Beaujolais Nouveau et la fanfare des Bizar's

Hier soir, à l’occasion de la sortie du Beaujolais Nouveau – avec vingt-quatre heures de retard… le temps de laisser le soin à l’équipe de Laurent Puigsarbé du célébrissime Café Sola d’apprécier le divin nectar ! – c’était aussi le grand retour sur la scène colliourencque de la mythique fanfare des Bizar’s

Pas moins d’une grosse vingtaine de musiciens (!) avait été mobilisée pour l’occasion, chacune et chacun des nostalgiques de cette formation musicale créée par un trio d’enfer – Claude Chazaud, Guy Jouanin et le régional de l’étape, Alain Recasens – voulant apporter sa pierre à l’édifice pour reconstituer sans aucun doute la plus belle histoire musicale sur le sol roussillonnais. Y’avait-il un impressario, un producteur, dans la grande salle du Café Sola pour prendre date ? En tout cas, les “historiens”, caux qui connaîssent la musique, étaient tous là, eux, armés jusqu’aux dents de leurs instruments et notes réglées… comme du papier à musique.

Il y avait : Rantanplan et son inséparable gourde de Sémillante “sin gaz” (au sens propre comme au sens figuré) ; les frères Gozes, Christophe et Christian toujours au “top” pour aller plus vite que la musique ; les inoubliables et incontournables frères Francès (Que du Bonheur !) ; Maciste, en intégriste parfait de la fantaisie, et Maciston pour une relève parfaitement assurée et assumée ; Jean-Paul Fabre, évidemment et passionnément ; Bernard d’Elise, toujours partant et à fond la caisse pour aller à l’assaut d’un monde musical et puis c’est tout… et tant d’autres encore et encore ! Côté public, on reconnaissait avec un immense et attendrissant plaisir les piliers de la reconstruction des Bizar’s et témoins privilégiés d’une certaine époque : le grand Max, Yves Girard, le pêcheur-modéliste ès-barques catalanes P’tit Louis, Loulou de la Bodega… Puis, le photopraphe Hervé Donnezan, l’artiste-peintre Alain Vilacèque (dont l’expo “Africa” actuellement présente sur les murs de la Maison de la Catalanité à Perpignan, cartonne).

Les Bizar’s nous ont enchanté. Ils ont, une fois de plus, ouvert la frontière de la fanfare à d’autres territoires rythmiques. Fallait voir ces belles suédoises et anglaises se déhancher, pieds nus, jusque sur le pont du Douy… Dès lors, on peut affirmer, diversité culturelle et identitaire à l’appui, et même si les Bizar’s affichent (Dieu merci et c’est tant mieux ainsi) une humilité réconfortante, que leur musique, élégante et puissante, est internationale. Cela s’inscrit tout à fait dans la lignée des créateurs des Bizar’s. Mieux encore : il y a du spectacle à la “Bartabas” dans leurs concerts savamment improvisés. Entre cubitainers de banyuls, litrons de bojolpif et toiles signées Jouanin/ Fifi Laborderie, sans oublier le défilé incessant d’assiettes de tapas, les Bizar’s ont littéralement enflammé la “Perle” de la Côte Vermeille, hier soir. On en n’attendait pas moins ! Peu importe si le Beaujolais Nouveau avait une (certaine) longueur en bouche, s’il offrait au nez une fraîcheur surprenante et au regard une complexité colorée… Car, hier soir, c’est dans les oreilles que ça se passait. Donc, aussi, directement, dans la mémoire.

Café Sola et Beaujolais