Même maladie, diagnostics opposés : à quand une expertise indépendante sur le littoral roussillonnais ?
Comme on dit souvent, tout individu a peut-être son sosie… Et très surprenant : la plage du Racou, au sud de la commune d’Argelès-sur-Mer, semble avoir trouvé le sien, à plus de 9 000 kilomètres, sur l’île de La Réunion, avec la plage des Roches noires à Saint-Gilles. Deux plages qui partagent un même destin : une érosion marquée et persistante de leur linéaire sableux.
Mais ce qui étonne davantage, c’est le diagnostic.
À La Réunion, les experts de l’Observatoire du Littoral, dont le BRGM, sont clairs et sans ambiguïté : la digue du port de Saint-Gilles est identifiée comme la cause principale de la rupture du transit sédimentaire, avec accumulation de sable en amont et érosion en aval, une dynamique littorale bien connue.
À Argelès-sur-Mer, pour une situation quasi identique, les conclusions de l’Observatoire de la Côte Catalane (OBSCAT) vont dans une direction tout à fait différente : la digue du port ne serait pas responsable principale de l’érosion du Racou.
Comment expliquer qu’un même phénomène naturel engendre deux diagnostics contradictoires ? Pourquoi, parmi d’autres exemples troublants, l’OBSCAT catalan persiste-t-il à inverser le sens de la dérive littorale à Argelès, en dépit du consensus scientifique établi et des conclusions des expertises judiciaires ? Faut-il y voir une tentative d’exonérer le port de toute responsabilité dans l’érosion de la plage ?
La question de l’indépendance de l’OBSCAT mérite d’être posée. Rappelons que cet organisme est partiellement financé par les collectivités locales, notamment par la commune d’Argelès-sur-Mer, actuellement en contentieux devant le tribunal administratif de Montpellier avec l’Association pour la Sauvegarde du Racou. Ce contexte soulève une légitime inquiétude quant à la neutralité de ses rapports sur le littoral.
Face à ces incohérences manifestes, l’Association pour la Sauvegarde du Racou, l’Association de Défense des Résidents et l’Environnement d’Argelès (l’ADREA), Argelès Nature environnement appellent à une confrontation de l’Observatoire du Littoral Réunionnais et de l’OBSCAT sur leurs conclusions divergentes sur deux plages qui partagent leur même destin.
Bernard Olivier, président d’ADREA (Association de Défense des Résidents et de l’Environnement d’Argelès-sur-Mer)