C’était il y a vingt-sept ans… très exactement le 19 juin 1997. Avec feu le photo-reporter de L’Indépendant et ami, Amado Jover, la très regrettée Luz Iberia nous avait conviés à croquer un plat de délicieuses et inoubliables bunyetes (avec un verre d’un excellent banyuls vintage) en sa demeure, dans la résidence Joie & Lumière d’Argelès-plage, plus précisément son ancien cabaret, reconverti avec l’âge en domicile familial, tapissé et moqueté de souvenirs qui, pendant des années, ont illuminé les folles nuits de la côte vermeille. On y débarquait déguisé, maquillé, ripoliné, parfois aussi le cerveau à l’envers, un brin retourné, un tout-petit-peu enfumé avec un pète au casque… Côté atmosphère, c’était dans les années 60, 70, (bien) avant le Pot Chic de Pierre-Alexandre Cabréjas après le Potchee de Félix Pradiès, etc.-etc. Chez Luz, tout était permis (dans les limites du déraisonnable)… surtout, ce climat déjanté dans lequel elle nous remémorait dans un flamenco interminable, inépuisable, incontournable, ses concerts dans l’Afrique encore française, tandis que son corps auréolé de robes en dentelles et de taffetas en rouge et noir, de châles-peignes-éventail-et-castagnettes se démultipliait en ombres chinoises sur les murs et fenêtres de son cabaret, devenu son appartement : le comptoir du bar était intact, même le verre (vide) du dernier client y tenait encore debout, comme avant ; la piste de danse avait été reconvertie en chambre à coucher. Luz, c’était tout l’art des émotions ! Pour Amado Jover, pour nous, pour elle et surtout son adorable poète de mari, surnommé “Coucou”, elle avait ce jour-là revêtu son plus beau costume, à nouveau prête, soignée, pour un défilé de mode tout en spectacle, pour une danse “sans” star car la merveilleuse et sublime Luz Iberia était une star capable de chanter et de danser en solo – elle a même signé une série d’aquarelles visibles “Chez Jean-Jacques et Pascal” à La Ville Les Sirènes avenue du Vallespir à Argelès-plage -, une “femme-orchestre” auréolée d’un passé artistique sans égal sur le sol roussillonnais. Dans les années 1950, elle avait eu les honneurs de la presse (inter)nationale, dont le journal Le Monde.

L.M.

Avec son époux Coucou, le 19 juin 1997, dans leur appartement d’Argelès-sur-Mer (Résidence Joie & Lumière).

(Photos @Amado Jover).