Depuis le front-de-mer d’Argelès-plage, tous les matins depuis une dizaine de jours, on devine à peine les Pyrénées qui se jettent dans la Méditerranée… Ciel bas et lourd, la vie sur le littoral roussillonnais est inhabituellement humide

 

Record(s) battu(s) : depuis une dizaine de jours, nous voilà nous habitants du Roussillon, pourtant habitués à vivre dans un Pays catalan béni des cieux, plongés dans une grisaille étouffante, aveuglante, enivrante, portée par des entrées maritimes qui nous empêchent, sur le littoral en tout cas, de voir plus loin que le bout de notre nez

Mais diable, qu’avons-nous donc fait à Apollon, à Hélios, pour mériter une telle punition, une telle sanction, un tel châtiment ? Mais où sont donc passés Rê (ou Râ) et Mithra et Nika ? Au secours, Jupiter (le vrai), reviens-nous !

Depuis une dizaine de jours – et selon Météo France cela devrait encore perdurer une grande partie de la semaine prochaine… Dieu merci, Météo France se plante souvent concernant le micro-climat des P-O, et souvent la veille pour le lendemain ! -, notre humeur et nos comportements sont comme dirait l’Autre , altérés, bousculés, voire inversés. On connaît (tous), plus ou moins, la chanson, un poème, un proverbe, qui consacrent, qui vénèrent le soleil.

On l’attend, on l’espère, comme le Messie (pas le footballeur du PSG), tant à chaque fois, à chacun de ses retours, sa venue nous comble, nous, disons-le-carrément, nous ensoleille. Car c’est bien connu, hélas : une faible exposition à la lumière du soleil, outre qu’elle accroît le risque de carence en vitamine D, (h)altère aussi humeur.

Bref, on ne supporte plus rien : le pigeon qui roucoule sur un fil électrique, le voisin qui plante un clou, le coup du klaxon des nouveaux mariés, la crotte du chien devant la boîte-aux-lettres, les éboueurs en retard de trente minutes pour le ramassage des poubelles, l’automobiliste de devant qui “réveillonne” au volant en marquant un stop durable (alors qu’il ne s’agit que d’un simple “cédez le passage”), les gosses qui jouent à la baballe, les moches-et-les-sans-dents qui sortent de la COVID sans masque, les nuits trop courtes (alors que bizarrement et logiquement elles devraient paraître plus longues), etc.-etc.

Bref, encore, on pète un plomb ! Et tous les jurons emmagasinés depuis notre plus tendre enfance, hérités de l’école de la République ou, intra-muros, du foyer familial, reviennent au galop entre nos oreilles, destination : J’veux su Soleil !

Bon, en même temps, consolons-nous en se souvenant que cette traversée du désert, si on peut s’exprimer ainsi en l’occurrence, est exceptionnelle, car tellement rare. Le Roussillon sans soleil, c’est comme Le Barcarès sans son paquebot ensablé (Le Lydia), c’est comme Collioure sans son clocher, c’est comme Argelès-sur-Mer sans le TrainBus, c’est comme Perpignan sans l’USAP – ou sans les Dragons Catalans, selon le côté où l’on se trouve -, c’est comme Sorède sans les micocouliers, c’est comme Céret sans sa cerise primeur, c’est comme Dorres sans ses bains romains, c’est comme Sansa sans Claude Blazy, c’est comme… un ciel sans étoiles !

Allez, remettons-nous de nos émotions car, air (re)connu : après la pluie, l’arc-en-ciel se remet à briller, l’éclaircie vient et, forcément avec, le soleil. Vite, retrouvons notre place au soleil !

L.M.