La remise des certificats pour la classe de Magaly Canton.
Avant-hier, jeudi 12 juin 2025, l’équipe de bénévoles du Souvenir Français en charge du déploiement du Jeu d’évasion sur le thème des « Chemins de la Liberté » intervenait au Boulou où ils ont été accueillis par Pierre Régnier, le directeur de l’école élémentaire actuellement transférée dans des préfabriqués pendant la durée des travaux sur les bâtiments du groupe scolaire
Alexandre Coquet et Helii Ruiz animent leur atelier.
Pour la première fois depuis sa mise en œuvre, deux jeunes porte-drapeaux de la section Pierre Bayle, et membres du comité du Boulou, sous la conduite du général Gilles Glin, délégué départemental du Souvenir Français, ont animé un des cinq parcours proposés aux élèves de deux classes de CM1 – CM2 des professeurs Alexis Pourriau, le matin, et Magaly Canton, l’après-midi. Notons la présence de parents d’élèves, le matin et l’après-midi, aux côtés des enseignants !
A travers l’animation de leur atelier, nos deux jeunes, Alexandre Coquet et Helii Ruiz, ont lancé un défi aux élèves afin qu’ils découvrent quelques éléments de la seconde guerre mondiale, notamment l’importance des mouvements locaux de passeurs-résistants.
Leur atelier est des plus riches car les énigmes à résoudre ont trait aux signataires de l’armistice, au rôle de Pierre Dac aux côtés du général de Gaulle, à radio Londres avec son émission « les Français parlent aux Français », à la naissance de la LICRA avec Jean-Pierre Bloch, au rôle du maire de Banyuls-sur-Mer, Vincent Azéma, et enfin, à la mort tragique de Walter Benjamin, philosophe juif allemand qui préférera choisir sa mort que subir celle que lui réservaient les nazis.
L’équipe du Jeu d’évasion était constituée du général Jean-Philippe Lasvenes, responsable des relations extérieures de la DG66, de Josiane Manson présidente du comité du Boulou, de Philippe Campion du comité de Perpignan et Anne Lise Moreaux du comité du Boulou. L’après-midi, Jacques Jourda, délégué général adjoint du secteur (une quinzaine de comités dont celui du Boulou) est venu renforcer l’équipe.
Chaque session s’est terminée par la remise du certificat de Passeur de la Mémoire à chaque élève !
Prochaine étape, les écoles de Terrats et Fourques, le lundi 16 juin…
La restitution du groupe d’Alexandre Coquet.
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Notes sur le contexte historique du kit pédagogique
Après l’offensive allemande de Mai 1940 et la division de la France en deux parties, une zone occupée au Nord et une zone libre au Sud, beaucoup de civils et de militaires, fuyant un monde fait de persécutions, d’emprisonnement et d’exécutions indissociables de la barbarie nazie, se réfugièrent dès qu’ils le purent dans cette zone libre, synonyme d’espoir.
Parmi les militaires figuraient des prisonniers évadés, des volontaires récemment engagés, des enfants de troupe, des pilotes abattus, tous animés du même désir de rejoindre les forces alliées pour pouvoir continuer le combat, ainsi que de nombreux civils victimes de discriminations de tous ordres : étrangers poursuivis, réfractaires en péril, juifs traqués, résistants démasqués ou dénoncés.
Leur dénominateur commun était le besoin vital de quitter la France occupée et de gagner l’Espagne en traversant les Pyrénées pour poursuivre la lutte contre l’occupant.
Au tout début de l’occupation, les Pyrénées Orientales, partie intégrante de la zone libre, furent moins surveillées. Mais dès le 11 Novembre 1942, date d’entrée des Allemands en zone non occupée, conséquemment au débarquement allié en Afrique du Nord le 8 du même mois, l’étau nazi se resserra, la surveillance s’accrut notablement, des gardes-frontières en majorité autrichiens furent dépêchés en nombre tout au long de la chaîne pyrénéennes, les patrouilles s’intensifièrent en montagne ; il y fut même créé une zone interdite de 20 kilomètres à l’intérieur de laquelle l’on ne pouvait circuler sans laisser-passer.
Pour pallier l’improvisation des premiers passages, il était devenu vital de se fondre au sein d’organisations plus structurées, plus méthodiques, et surtout plus secrètes : ainsi, de véritables filières virent le jour dont le but principal et commun consistait à faire passer non seulement des hommes mais aussi des renseignements et des documents…
A partir de février 1943, suite à l’instauration du STO (Service du Travail Obligatoire) qui obligeait les jeunes gens à partir travailler dans les divers territoires du Reich, se déclencha une vague de “réfractaires”, qui, pour se soustraire à cette injonction, décidèrent de rejoindre le maquis ou de passer en Espagne. Devant cet exode massif de main-d’Å“uvre bon marché, tout en étant confrontée de surcroît à un nombre croissant et de plus en plus préoccupant de militaires qui s’évadaient, la répression nazie s’étoffa considérablement, les arrestations se multiplièrent, les filières furent encore plus ardemment pourchassées, les passeurs traqués sans relâche,
Les passeurs des Pyrénées-Orientales, hommes, femmes, employés de sanatorium, douaniers, gendarmes, curés, etc. payèrent un lourd tribut d’exécutions et de déportations. La connaissance parfaite du terrain, autant que des habitudes de leurs poursuivants, leur permirent toutefois de déjouer fréquemment les pièges tendus.
Le maréchal Leclerc de Hautecloque, et sa famille, a bénéficié de ces réseaux ; son engagement futur dans la libération de la France, ne fut possible que grâce aux passeurs des réseaux de résistance de notre département.
Cette manne historique, exploitée par Jean Pierre Bobo et nos historiens bénévoles locaux, riche en témoignages, en traces morales et matérielles mérite d’être mise en valeur et exploitée vers les jeunes. Cela pour rester un maillon important de cette période de notre histoire départementale, et édifier les jeunes scolaires sur les choix faits par ces hommes et ces femmes pour que d’autres puissent, par les armes, continuer la lutte contre l’occupant.
Il faut souligner l’importance du rôle joué par la ville de Perpignan comme “Centre de réception, dotation de faux papier, centre logistique et d’aiguillage des candidats au passage vers l’Espagne”. L’ouvrage d’Henri Jonca, de la section Histoire et Arts Militaires du Souvenir Français, « Les chemins de la Liberté commencent à Vichy » décrit les organisations en place et les lieux de résistance à Perpignan.
Au même titre que les chemins empruntés par les passeurs ont été balisés/documentés sur sites en 2013 à la frontière, les lieux de résistance du réseau Perpignanais de Jacques de Lazerme ont été balisés.