide. Si Patrice Bessac, maire communiste à la tête d’une alliance allant du PS jusqu’à LFI, n’a pas encore officialisé sa candidature, elle paraît probable. Un bilan célébrant les 200 actions du maire pour la justice sociale et climatique a ainsi été distribué dans les boîtes aux lettres des habitants fin août.
« Une candidate LFI, ça fait grincer quelques dents »
Elu dès le premier tour en 2020, c’est une autre campagne qui s’annonce cette fois pour Patrice Bessac. « Une candidate insoumise à la mairie de Montreuil, je ne vous cache pas que ça fait grincer quelques dents, s’amuse à la tribune Sayna Shahryari, 37 ans, cadre dans le social et tête de liste. Ça dérange quelques intérêts bien établis. Le maire installé depuis onze années aurait bien aimé rempiler pour un troisième mandat, sans enjeux sur cette élection, et sans concurrence. »
Alors que LFI avait présenté des listes dans 100 localités en 2020, le parti sera candidat dans plus de 500 communes en 2026, incluant toutes les villes de plus de 100.000 habitants et la plupart de celles de plus de 30 000 habitants. « La France insoumise a radicalement changé de stratégie, analyse Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’université de Lille. Il y a une vraie volonté de faire des villes des outils de transformation sociale sur un programme. » Avec en perspective l’élection présidentielle de 2027.
« LFI a un pouvoir de nuisance »
Contre des élus de gauche, des députés connus vont croiser le fer comme Sophia Chikirou à Paris face au socialiste Emmanuel Grégoire, qui veut succéder à Anne Hidalgo. A Marseille, Sébastien Delogu affrontera le maire sortant Benoît Payan (PS-PCF-EELV). Même scénario à Lyon où l’insoumise Anaïs Belouassa-Cherifi est candidate face à la liste du sortant Grégory Doucet, à la tête d’une coalition PS-PCF-EELV, ou à Montpellier, où Nathalie Oziol fera face à la liste d’union des gauches du sortant Michaël Delafosse. « LFI a un pouvoir de nuisance, mais ce n’est pas sûr qu’ils puissent gagner dans beaucoup de villes, estime Rémi Lefebvre. Ces élections municipales seront très compliquées parce qu’ils ne peuvent pas l’emporter tout seul au deuxième tour, ils vont devoir faire des alliances. »
Comme aux européennes, les actions de solidarité avec la Palestine prennent une place importante dans la campagne. Ovationnée à Montreuil, Rima Hassan a soutenu que la Palestine était devenue « l’épicentre des luttes à gauche », la comparant à la guerre du Vietnam ou la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. « La Palestine a aussi remis les pendules à l’heure et démasqué une gauche qui nous trahit », a-t-elle affirmé. Pour les Insoumis montreuillois, Patrice Bessac a trop tardé à déployer le drapeau palestinien sur la façade de la mairie et « employé du bout des lèvres le terme génocide au bout de vingt mois de guerre », dénonce Sayna Shahryari.
Avec le slogan « Faire mieux pour Montreuil », la candidate et ses trois autres colistiers connus, Sabrina Ali Benali, Cheick Mamadou Sy, et Sylvain Noël s’attaquent au bilan social du maire, « refusant un Montreuil à deux vitesses ». Et dénoncent pêle-mêle : l’expulsion de familles sans domicile d’une école désaffectée fin 2024, des investissements inégaux entre le haut et le bas Montreuil, plus proche de Paris et mieux desservi, etc. Contacté, le maire Patrice Bessac n’a pas souhaité donner suite à nos sollicitations.
Pour les sortants, la carte de la continuité
Avant de venir, Alexandre, adhérent LFI depuis 2012, s’interrogeait sur le bien-fondé de cette candidature face aux communistes. A la fin du meeting, il en ressort convaincu. « Ils sont en droit de le faire, estime ce communicant âgé de 38 ans. En 2012, on n’imaginait pas ce parti présenté des candidats aux municipales, y compris face à la gauche. Là , on le voit, ça donne beaucoup d’espoir. » Le programme, qui n’est pas encore abouti, sera dévoilé le 13 décembre.
Face aux listes LFI, les maires sortants à la tête d’une alliance de gauche auront tout intérêt à « jouer la carte de la continuité, en cherchant à apparaître comme les candidats du rassemblement, qui ne veulent pas diviser plus une gauche déjà faible, et à mettre en avant leur bon bilan », souligne le politologue Rémi Lefebvre. S’il a lieu, ce ne serait pas le premier duel fratricide entre gauches à Montreuil.
Aux législatives de juin 2024, Sabrina Ali Benali s’était présentée contre Alexis Corbière, bras droit depuis trente ans de Jean-Luc Mélenchon, qui n’avait pas obtenu le renouvellement de son investiture. Le dissident LFI l’a emporté dans cette circonscription comprenant Montreuil et Bagnolet avec une avance de près de quinze points. Malgré cette défaite, Sayna Shahryari croit en ses chances de victoire. En juin 2024 lors du premier meeting du Nouveau Front Populaire sur la place Jean-Jaurès, à côté de cette même mairie, François Ruffin, autre banni de LFI, soutenait qu’à Montreuil chaque élection était une primaire de la gauche. Réponse en mars.
(Source : 20 Minutes)

