L’académicien Goncourt Philippe CLAUDEL, écrivain, scénariste et auteur de théâtre, présentait, hier, son roman « L’Arbre du pays Toraja » (Stock), à l’hôtel Pams avec le CML (Centre Méditerranéen de Littérature) et la Ville de Perpignan.

Dans « L’arbre du pays Toraja », un cinéaste au mitan de sa vie perd son producteur et meilleur ami, Eugène. Cette mort l’incite à revenir sur sa vie, les rencontres féminines et professionn…elles qui l’ont émaillée, et plus largement à réfléchir sur la place qu’occupe la mort dans la vie.

 

Le tombeau d’Eugène devient alors synonyme de réconciliation avec lui-même. Si L’Arbre du pays Toraja est pourtant bien une fiction, le dispositif narratif est d’une grande simplicité, la métaphore pure et émouvante de l’arbre-¬sépulture suffisant à donner au roman sa forme close — au cÅ“ur du livre, l’écrivain le définit ainsi : « un récit libre dans sa forme, dans son agencement et dans son déroulé ». Une méditation, donc, une suite de réflexions prenantes qu’articulent quelques faits succincts : confronté à la maladie, puis à la disparition de son ami Eugène, qui se trouve être en outre son producteur (personnage dans lequel on reconnaît une évocation de l’éditeur Jean-Marc Roberts, décédé en 2013), le narrateur, cinéaste de profession, plonge en lui-même, éprouve son chagrin, rumine des interrogations, ressaisit les souvenirs navrés d’autres amis défunts.

 

Au centre de ses libres pensées, à la source du désarroi contre lequel il lutte, demeure l’événement qu’est la mort, « la force qu’ont les hommes de durer », la faculté d’« apprendre à mourir » à laquelle croyaient Socrate et Montaigne, la capacité à continuer de vivre après la mort de l’autre. « Poursuivre sa vie quand autour de soi s’effacent les figures et les présences revient à redéfinir constamment un ordre que le chaos de la mort bouleverse à chaque phase du jeu. Vivre, en quelque sorte, c’est savoir survivre et recomposer ». Le mouvement profond qui porte L’Arbre du pays Toraja exprime aussi la force miraculeuse de cette volonté de survivre…