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Séisme politique dans le Var : Hubert Falco démis de ses mandats par la justice
(Article du magazine Le Point – Source AFP)

 

Hebdomadaire Le Point (avec l’AFP).- Coup de tonnerre dans la politique varoise: le maire de Toulon, Hubert Falco, a été démis vendredi de ses mandats par la justice, avec effet immédiat, pour avoir “totalement bafoué” son devoir d’exemplarité dans une affaire de détournement d’argent public.

L’élu, ex-membre du parti Les Républicains, rallié à Emmanuel Macron, a été condamné par le tribunal correctionnel de Marseille à trois ans d’emprisonnement avec sursis, à la confiscation de 55 000 euros qui avaient été saisis sur son compte et à une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, c’est-à-dire applicable immédiatement, même en cas d’appel.

Âgé de 75 ans, l’homme fort du Var chute sur une affaire de repas et de pressing réglés, illégalement selon la justice, sur des fonds publics du Conseil Départemental.

Hubert Falco a quitté le tribunal tête baissée, sans un mot. C’est un vrai séisme pour Toulon où il avait été réélu trois fois au premier tour et où il se présentait comme un rempart au Rassemblement National (RN), à qui il avait repris la ville en 2001.

Dans une longue motivation dont elle est coutumière, la présidente Céline Ballerini a estimé que lorsqu’il venait déjeuner gratuitement à la cafétéria du Conseil Départemental du Var, alors qu’il n’en était plus président, il avait “manifestement profité d’un service qui ne (lui) était pas dû”.

Comme pour les repas du soir qui étaient préparés pour lui et sa femme et stockés dans un réfrigérateur spécial – d’où le nom de l’affaire du “frigo de Falco” – aux frais du contribuable.

 

“Coutumes”

Au total, ces repas privés servis à Hubert Falco et son épouse, employée du Conseil Départemental, auraient coûté au contribuable au moins 64 500 euros entre 2015 et 2018, selon les enquêteurs.

Les faits avaient été révélés par un ancien responsable de la cuisine, qui s’est suicidé durant l’enquête, puis confirmés par d’autres, dont un directeur des services.

Sur les frais de pressing que le couple Falco faisait aussi régler, “pourquoi faire assumer par le Conseil Départemental des sommes aussi risibles ?”, s’est demandé la présidente du tribunal.

Sans doute, parce que “vous avez perpétué des coutumes que vous aviez prises avant”.

Dans le public, la femme et la garde rapprochée d’Hubert Falco semblaient abattues.

“On a entendu les témoins dire que vous étiez un excellent maire, que vous aviez beaucoup fait”, a poursuivi Mme Ballerini.

 

“Petitesse”

“Mais la question n’est pas là”, a-t-elle ajouté, car les faits, “par leur petitesse”, témoignent “d’un manque de respect évident” des institutions et montrent que “le Conseil Départemental restait votre territoire”.

Le procureur, qui avait fait des réquisitions conformes aux peines prononcées, avait qualifié le dossier de “vrai scandale”.

Avant que le tribunal ne parte délibérer, Hubert Falco s’était dit “blessé” à la perspective qu’on lui enlève ses mandats. Imaginer ne plus pouvoir “participer à la vie de ma ville, de mon pays, c’est la pire condamnation pour moi”, avait-il ajouté.

Ce n’est “pas du tout l’affaire du siècle”, avait tenté son avocat Me Thierry Fradet, fustigeant ce “vent du Nord” qui apporte d’Europe du Nord un modèle de probité “pas forcément adapté à nos mÅ“urs”.

Marc Giraud, ancien président du Conseil Départemental, a été condamné pour détournement de fonds publics à deux ans d’emprisonnement avec sursis, 15 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Il avait déjà été contraint d’abandonner son fauteuil en 2022, après une autre condamnation pour détournement de fonds publics.

L’avocat de l’association de lutte contre la corruption Anticor et le syndicat départemental UNSA-Territoriaux du Var étaient parties civiles, mais le Conseil Départemental “n’avait pas jugé bon de se constituer partie civile”, a aussi remarqué la présidente alors qu’il aurait pu espérer récupérer les sommes en jeu.

“C’est une erreur scandaleuse” que le Département ne se soit pas constitué partie civile, a estimé pour sa part dans Var-Matin la conseillère municipale d’opposition Cécile Muschotti.

Le président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur Renaud Muselier, du même bord politique qu’Hubert Falco, tout comme le maire de Nice Christian Estrosi, ont témoigné dans un communiqué commun de “toute (leur) amitié et de toute (leur) estime” à ce “grand serviteur de Toulon” et “de l’État”.

Le responsable du RN à Toulon, Amaury Navarranne, a pour sa part réclamé “la convocation des électeurs pour une nouvelle élection municipale”. Normalement, la démission d’Hubert Falco sera actée par un arrêté du préfet qui entraînera l’élection d’un nouveau maire au sein du conseil municipal. (Sources Le Point et AFP)

(14/04/2023 20:47:35 – Marseille (AFP) – © 2023 AFP)