(Vu sur la Toile)

 

Rémunérations dans les raffineries : au tour de la CGT d’intoxiquer
(Emma Donada РR̩daction journal Lib̩ration)

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Libération.- Près de 5 000 euros brut par mois ou même pas le salaire minimum ? Depuis quelques jours, la bataille des chiffres sur les rémunérations chez TotalEnergies accompagne le conflit dans les raffineries. Après les déclarations (trompeuses), mercredi, du chef des communistes, Fabien Roussel, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a remis une pièce dans la machine le lendemain sur BFMTV. « Dans la branche pétrochimie, les deux, trois premiers coefficients démarrent en dessous du smic. Ça, c’est la réalité. Il y a six coefficients en dessous de 2000 euros, donc dire […] que, chez Total, un ouvrier gagne 5 000 euros, c’est un mensonge », a affirmé le leader syndical.

Dans la journée, la confédération a publié un communiqué pour « rétabli[r] la vérité» sur les «salaires dans les industries pétrolières ». « L’accord salarial du 3 octobre 2022 dans la branche Pétrole (que la CGT n’a pas signé) donne la réalité des salaires. Ainsi, comme beaucoup d’autres grilles dans de nombreux champs professionnels, les premiers coefficients (130 à 200) sont inférieurs au smic et nécessitent le versement d’une prime, voire plusieurs primes pour l’atteindre. Un opérateur de raffinerie (coefficient entre 170 et 215) commence donc au SMIC ! Nous sommes loin des 5 000 euros annoncés par la direction de Total ! » peut-on lire.
Pour rappel, en réaction au mouvement de grève, la direction de Total Énergies avait communiqué, dimanche, la rémunération moyenne d’une partie des salariés du groupe. « La rémunération mensuelle moyenne d’un opérateur de raffinerie de Total Énergies en France en 2022 est de 5 000 euros brut par mois, intéressement participation compris [4 300 euros par mois hors intéressement] », pouvait-on lire. Or comme l’expliquait CheckNews dans une réponse précédente, cette moyenne mélange, en réalité, des postes de responsables et de non responsables, et donc des paies très variées.

 

Les coefficients évoqués par la CGT, dans son communiqué, renvoient, eux, au barème des salaires minimum, défini au 1er janvier 2022 pour la convention de l’industrie du pétrole. Il ne s’agit donc pas du montant réel de la rémunération d’un opérateur chez Total.

Surtout, et contrairement à ce qu’affirme la confédération, seul le salaire minimum correspondant au premier coefficient de la grille (140) est en dessous du SMIC. Et dans le cas où un coefficient prévu par une convention collective est en dessous du SMIC, et sans accord d’entreprise plus favorable, le salaire pour ce poste est aligné sur le SMIC.

Contactée, l’Union française des industries pétrolières (UFIP) indique que l’accord, signé le 3 octobre par la CFE-CGC et la CFDT, prévoit une revalorisation de 4 % des minimas conventionnels à partir du 1er janvier 2023. Par ailleurs, « le coefficient 140 est quasiment inexistant dans la branche », selon l’UFIP. Le minima conventionnel (hors primes) d’un opérateur extérieur de raffinerie est situé entre l’indice 185 et 250, soit, en brut, entre 1 958 euros et 2 456 euros, selon le barème en vigueur au 1er janvier pour la convention collective nationale de l’industrie du pétrole.

A noter que lors de son passage sur BFMTV, Philippe Martinez a évoqué la « branche pétrochimie ». Or ce terme ne renvoie à aucune convention précise. « Il y a la branche chimie et la branche pétrole. Elles partagent les mêmes délégués syndicaux CGT mais ont des dispositifs conventionnels différents. Les raffineries appliquent la convention de la branche pétrole », explique ainsi France Chimie, qui rassemble les industriels du secteur.

Dans la branche de la chimie, les trois premiers coefficients de la grille sont effectivement en dessous du smic depuis l’augmentation de ce dernier, le 1er août. Mais cette convention ne concerne pas, comme évoqué plus haut, les opérateurs de raffinerie. Par ailleurs, tous les minima ont été relevés après signature d’un accord avec la CFDT, majoritaire. « Les trois premiers coefficients sont au-dessus du SMIC rétroactivement à partir du 1er octobre », explique Laure Lamoureux, secrétaire fédérale FCE-CFDT.