À travers les enseignements de la peinture, la sculpture, la gravure sur bois ou sur cuivre des artistes italiens qui, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, reproduisent les mythologies et les allégories autour du sacré, Juliette de Capèle, dès sa plus tendre enfance, demeure fascinée par les contes et les légendes de l’époque médiévale
Dès lors, quoi de plus naturel pour elle si ce n’est de suivre sa vocation artistique qu’elle assume pleinement aujourd’hui. À l’origine, elle souhaitait orienter ses premiers pas vers l’architecture d’intérieur, mais au cours de ses études dans le domaine des arts graphiques à l’école des Beaux-Arts de Biarritz, elle a découvert la beauté du geste artisanal qu’exige la sculpture sur bois.
Une telle orientation artistique suppose d’imaginer des épures qui établissent le plan parfait, de mouvoir ses mains avec une grande dextérité, d’apprivoiser les outils et la matière plus ou moins dure telle que le bois ou le cuivre, et surtout de faire preuve d’une patience monacale pour tailler et façonner les formes préalablement dessinées.
Juliette de Capèle est une artiste très appréciée dans la région de l’Occitanie, et la raison de cet engouement vient principalement de la diversité de ses intérêts artistiques. Taille douce/estampe, analyse des pigments des encres et des filigranes de gravures, ou encore tableaux et portraits, cette jeune artiste ne cesse de varier le support de ses œuvres et nous enchanter.
Cependant, son art de prédilection demeure la gravure sur bois. Les matrices sont sculptées, puis imprimées sur du papier artisanal, encrés et façonnés à la main. Elle réalise ainsi des paysages, sacralise la faune et la flore, restitue l’éclat des visages humains. Elle multiplie les références mais jamais les révérences ostentatoires. L’exemple le plus caractéristique de ses gravures se trouve dans les 22 arcanes majeurs de l’Ancien Tarot de Marseille, inspirés par les techniques traditionnelles des Maîtres cartiers de la fin du Moyen-âge.
Avec ses doigts de fée, le papier n’est plus seulement le support d’une empreinte. Il s’inscrit dans une nouvelle dimension que son art sublime. Dans le cas particulier de cette technique, le papier devient partie intégrante de la gravure. Juliette de Capèle pratique en plus l’enluminure et la dorure pour donner vie à de très belles icônes.
L’une d’entre elles, trouve son expression dans l’illustration de saint Michel terrassant le dragon. Le samedi 3 octobre 2020, à Roquecourbe-Minervois, berceau familial où les arts et la vigne ont toujours été présents, Juliette de Capèle a offert cette gravure à l’église de son village. Au cours de la cérémonie de la réception de ce bienfait, le père Bernard Dumec procéda à la bénédiction de cette œuvre, car l’Archange Michel est le saint patron de sa paroisse.
Dans la vallée de l’Aude, terre de légendes à fleur des champs, Juliette de Capèle accueille depuis 2015 les personnes qui souhaitent découvrir ses travaux ou suivre ses cours de gravure dans son atelier de Roquecourbe-Minervois. Elle y enseigne son savoir-faire. Et surtout, elle redonne vie aux arts ancestraux, vivifie les contes et l’imaginaire du monde médiéval à travers des couleurs si pures pour nous réconcilier avec notre passé et découvrir les signes qui redonnent foi en la vie.
Henri Ramoneda