C’était soir de grand-messe hier au Palais des congrès. Balbino, ange noir et tatoué, visitait ses fidèles pour un tour de chant énergique et racé, première étape de la tournée inaugurale de l’album “Les évangiles sauvages”.

Apôtre brut de la sincérité, percutant dans les déferlements rock, tour à tour émouvant et sensible en solo, il n’est pas long à convertir son auditoire, et à partager avec lui l’univers baroque de ses chansons.

Étonnante synthèse que ce Perpignanais balloté par la vie, qui a mûri son art et éclos à Paris. Son corps, sa gueule sublime quand elle est transportée par la musique, portent les stigmates de la rue. Mais point de violence dans Balbino. De la rudesse il fait l’énergie de ses chansons. Des souffrances, la poésie et et l’ironie désabusée de ses textes, qui n’épargnent ni notre monde et ses contemporains, ni lui-même.

C’est sur scène qu’il faut découvrir Balbino. Missionnaire de la musicalité, il a le talent de ne s’enfermer dans aucun style, tout en restant lui-même, unique, et invariablement magnétique. Quelque part entre Springsteen et Chao pour l’attitude, il a sur scène cette présence évidente et habitée d’un Brel ou d’une Piaf. Il est là, vivant sur le plateau, et ce qu’il dit devient poignant et important.

Il est devenu le meilleur ambassadeur de la Ville depuis qu’il a fait de Perpignan le titre éponyme d’un hymne festif qui fait danser jusque dans les pub d’Arras et de Liège. Et quand, seul sur scène dans l’aura de lumière d’un simple projecteur, il entame l’Estaque à la guitare, c’est toute la salle qui chavire et consacre au culte de Saint-Balbino. L’artiste, charnellement dévolu à son public, porte l’estocade et triomphe, de rappels en rappels.

Hier au soir, la voix chaude et rugueuse de Balbino à fait trembler la salle. Et c’était bon.

Signé : Mibuzu