Dans un contexte marqué par de nombreuses incertitudes sur l’économie mondiale, exacerbées par la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, la crise énergétique qui touche en premier lieu les plus vulnérables, exige d’identifier les réponses à apporter à court et moyen termes

 

Le diagnostic sonne comme un avertissement. L’Europe doit faire sans les exportations énergétiques de la Russie qui représentait, il y a encore quelques mois, un peu moins de la moitié de ses importations de gaz et de charbon, et un quart de ses importations de pétrole. En France, la moitié de l’énergie consommée vient du pétrole et la deuxième source, c’est le gaz fossile. L’enjeu, c’est d’abord la dépendance aux énergies fossiles, dont nous souffrons presque autant que nos voisins européens, malgré un mix électrique relativement décarboné.

En cas de pénuries de gaz cet hiver, le problème qui va toucher la plupart des entreprises, ce ne sont pas les coupures, c’est le prix. À demande constante, si l’offre baisse non seulement on s’expose à des risques de rationnement ou de coupures, mais surtout les prix explosent, notamment lors du renouvellement des contrat avec les fournisseurs. Et si le coût de la principale matière première est multiplié par cinq, l’impact sur tous les autres prix est colossal. Pour certaines entreprises c’est même la poursuite de leur activité qui est en jeu, à l’instar des boulangers, dont les clients ne sont pas tous disposés à acheter une baguette 2€ !

Or les difficultés sur la sécurité d’approvisionnement et sur les prix ne se résoudront pas de sitôt. Elles sont appelées à durer. La loi pouvoir d’achat votée cet été a permis le redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold, mais le charbon demeure un recours temporaire et marginal pour passer l’hiver. Le bouclier tarifaire n’est pas une mesure pérenne. Les dispositifs visant à limiter l’impact de la hausse des tarifs de l’énergie vont dans le bon sens, mais de nombreuses entreprises artisanales en sont aujourd’hui exclues.

A l’enjeu de dépendance énergétique se greffe une carence dans l’efficacité énergétique et la mise en œuvre du plan de rénovation des bâtiments adopté en 2008 lors du Grenelle de l’environnement. Le besoin d’investissements dans la sobriété énergétique est colossal, notamment dans nos centres de formation. Un investissement d’autant plus rentable qu’ils permettront une professionnalisation de la main-d’œuvre locale dans le développement d’installations de production d’énergies renouvelables.

Dans ce contexte de tensions et d’incertitudes croissantes, notre priorité est de rester au plus proche des artisans. Nous invitons nos artisans à pousser la porte de leur Chambre de Métiers et de l’Artisanat pour faire un diagnostic de leur situation et les accompagner pour surmonter cette période. Gardons une conscience aiguë de la nécessité de toujours mieux accompagner nos entreprises sur leurs enjeux de recrutement, formation, digitalisation, développement durable… Notre maillage et notre ancrage territorial de proximité sont des atouts.

 

Jérôme Montes, Directeur de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat des P-O