C’était il y a une trentaine d’années… C’était au début des années 90, lors d’une campagne pour des élections cantonales… Robert Loubet (à droite – décédé en octobre 2020) avec son compère restaurateur, le sulfureux Chef-cuisinier Henry Raynaud, qui avait monté le Parti des Vaches à Lait pour ridiculiser la caste politique locale… Il s’était entiché d’un bourricot qu’il promenait dans tout le centre-ville de Perpignan lors d’une campagne électorale où il s’était présenté dans tous les cantons du département. Inoubliable ! Feu Henry Raynaud, internationalement (re)connu pour ses fameuses, incomparables et originales “pizzettes” cuites au feu de bois dans son non moins célèbre restaurant du Quai François Batllo, le Western Grill, situé à deux pas du Castillet dans le centre-ville de Perpignan, n’en ratait pas une… pour faire la Une de l’actualité locale. Pour lutter contre l’implantation de forêts de parcmètres par, à l’époque la municipalité de Paul Alduy, il se déplaçait uniquement à cheval, qu’il faisait stationner sur des emplacements payants le temps d’une pause apéritive, place Arago par exemple. Autant dire qu’aucun automobiliste n’osait se garer à proximité de l’animal, par crainte de recevoir un coup de sabot sur sa rutilante monture (ici la carrosserie d’un véhicule). Cette façon provocatrice de s’opposer aux parcmètres et autres horodateurs amusait la galerie des commerçants du centre-ville… moins en revanche la Municipalité de Perpignan, dont le Secrétaire général de l’époque, François Marcaillou (décédé à l’âge de 91 ans en novembre 2022 après avoir été maire-adjoint à la Ville de Carcassonne), s’arrachait ses derniers cheveux. Après sa figuration équestre, Henry Raynaud s’est donc flanqué d’un bourricot catalan tenu en laisse pour aller toujours plus loin dans son humour provocateur, en s’installant à la tête de son Parti des Vaches à lait le temps d’une campagne électorale où il s’est présenté dans tous les cantons des P-O.  A ses côtés, sur notre photo, Robert Loubet, un homme extra-ordinaire qui a régné sur la “limonade” à Perpignan, dans les formidables et généreuses années 1980-90 ; une époque définitivement révolue, deux décennies pendant lesquelles les Perpignanais étaient parmi les plus grands consommateurs de Champagne en France au travers de trois grandes brasseries où l’on faisait la queue pour passer à table, ou pour la pause-apéritive : Le Grand-Café de La Bourse, le Grand-Café de la Paix (place Arago face au Palais de Justice), la Brasserie de La Loge (face à l’hôtel-de-ville sur la placé éponyme, réinventée par Robert Loubet)…  C’est la Belle époque de Perpignan, où l’apéro coulait à flot(s), où les serveurs se battaient littéralement pour intégrer le personnel des établissements de Loubet, tant il fallait être vu dans l’une de ses brasseries pour être (re)connu professionnellement ! A Perpignan, c’était forcément dans l’une de ses enseignes, chez lui ou chez l’un de ses partenaires, que toutes les affaires se traitaient, que les vedettes étaient interviewées, que des hommes politiques déclaraient leur candidature, que des journalistes venaient récolter de précieuses anecdotes, que des z’amuseurs publics entamaient leur première montée sur les planches… Car ses cafés n’étaient pas que de simples bistrots, on y jouait une pièce de théâtre ou une saynète de boulevard à chaque apéro ! Il avait un humour colossal (comme son physique), il était d’une générosité exceptionnelle. Henry Raynaud et Robert Loubet avaient créé la 1re Course des… patrons de café ! Un grand moment de convivialité, le fond de sauce qui déridait le Tout-Perpignan !

 

L.M.