(Vu sur la Toile)
Carole Delga renonce à Toulouse et vise l’Élysée
(Article de De notre correspondant à Montpellier, Henri Frasque • Rédaction magazine Le Point)
Le Point.- « Je réfléchis », lâchait Carole Delga, fin janvier, quand on l’interrogeait sur son éventuelle candidature à la mairie de Toulouse en 2026. Cette fois, c’est tout réfléchi : la présidente de la région Occitanie renonce officiellement à briguer le fauteuil du divers droite (ex-LR) Jean-Luc Moudenc.
Dans un entretien à La Dépêche du Midi, paru ce mercredi, l’élue socialiste met fin au suspense : après avoir été « énormément sollicitée par des citoyens, des militants, des chefs d’entreprise, des acteurs associatifs qui [l]’interpellaient sur l’avenir de Toulouse », sa ville natale, elle décide, finalement, de ne pas se lancer dans la course à la mairie.
–« Le contexte actuel m’amène à concentrer mon action ailleurs. J’ai choisi la région et de continuer à travailler pour le national pour deux raisons », explique Carole Delga au Point. « La première, c’est qu’on a obtenu un certain nombre d’avancées, que ce soit à la région ou au titre de Régions de France [l’association qu’elle préside depuis 2021]. Il y a deux ans et demi, j’étais assez isolée sur ma position d’une affirmation et d’une clarification du Parti socialiste. Et la seconde, c’est que, dans une instabilité politique nationale, ce n’est pas le meilleur moment pour faire des passages de témoin. »
À Toulouse, l’équipe du maire sortant respire. Quant au député de La France insoumise François Piquemal, candidat à la mairie et adversaire déclaré d’une candidature Delga, il hausse les épaules : « Sa candidature était peu crédible. Elle était faite pour bénéficier d’une exposition médiatique à des fins présidentielles. »
Un site pour « élaborer une plateforme d’idées »
La présidentielle ? Officiellement, la présidente de la région fait partie d’un « collectif », celui de la gauche sociale-démocrate, antithèse de LFI, revigorée par le score de Raphaël Glucksmann aux dernières élections européennes, mais qui ne manque pas de candidats pour l’incarner en 2027, entre le président de Place publique, le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane ou l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve. Ou Carole Delga ? Officiellement, c’est toujours au nom de ce « collectif » que la présidente de la région Occitanie lance sa propre plateforme, caroledelga.fr, et sa propre chaîne WhatsApp : « L’objectif, c’est d’élaborer une plateforme d’idées et de propositions pour la gauche européenne et laïque », assure Carole Delga. « On est un collectif, une équipe », insiste l’élue, dont le nouveau site éponyme « ne parle pas que des actions de la région Occitanie ».
De fait, on y vante aussi la gratuité des transports à Montpellier ou l’économie circulaire à Grenoble. Carole Delga annonce une prochaine tribune de Bernard Cazeneuve, et un article sur la sécurité à Saint-Ouen, la ville de Karim Bouamrane. « Avec Raphaël Glucksmann, également, on va avoir un travail en commun sur le rapport de force entre l’Europe et les États-Unis. » Mais le site n’oublie pas de mettre largement en valeur la personne et l’action de Carole Delga, ses origines modestes, son combat pour « aider les gens » ?
Un coordinateur national et bientôt un programme
Derrière le site, une association créée en juin 2023, La République en commun. Ce « parti à audience nationale », comme le précisent ses statuts, a succédé à L’Occitanie en commun, la précédente structure politique de Carole Delga, et organise chaque année depuis 2022 des Rencontres de la gauche, à Bram, dans l’Aude, où le gratin de la gauche sociale-démocrate vient chaque année débattre et partager un cassoulet. Cette structure vient de se doter d’un coordinateur national, Nathan Ortega, un jeune diplômé de Sciences Po Bordeaux. Et elle prévoit de dévoiler à l’automne prochain, aux prochaines Rencontres de Bram, une plateforme programmatique qui balaiera tous les sujets nationaux et internationaux.
« La réflexion sera nourrie par de nombreux élus avec qui elle travaille », confie Kamel Chibli, vice-président de la région Occitanie, patron du PS de l’Ariège. Ce proche de Carole Delga annonce « une tournée à la rencontre des territoires pour prendre en considération les problématiques de chacun d’eux et essayer de trouver des solutions ». Objectif : « tisser une toile d’araignée » dans cette « République des territoires » que Carole Delga entend incarner.
Son allié l’assure : « La démarche est claire et assumée. » Cependant, il insiste : si elle part « sur un chemin national », ce n’est pas pour son « destin personnel » ni « dans une démarche d’écurie présidentielle », mais au service d’un « collectif » : « Carole Delga toute seule, ça n’existe pas ! Mais, à un moment, il faudra choisir une personnalité. » Quant à la désignation du prochain premier secrétaire du PS, Carole Delga dit qu’elle y prendra « toute [s]a part » pour faire triompher « une ligne idéologique claire qui n’ait aucune compromission avec le repli communautaire qui peut être prôné par certains élus d’extrême gauche ». En clair : sans Olivier Faure.
(Source : Le Point)