L’annonce, hier, du déménagement de Céret à Perpignan du festival “Les Déferlantes Sud de France”, n’en finit pas de faire couler de l’encre en alimentant une vive polémique, notamment sur les réseaux sociaux : “Avec le Pass 4 jours Déferlantes, on t’offre ta carte d’adhésion au RN. On dit quoi ? Merci p’tit David*”, ironise un abonné au dit festival. Un autre : “Mort de rire ! Le bilan du grand Coste**… Il ne manquerait plus que Cap d’Ona*** ne vienne plus à Céret… Hahaha !”

 

Décidément, la sous-préfecture vallespirienne, Céret, a du mal à retenir in situ les manifestations événementielles… il ne manquerait plus que dans un proche avenir on interdise la corrida en France, ou qu’il y ait une pénurie de selles la veille du départ d’une édition du Tour de France cycliste programmée pour faire étape à Céret.

Passons au passage sur l’humiliation subit par le maire de Céret par ce déménagement soudain (et toujours inexplicable). Après tout, nous l’avions prévenu en son temps, c’était à peu près à cette époque? il y a un an. La rédaction de ouillade.eu avait même été la seule, de tous les médias qui irriguent le Roussillon, des Pyrénées catalanes à la Méditerranée, à avertir, prévenir, le maire de Céret, qu’il commett(r)ait là une regrettable erreur en pensant déshabiller Argelès-sur-Mer, où se tenait jusqu’en 2021 Les Déferlantes Sud de France, pour (r)habiller sa commune.

Bilan donc : le festival n’aura fait qu’une seule édition, celle de l’année dernière, au pays de la cerise primeur. Le maire de Céret peut aujourd’hui s’en étonner, s’en offusquer, s’en indigner, c’était pourtant écrit.

Poursuivons avec l’ancien président de l’Université Perpignan Via Domitia (UPVD), Fabrice Lorente, devenu factotum des Bacchus depuis le château de Valmy et imprésario des Déferlantes Sud de France, ès-qualité de co-directeur de La Frontera Productions qui gère les dits festival précédemment cités. Fabrice Lorente, ce samedi matin dans les colonnes du journal L’Indépendant, déclare brillamment comme à son habitude : “On aurait pu partir des P-O”

Mais pour aller où, diantre ?! Rappelons qu’autrefois le festival Les Méditerranéennes (Azimuth Production) – certes c’était il y a plus de vingt ans – qui se déroulait à Céret, était déjà parti dans le département voisin de l’Aude, sur le territoire de la commune de Leucate plus précisément. Pour une seule et unique édition.

Puis : changement de nom, d’organisation, de promoteurs de spectacles, de cap… Les Déferlantes débarquent sur les hauteurs de la commune d’Argelès-sur-Mer, au milieu d’un vignoble de renom, dans un spectaculaire panorama offrant un balcon inestimable sur la Grande Bleue, Valmy. Les porteurs de valises – c’est une image, car Valmy c’est aussi un hôtel – sont désormais les fondateurs de La Frontera Productions.

On connaît la suite, la nouvelle équipe municipale d’Argelès-sur-Mer, autour de son maire Antoine Parra, ne voit plus d’un bon oeil les dates retenues sur le calendrier pour la mise en place des Déferlantes Sud de France, au commencement de la haute saison estivale (début juillet)… Circulation, stationnement, anarchie totale dans les déplacements intra-muros et les mobilités au point de bloquer pendant quatre jours l’activité de nombreux commerces (restaurants notamment), etc.-etc.

Bref, le festival des Déferlantes met le cap sur Céret. Et ce, malgré les nombreux avertissements lancés concernant les transports et la sécurité (routière et publique) pour accéder au site d’Aubiry. Encore un château. Une belle mise en scène, mais la folie des grandeurs ne durera qu’un temps, celui d’une seule et unique édition, 2022. Les Déferlantes sont allées se réfugier sur le bitume du parc des Expositions de Perpignan… A voir la Une du quotidien local de ce samedi 7 janvier 2023, un vaste parking d’hypermarché, il ne manque plus que les chariots et le bal des promotions. Triste fin pour un festival ?

Sans vouloir remettre en cause un seul instant le talent des fondateurs des Déferlantes, reconnaissons que le maire du Barcarès, Alain Ferrand, a eu raison avant tout le monde. Du début à la fin.

Créateur (avec son ex-épouse Joëlle Iglésias-Ferrand) de l’Electrobeach (EMF) – le seul festival qui porte haut et loin les couleurs de notre département à l’extérieur des frontières européennes, quoi qu’on en dise et quoi qu’on en pense -, “comme dans tous métiers, dans toutes professions, on ne s’improvise pas organisateur de spectacle ! Il ne suffit pas d’ouvrir une scène et un micro. Il faut sentir le territoire et s’y interesser, aimer le public et s’en imprégner, mettre le pied à l’étrier de la nouvelle génération musicale… C’est un peu de tout ça la recette du succès, mais ce n’est pas que ça”, déclarait-il il y a fort longtemps.

Lui, le grand professionnel de la “night” nord-catalane, a été le premier à avoir compris le défi culturel des musiques électroniques. Il a eu Le flair, Alain Ferrand. Avant-gardiste. Car aujourd’hui les musiques électroniques sont une des tendances artistiques les plus fortes de notre époque.

Cela n’a pas empêché qu’il soit raillé, moqué, caricaturé, par des bobos locaux à deux balles ; il a reçu tous les coups, il a été la cible de nombreuses (et totalement infondées) critiques, à tel point que les collectivités territoriales (de gauche) ont tenté de l’isoler, lui ont tourné le dos, en lui retirant leur soutien financier… Cela ne l’a nullement gêné. Bien au contraire.

Car c’est dans des moments de solitude qu’Alain Ferrand sait le mieux rebondir, dompter la tramontane, capable de tous les succès en distillant de la bonne humeur en tubes, avec des choeurs de rossignols funky entraînants, rythmés par des disc-jockeys déversant mille sons synthétiques, depuis des platines ancrées sur le pont du Lydia..

 

L.M.

*David Garcia, fondateur de La Frontera Productions.

**Michel Coste, maire de Céret.

***Le brasseur Cap d’Ona nous a confirmé son déménagement d’Argelès-sur-Mer à Céret ; “toujours d’actualité”.