*par Claude Barate, universitaire, député honoraire

 

-Les responsables touristiques du département, sous la poussée des professionnels du tourisme, ont décidé de placer la promotion du département sous la signature de “Pyrénées Méditerranée”. C’est un bon choix qui s’efforce de corriger des années d’erreurs dans la mise en exergue de l’image du département

 

 

C’est le bon choix parce que si les Européens connaissent les Pyrénées, le monde entier connait la Méditerranée. En lisant Pyrénées Méditerranée, le futur visiteur sait que le territoire est au bord de la mer Méditerranée, à l’endroit où les Pyrénées se jettent dans la mer. Le positionnement est internationalement précis.

Un peu naïvement, j’avais compris qu’on s’engageait vers le changement de nom correspondant, jusqu’à ce qu’un élu important du Département indique que la dénomination ne pouvait pas être retenue parce que le mot « catalan » n’y était pas.

Presque en même temps des mouvements indépendantistes n’hésitaient pas à écrire que « ce territoire était sous administration française ».(sic)

J’ai compris que l’idée indépendantiste était présente derrière cette recherche de dénomination du département.

Que des personnes rêvent d’une Catalogne séparée et indépendante de l’Espagne, c’est leur droit, même si aujourd’hui leur désir parait n’être qu’un rêve. Mais qu’ils veuillent séparer nôtre département de la France pour le rattacher à cette Catalogne qui serait devenue indépendante, nous concerne directement.

Et s’ils ont le droit de défendre leur point de vue, nous avons le droit, je dirais même plus, le devoir de défendre le nôtre, celui de l’intégrité territoriale de la France et de l’appartenance de cette terre française délimitée par la frontière naturelle des Pyrénées.

Avec Pays catalan, on se regarde dans une glace, alors qu’il faut indiquer aux personnes qui ne le connaissent pas, la situation du territoire. Deux autres départements en France, placés à la lisière de la mer et de la montagne ont également fait le choix du critère géographique :

-les Alpes maritimes (je préfère le nom à la chose, il est plus précis : maritime concerne toutes les mers, la Méditerranée est unique) les Pyrénées Atlantique. Pourtant ce dernier aurait pu choisir Pays basque. Les Basques ont préféré le critère géographique à celui plus réducteur de la seule culture basque, qu’ils développent par ailleurs.

Ce qui est important dans la promotion du territoire c’est, après l’avoir positionné clairement au plan géographique, de faire apparaître ses identités qui constituent son originalité.

De ce point de vue il serait difficile de contester le caractère catalan de notre culture, qui s’exprime dans la langue (même si elle est très peu parlée), la musique, la danse, la littérature voire la peinture ; l’art culinaire ou encore la manière de vivre. Culture riche en diversité qui me fait préférer le roussillonnais plus chantant au catalan normatif plus guttural de Barcelone ou encore… l’ouillade à l’escudella… mais peu importe, cette culture nous imprègne et conditionne notre vie au quotidien.

 

Mais les Pyrénées Méditerranée, ce n’est pas seulement cela

 

C’est la beauté des espaces naturels, de la montagne et de la mer, du Canigou et de Collioure. C’est comme l’évoquait Le poète Albert Bausil « ce Roussillon des fruits et des treilles, jeté sur la mer comme un bouquet d’or » (Hymne au Roussillon-1906).

C’est également la beauté de l’architecture romane qui réside dans les nombreuses chapelles et églises du territoire. Elles sont la marque de la culture chrétienne qui a façonné si profondément notre civilisation.

C’est également la beauté des ouvrages de Vauban, cet architecte militaire de Louis XIV, comme par exemple à Mont Louis ou à Ville franche qui caractérisent le territoire et marque son appartenance à la France qu’il faut défendre aux frontières.

Mais son identité moderne, on la trouve dans le fait qu’il est placé sur un axe de communication fort entre le nord et le sud, la mer et la montagne, doté d’un aéroport, de ports, de liaisons ferroviaires y compris à grande vitesse et qu’il peut s’appuyer sur les services d’une grande ville en matière sanitaire, de formation et de recherche universitaire, de culture.

Beaucoup de régions en France aimeraient avoir un tel potentiel, des identités aussi fortes.

Alors, il ne faut pas se replier sur soi-même, se regarder dans une glace, parce qu’on est content d’être catalans. Il faut s’ouvrir sur le monde extérieur avec notamment au plan touristique cette mise en valeur de nos identités.

C’est pourquoi, j’ai proposé la mise en place d’un schéma départemental d’aménagement du territoire avec un volet « mise en valeur des identités ».

Et devant l’inaction du département, j’ai proposé que les intercommunalités réunies en syndicat s’emparent du sujet.

Rien n’interdit aux catalans qui ont le bonheur de vivre entre les Pyrénées et la Méditerranée, d’être dynamiques et ouverts sur le monde extérieur.

 

*Claude Barate, natif de Bages (P-O), député (RPR) des P-O de 1986 à 1997, ancien  conseiller général des P-O, ex-Premier adjoint de la Ville de Perpignan.

 

PS : Dans les divers noms proposés, devant le conseil d’Etat, il faudra proposer des noms qui ne remettent pas en cause la cohérence de la liste des départements. C’est ainsi que pays catalan ferait passer le département avant le numéro 65 de Pyrénées Atlantique. Seuls Pyrénées catalanes et Pyrénées Méditerranée permettent de rester dans le numéro 66 qu’on ne peut pas changer. Mais Pyrénées catalanes, c’est le nom que porte une intercommunalité des cantons de montagne. Il ne concerne que la montagne. Et le reste. Une seule réponse Pyrénées Méditerranée.