De gauche à droite : Sandra Giraud, Pierrot Madern et son neveu Mario, Franck Signolles

 

Une grande page – et non la moindre -, se tourne dans le commerce d’Argelès-sur-Mer : après avoir habillé plusieurs générations d’habitants de la côte vermeille, des Albères et de la plaine d’Illibéris, sans oublier les Aspres et le Vallespir, entre autres secteurs géographiques d’influence, toutes catégories sociales confondues, la “Maison Madern”, spécialisé dans le prêt-à-porter féminin et masculin, est reprise par un commerçant perpignanais, Franck Signolles, associée dans cette nouvelle aventure avec Sandra Giraud

 

Près d’un siècle, très exactement 90 ans, que la famille Madern était aux commandes de cette véritable institution fondée par Suzanne et Sauveur Madern, en 1932.

Sauveur Madern (@photo archives familiales Madern)

 

Sauveur, tailleur sur-mesure réalisant à la demande, dont le professionnalisme et le talent ont immédiatement séduit l’élite argelésienne, avait commencé par ouvrir son petit atelier sur l’avenue de la Gare, au centre du village, juste en face ce qui deviendra la boutique (dans les années 1950), à l’angle de la Route Nationale (n°30) et de l’avenue qui monte à la gare SNCF. C’est là, sur place, que son “fait main” va rapidement connaître un succès inestimable dans la population.

Mais Sauveur se déplace également chez l’habitant ! Perfectionniste, patient et rigoureux, à l’image de ce métier artisanal, entre son atelier et plus tard la gestion de sa boutique, il n’hésite pas à se rendre “en appartement” pour parfaire ses créations.

Localement, le vêtement cousu main pour le client, en partant du tissu et d’un patronage, est alors une grande première. Désormais, chaque pantalon, chaque veste, chaque costume, est une création exclusive. Sauveur ne se contente pas que de donner un coup de ciseaux dans l’étoffe, il écoute, il conseille… il Habille !

 

La boutique de la “Maison Madern” au tout-début (@photos archives familiales Madern)

 

Dans les années 60, ses enfants Monique et Pierrot, prennent le relai. Avec eux, c’est une autre époque qui s’ouvre. Le frère et la soeur doivent désormais composer avec une clientèle essentiellement constituée de consommateurs… L’habit ne fait (presque) plus le moine, on consomme du textile comme on va faire ses courses dans une grande surface alimentaire… Mais Monique et Pierrot vont avoir un flair inouï : ils vont “meubler” leur boutique avec les cintres de marques qualitatives et de légende, dans le prêt-à-porter haut-de-gamme (mais aussi un choix sélectif de premiers prix) ; les mêmes qui une cinquantaine d’années plus tard, en 2022, sont toujours à la pointe des tendances et de la mode (Lacoste, Saint James, TBS, Cardin…). Le magasin s’étire sur deux niveaux dans son emplacement actuel. Si on ne “taille plus sur-mesure”, l’écoute et le conseil sont toujours là. C’est aussi ça un service sur-mesure !

 

La “Maison Madern” aujourd’hui

 

Vêtements, chaussures, accessoires (ceintures, sacs…) : soixante-cinq marques au total rivalisent de tailles et de couleurs dans ce magasin qualifié de “Galeries Lafayette d’Argelès” par les habitants de la commune qui s’y habillent souvent depuis leur naissance jusqu’à leur départ pour l’au-delà. Tous les Argelésiens – femmes, hommes, enfants -, ont poussé au moins une fois dans leur vie la porte de la “Maison Madern”. A 79 ans, Pierrot Madern tire donc sa révérence.

Franck Signolles est pleinement conscient de cet “héritage” commercial à préserver. Avec son associée Sandra Giraud, ils entendent bien perpétuer la tradition, faire vivre ce patrimoine, en conservant cette atmosphère si particulière qui fait que quelque part l’enseigne “Madern” est l’autre maison des Argelésiens. Et ce n’est pas peu dire : “Je suis comme un poisson dans l’eau ici ! L’histoire des lieux, l’ambiance familiale, la proximité des gens, tout cela me rappelle le village de mon enfance, Quillan, dans le département de l’Aude. Je retrouve totalement cet esprit, cette convivialité”, s’enthousiasme Franck Signolles.

La nouvelle équipe du magasin “Maison Madern” : Noémie, Franck Signolles, Sandra Giraud et Isabelle

 

C’est début mars, après la liquidation de sa boutique de prêt-à-porter homme et femme, “Quai 25”, située sur le quai Vauban, dans le centre-ville de Perpignan, nous sommes alors en pleine crise sanitaire coronavirus (COVID), que lors d’une conversation il apprend la possibilité d’acquérir la “Maison Madern” et donc de rebondir commercialement s’entend : “J’ai dit à Sandra, ça te parle la “Maison Madern” ? Et nous y sommes aujourd’hui ! Heu-reux d’être là !”. A ses côtés, son associée confirme. Elle aussi, à peine arrivée, ne tarit pas d’éloges sur le magasin, les gens, le climat argelésien. C’est une autre vie professionnelle qui commence. Elle annonce déjà un nouveau vestiaire avec, par exemple, l’étiquette “Mise au Green”, une autre belle histoire familiale, celle d’une marque créée en Alsace en 1986, à Strasbourg, par deux frères, Bruno et Patrick, deux passionnés, l’un par le golf et la gestion, l’autre par la mode et la création… “Mise au Green” place la satisfaction client au coeur de ses préoccupations, avec une gamme de services étoffée. Cela ne vous rappelle rien ? On en revient au basic de la “Maison Madern”. Comme le monde est petit (et grand à la fois !), n’est-ce pas ?

L.M.

 

Isabelle, Sandra et Noémie