(Communiqué)
Lettre ouverte de Suzy Simon-Nicaise, présidente nationale du Cercle algérianiste
à Jean Vila* et au porte-parole de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH)*

 

-“A Monsieur Jean Vila** du Parti Communiste Français ;
La lecture de vos déclarations dans le journal local ce matin* qui font suite à l’annonce du maire de Perpignan d’inaugurer une esplanade au nom de Pierre Sergent, nous laisse à penser que vous avez pour le moins la mémoire qui flanche ! A moins qu’il s’agisse là que d’une énième déclaration de haine et de mépris, ce en quoi vous excellez depuis toujours particulièrement à l’adresse de vos concitoyens Français d’Algérie.
« J’étais à Oran le 5 juillet 1962, ceux qui nous tiraient dessus c’était l’OAS ». C’est ce que vous affirmez Monsieur Vila.
Aujourd’hui, les historiens, Français ou autres, sont désormais certains des conditions dans lesquelles les commandos de l’OAS ont évacué la ville d’Oran.
La décision de leur repli en bon ordre a été prise à la mi-juin 1962. La logistique d’une telle retraite a été confiée au capitaine Souètre, au docteur Jude et à JP Santini. Les départs se sont échelonnés entre le 22 et le 28 juin. Les deux derniers responsables de l’opération, leur mission accomplie, ont appareillé le 2 juillet à bord du « Ville d’Oran » sous couvert de la Croix Rouge française.
Le massacre et la disparition de plusieurs milliers de français ne saurait donc être imputable à une provocation de l’OAS. Aujourd’hui des historiens algériens évoquent une manipulation voulue par des responsables du FLN, destinée à évincer les membres du GPRA les plus modérés et à rendre inapplicables les textes d’Evian qui d’ailleurs en 2022 n’ont toujours pas été ratifiés par un gouvernement algérien.
Le 5 juillet 1962, les 18 000 militaires de l’armée française qui cantonnaient dans la ville, restèrent impavides, l’arme au pied, pendant que leurs concitoyens étaient assassinés ou enlevés. Seuls quelques officiers comme le musulman Rabah Kheliff, désobéissant aux ordres donnés par le général Katz, secoururent des civils menacés. Si l’on vous en croit Monsieur Vila, vous n’avez participé à aucun de ces sauvetages et c’est regrettable pour l’humaniste et le citoyen engagé que vous êtes !

 

-A monsieur le représentant de Ligue des Droits de l’Homme (LDH) ;
Concernant la dénonciation par la Ligue des droits de l’Homme, d’une politique mémorielle sélective, il est étonnant qu’elle ne dénonce pas les massacres évoqués plus haut. Peut-être son porte-parole ignore-t-il par ailleurs la naissance tardive de l’OAS en février 1961. A cette date, les bombes, grenades du FLN avaient déjà fait des milliers de victimes civiles et les assassinats commis en son nom avaient frappé dix fois plus de musulmans que d’européens. Evoquer le crime contre l’humanité commis par la colonisation lui interdirait-il de dénoncer celui commis par le FLN contre les 70 000 français musulmans livrés à sa vindicte au lendemain du cessez-le-feu ?
A moins qu’une idéologie trop prégnante interdise…”.

 

Suzy Simon-Nicaise

 

*Communiqués et déclarations parus ce samedi 24 septembre dans le journal L’Indépendant (édition de Perpignan)

**Jean Vila (PCF), ancien député-maire de Cabestany, ex conseiller général des P-O.