“Restauration morphologique et écologique du cours aval du Tanyari : un projet pilote et exemplaire en région méditerranéenne…

-Dans son communiqué de presse daté du 30 décembre 2023, publié sur Ouillade.eu, l’association FRENE66 présente le secteur aval du Tanyari avant sa confluence avec le Tech comme un havre de biodiversité, ce qui relève d’un diagnostic écologique largement erroné et utilise des photographies trompeuses.

En effet, tout ce qui est “vert” ne constitue pas une biodiversité remarquable loin de là.

Ainsi, si le cours d’eau du Tanyari a été retenu dans le cadre d’un appel à projets national sur le thématique de la GEMAPI (GEstion des Milieux Aquatiques et Protection contre les Inondations), c’est bien que ses caractéristiques physiques et écologiques ne sont pas si remarquables que cela.

Premier point : le Tanyari, avant restauration, était bordé d’un corridor de cannes de Provence, plante invasive dont le caractère monospécifique du peuplement constitue une atteinte à la biodiversité attendue sur un cours d’eau écologiquement fonctionnel. La pauvreté de la biodiversité sur ce cours d’eau a encore été accentuée par une artificialisation par les activités humaines au fil des ans notamment du fait de curages intempestifs et de dépôts de gravats, rebus agricoles et autres déchets en berge… faisait du Tanyari un milieu où seules les plantes envahissantes prospéraient (canne de Provence, renouée du Japon, robinier, ailante glanduleux, raisin d’Amérique ou jussie). On ne peut dès lors parler décemment d’une biodiversité remarquable.

Second point : le Tanyari est à l’origine d’inondations importantes pour la commune de Palau-del-Vidre. Le projet comportant un élargissement de près de vingt mètres du lit du cours d’eau permettra des débits transitants plus importants, et diminuera donc les débordements jusqu’à la crue trentennale, sur les secteurs urbanisés (les travaux sans incidence sur le Plan de Prévention du Risque Inondations [PPRi] en place ne modifieront donc pas les possibilités de construction contrairement à ce qui est sous entendu dans le communiqué de FRENE66. Et je reste persuadé que c’est une avancée importante pour la population de ce village.

Enfin : si les travaux en cours sur le Tanyari sont effectivement impressionnants, notamment en phase chantier, du fait notamment du remodelage du lit qui nécessite d’importants mouvements de terres, l’ambition du projet comporte bien un double objectif pas toujours facile à concilier, mais que le Syndicat du Tech et la commune de Palau-del-Vidre ont porté à bout de bras depuis près de quinze ans : restaurer un cours d’eau dégradé tout en permettant une diminution du risque d’inondation pour les populations riveraines.

En ce qui me concernent, je fais partie des élus qui prennent leurs responsabilités que cela soit au sein de la communauté des communes du Vallespir, du SCOT littoral sud sur vingt-cinq communes ou encore au sein de l’association des maire.

Je soutiens totalement le zéro artificialisation nette ou encore l’impérieuse nécessité de faire une pose dans l’urbanisation et de prendre conscience de la situation de la ressource en eau plus qu’alarmante de notre département, sans parler de mes positions plus que claires tant contre le golf de Saint-Jean-Pla-de-Corts ou encore le pont de Céret.

Je rappelle aussi que depuis 2013, au sein du Syndicat du Tech et de son comité regroupant quarante-deux communes, nous militons avec nos moyens et avons mis en place un SAGE et un PGRE (plan de gestion de la ressource en eau qui a permis la réduction des prélèvements de l’ordre de 19.5 millions de m3 par an ) qui portent leurs fruits…

Même si cela n’est pas encore suffisant aujourd’hui, nous militons également pour faire reconnaitre l’utilité des zones humides et leur restauration ou encore engageons chaque année près de 600 000€ d’investissement pour restaurer les cours d’eau sur le bassin versant du Tech, et nous le faisons sans relâche au milieu des contraintes et complexités administratives auxquelles nous nous confrontons sans incantations et grandes déclarations, mais avec réalisme et pragmatisme.

Comme pour tout projet, il y a et il y aura des détracteurs mais présenter le secteur aval du Tanyari avant travaux comme un hot spot de biodiversité relève de la malhonnêteté intellectuelle ou de la recherche du buzz médiatique.

Pour rassurer l’association FRENE66, avec qui je reste persuadé que nous partageons beaucoup d’objectifs et en savoir plus, ci-dessous une liste non exhaustive des points d’amélioration du fonctionnement écologique du cours d’eau :

• La suppression de la chenalisation de ce cours d’eau et la création d’un véritable milieu fonctionnel, bordé par une vraie ripisylve. Actuellement celui-ci est bordé de part et d’autre pour l’essentiel de massifs denses de canne de Provence, la végétation des berges reste très peu diversifiée et sans grand intérêt pour la faune.

• La création d’un lit moyen, permettant une diversification des habitats écologiques et donc de la faune et de la flore.

• Le rétablissement de la continuité écologique le long du cours d’eau par la suppression des seuils infranchissables pour les poissons :
→ le seuil du gué aval, qui représente une chute d’eau de plus d’un mètre. Ce seuil est actuellement infranchissable pour les poissons dont deux espèces piscicoles à enjeu identifiées sur ce cours d’eau :
le barbeau méridional (espèce cible de ce projet de restauration écologique) et l’anguille.
→ Le seuil situé sous le pont de la route d’Ortaffa.

• La création d’une ripisylve avec les différentes strates végétales bordant habituellement les cours d’eau méditerranéens : végétation hélophyte, massifs d’arbustes souples (osier, petits saules) en bordure du lit mineur, arbustes et petits arbres (aulnes glutineux, saules, noisetiers…) sur le lit moyen et arbres (frêne, chêne blanc, peuplier blanc…) sur le haut du lit moyen.

• La diversification des habitats terrestres le long du cours d’eau, offrant des niches écologiques variées pour la faune.

• La diversification des habitats aquatiques, avec une alternance des plats courants, de profonds, de méandres, plats lentiques et une divagation du lit mineur dans l’espace de mobilité qui sera créé. La création de profonds dans les méandres, où des caches à poissons seront aménagées, favorisera le maintien de ceux-ci en période d’étiage.

• La création d’un véritable lit d’étiage, favorable au maintien de la vie piscicole en période d’étiage.

• La création d’annexes alluviales (portions de bras morts, dépressions…) sur les secteurs de méandres.

Ces habitats seront favorables à une indéniable diversification de la faune et de la flore associée au cours d’eau”.

 

Alexandre Puignau
Président du Syndicat du Tech,
Président de la Commission Locale de l’Eau du territoire Tech Albères.

 

*Contact Syndicat du Tech : pour tous ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur ce projet les services du Syndicat du Tech pourront fournir plus d’éléments si nécessaire (tél. 04 68 87 08 78 ou contact@syndicatdutech.fr)