Le Conseil Départemental va voter le renouvellement de la concession du port de Port-Vendres, ce jeudi 5 octobre. Le texte, qui propose d’attribuer la concession du port à une société privée contrôlée par une multinationale fruitière, constitue un scandale économique, environnemental et social. Nous demandons aux conseillers de voter “Non”. Voici pourquoi.

 

La Compagnie Fruitière sera l’unique bénéficiaire de ce projet

Cette multinationale est l’unique client du port de commerce, qu’elle utilise pour importer des fruits d’Afrique et les stocker dans des entrepôts.

Le nouveau contrat de concession revient donc à privatiser le port et à en confier la gestion à son principal client. C’est un très beau cadeau offert à cette société. Les bénéfices du concessionnaire vont considérablement augmenter, pour un niveau d’investissement modeste. Sur les vingt-trois millions d’investissements prévus dans le contrat de concession, seuls neuf millions seront versés par le concessionnaire. Ils seront principalement destinés au port de commerce.

Pourtant, le projet ne prévoit pas d’ouverture de nouvelle ligne, mais seulement une augmentation du trafic sur le Maroc. Rien n’est prévu pour la pêche, sauf le remplacement de la criée par un ‘village de pêche’ devant abriter des entreprises, mais dont on n’a précisé ni le nom, ni l’activité.

Les revenus de la plaisance augmenteront grâce à une hausse importante des abonnements des emplacement, justifiée par une ‘smartisation’ du port – c’est-à-dire l’installation du Wifi ! En fait, la rentabilité supplémentaire viendra de l’activité de stockage des fruits, ce qui nécessitera la construction de vastes entrepôts le long du 3e quai, et n’aura qu’un impact minime sur l’emploi.

 

Le Département investira beaucoup et recevra peu

Le projet prévoit que le Conseil Départemental offrira quatorze millions d’euros de subventions pour financer les investissements. Ils s’ajoutent aux vingt-sept millions prévus pour le 3e quai, mais dont la facture finale dépassera surement ce montant. Au total, le Conseil Départemental mettra environ quarante-cinq millions de sa poche. C’est beaucoup. Le Conseil Départemental recevra des redevances annuelles versées par le concessionnaire s’élevant à 140 000 euros les premières années. C’est peu au regard des investissements réalisés.

Pire, la caution solidaire mise en place signifie que la Compagnie Fruitière pourra se désengager du projet à tout moment moyennant une indemnisation de 400 000 euros pour le Conseil Départemental, ce qui représente seulement deux années d’exploitation. Ceci constitue un risque important.

Les port-vendrais seront les dindons de la farce.

Ils verront leur patrimoine naturel et culturel irrémédiablement dégradé : le 3e quai va entrainer la destruction de l’une des dernières plages de Port-Vendres et d’un hôtel rempli d’histoire. L’attrait de Port-Vendres sera sérieusement affecté, avec des conséquences sur l’activité touristique de la ville. Les vestiges romains qui ont été repérés dans cette zone ne pourront être exhumés.

Les deux quais existants, qui accueillent un bateau par semaine, continueront d’être sous-utilisés et les nouveaux entrepôts risquent de gêner l’accès aux plages. La baignade vient d’être interdite sur les plages adjacentes, actant leur transformation en zone portuaire.

Le contrat ne prévoit aucune redevance pour la commune de Port-Vendres et envisage seulement trois créations d’emplois en quinze ans sur l’ensemble du port – sans engagement ferme de la Compagnie Fruitière. La possibilité accordée à la Compagnie Fruitière de se retirer à moindre frais indique que l’avenir des dockers n’est pas assuré à long terme. La profession ne ressort donc pas gagnante.

Nous demandons au Conseil Départemental de rejeter ce texte et d’entamer au plus tôt une discussion constructive réunissant la Compagnie Fruitière, les habitants de Port-Vendres, les usagers du port, et les dockers. Ensemble, nous pouvons trouver une solution satisfaisant toutes les parties.

 

-Eric Paget-Blanc, conseiller municipal (opposition) à Port-Vendres, Professeur des Universités

-Dany De Vera, coordinatrice du Collectif Trans partisan pour la Défense de l’Emploi et du Patrimoine Naturel, Cadre (en retraite) de la Mairie de Port Vendres.