Camille Otero, inventeur du “Café Vienne”, place Arago à Perpignan. (photo @AmadoJover)

 

C’était il y a plus de trois décennies… C’était le 28 août 1993, plus précisément. Deux ans plus tôt, Camille Otero ouvrait à Perpignan, le fameux restaurant-brasserie “Café Vienne”, à l’ombre des palmiers et des magnolias de la place Arago. Un lieu, une table, une terrasse, une ambiance, qui allaient rapidement devenir le Centre-du-Monde pour le microcosme perpignano-perpignanais, incontournable pour nombre d’hommes d’affaires, d’avocats, d’artistes, de vignerons, de sportifs, de hauts-fonctionnaires, de commerçants, pour tous les journalistes… les élu(e)s de la ville, du département et d’ailleurs, d’ailleurs. Une sorte de passage obligé si on veut mettre les pieds dans le plat local et, surtout, ne pas rester en carafe. Une adresse où la politique locale se fait et se défait, où on n’y va pas avec le dos de la cuillère. Confidentiellement ou à tue-tête, sous le regard de toutes et de tous, entre le(s) fromage(s) et le(s) dessert(s). Où la moindre campagne électorale s’enflamme, se consume et se consomme. C’est ici, et nulle part ailleurs – sauf peut-être de l’autre côté de la Basse, presque en face, à la brasserie concurrente (et amie) “Le Vauban”, du temps de la Belle et Grande époque de Pelline et Jean-Louis Authié, évidemment -, qu’il faut être vu, connu, pour être re-con-nu ! Et cela fait plus de trois décennies qu’il en est ainsi, que ça dure, que le succès ne désemplit pas. C’est la bonne table préférée des avant-gardistes comme des has-been, des libertins comme des religieux, des ambitieux comme des humbles et des indifférents, toutes générations et strates sociales confondues. Dans les années 90, le chanteur natif de Narbonne, Charles Trenet, ne pouvait s’empêcher de s’y faire déposer par son chauffeur, lorsqu’il pensait venir retrouver ses Jeunes années à Perpignan… Et les Pyrénées (qui) Chantent au vent d’Espagne  (…). Camille Otero a baptisé sa brasserie en souvenir de son grand père qui tenait le “Café Vienna” à Madrid, avant la guerre civile espagnole. Les fans perpignanais et canétois des années 1990-2000 se souviendront également d’une autre table célèbre fondée par Camille Otero malheureusement aujourd’hui disparue, le “Mas Vermeil”, à Cabestany, pour laisser place à un programme immobilier (villas et logements collectifs).

 

L.M.