Lors de la conférence de presse qui s’est tenue le mardi 23 août 2022.

 

(Communiqué)
“Il faut attendre les décisions de justice avant toute expulsion ! Il faut prendre en compte l’avis de la MRAe !
(Interventions de Hervé Bazia, Jérôme Pous, Thérèse Barielle-Castieau pour BVV, Daniel Bouix pour Viure et de Marie-Monique Robin, écrivaine, journaliste, rédactrice de nombreux documentaires   dont La fabrique des pandémies)
Hervé Bazia prend la parole pour Bien Vivre en Vallespir (BVV) :
• Le département a informé les derniers propriétaires que leur expropriation sera effective le 29 août prochain. C’est cette situation qui nous a poussé à vous inviter à une conférence de presse sur les lieux mêmes du projet.
• Rappelons, en quelques mots, quel est ce projet. Pour tenter de résorber un bouchon qui se forme aux heures d’affluence au niveau du Pont du Diable et atténuer les nuisances subies par les riverains, le Département a décidé de créer une nouvelle liaison routière à l’Est de Céret, liaison de 2,5 km comprenant deux ponts dont un, gigantesque, de 355 mètres de long et de 25 mètres de haut. Non seulement cette infrastructure ne résoudrait pas de problèmes mais elle en créerait de nouveaux (phénomène de circulation induite notamment, renvoi de circulation sur des axes sous-dimensionnés, Ce projet est destructeur d’excellentes terres agricoles et traverse une zone Natura 2000 et 2 ZNIEF abritant de nombreuses espèces protégées. La réalisation de cette infrastructure serait une contribution de plus à l’artificialisation par le béton, par le bitume, par l’urbanisation qui s’ensuivrait, l’aménagement d’une zone de tourisme de luxe, voire un golf.
• L’association BVV reste mobilisée contre ce projet. Certes une consultation a eu lieu qui elle a montré que, sans être majoritaire, une partie significative de la population du Vallespir refuse ce projet routier, et cela en dépit de la très forte mobilisation du CD et de la plus grande partie des élus locaux en faveur du projet. Il faut relever que toutes les associations du département engagées pour la protection de l’environnement sont aussi opposées au projet.
• Notre lutte est locale parce qu’elle conteste les motifs pour lesquels le projet existe et parce qu’elle conteste aussi les prétendus avantages qu’il apporterait en Vallespir. Les coûts financiers sont sans doute sous-estimés ainsi que l’impact environnemental qu’il provoquerait. Notre lutte est aussi plus globale car elle s’inscrit dans un changement de modèle dans le domaine de la mobilité. Le modèle que nous soutenons est un modèle décarboné et opposé à l’artificialisation des sols. Le changement climatique nous oblige ! A cet égard le projet de pont apparait de plus en plus déconnecté de l’inquiétant contexte climatique. Cf sécheresse et canicules à répétition !
 A ce sujet, nous voudrions vous faire part de l’avis de la MRAe , (Mission Régionale d’Autorité environnementale) qui est un service de l’administration du ministère de la Transition écologique.

Jérôme Pous présente l’avis de la MRAe, la Mission régionale d’autorité environnementale qui souligne nombre de problèmes que nous avions pointé comme rendant ce projet destructeur complètement obsolète. Il souligne en particulier :

-la non prise en compte du changement climatique ;

-l’incomplétude de l’étude d’impact, l’insuffisance de informations fournies : notamment sur la phase chantier ;

-la non prise en compte du trafic induit et des nouvelles formes de mobilité douce ;

-la non prise en compte de l’enjeu « paysage » ; les atteintes à la biodiversité : la MRAe recommande de fournir un bilan de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers générée par le projet et de compléter l’analyse des incidences du projet au regard de ce bilan La MRAe recommande de fournir un bilan de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers générée par le projet et de compléter l’analyse des incidences du projet au regard de ce bilan.
• Sur le plan juridique, nous sommes toujours en att, ente d’un jugement sur le fond. L’audience doit se tenir devant le tribunal administratif de Montpellier, probablement en septembre ou octobre. Nous avons de bonnes raisons de penser que le tribunal, au vu de nos arguments, nous donnera raison. Si ce n’ pas le cas, nous utiliserons toutes les voies de recours. Quoi qu’il arrive, nous continuerons notre résistance.
• Rappelons que l’enquête publique environnementale n’a pas eu lieu et donc que l’autorisation environnementale n’a pas été délivrée. Des arbres ont déjà été coupés, peut-être pour rien, alors qu’il est urgent d’en planter ! Il ne faudrait pas se retrouver dans la situation de Beynac .

 

Thérèse Barielle Castieau apporte des précisions sur la situation à Beynac où le département de la Dordogne vient d’être condamné à payer la démolition d’un pont qui s’était construit sans attendre le résultat des recours : un gaspillage énorme d’argent public
• Sans attendre les décisions de justice, on expulse des propriétaires. Sachant que ces étapes administratives du projet sont encore à venir, n’y-a-t ’il pas lieu d’attendre les décisions de justice ? Ce serait faire preuve d’humanité.
Nous demandons à Hermeline Malherbe présidente du Conseil Départemental des P-O, à Martine Rolland, conseillère départementale en charge de l’écologie et au Département66 l’abandon du projet de pont et l’étude d’un nouveau schéma de mobilité…
D’ores et déjà, nous vous informons que nous préparons une manifestation contre la bétonisation des P-O qui rassemblera tous les citoyens et associations de notre département en lutte contre la destruction de notre territoire.

Cette manifestation est prévue à Céret le samedi 24 septembre 2022.
Au nom du collectif Viure, qui représente les associations de lutte contre la bétonisation dans le département, Daniel Bouix apporte son soutien à cette manifestation et dénonce les politiques menées à contre courant du texte qui préconise « 0 artificialisation » dans les communes.
Marie-Monique Robin, qui est marraine de notre lutte intervient pour conclure cette conférence de presse. Voici un extrait de son intervention :
« De plus en plus de gens sont conscients de ce qui se passe : le climat s’emballe, la biodiversité s’effondre, les pandémies : c’est pas fini… la biodiversité n’est pas un supplément d’âme pour bobos écolos à vélo mais c’est notre maison commune. Arrêtons de penser que l’espèce humaine est au-dessus de la chaine du vivant…arrêtons de faire des routes partout, et pour faire des routes, il faut du sable et le sable il est en voie de disparition… Il faut convaincre les élus. Il faut qu’ils comprennent que c’est l’avenir du monde vivant qui est en jeu. Leur dire : à l’avenir, c’est en tant qu’élu exceptionnel que vous serez reconnu quand vous aurez arrêté de bétonner. Nous sommes là pour leur faire comprendre ces enjeux. Notre lutte est juste »