Jean Vila, maire de Cabestany et conseiller général, en discussion avec sa collègue conseillère générale du canton Perpignan V, Ségolène Neuville.

Vice-président de l’agglo PMCA (Perpignan-Méditerranée Communauté d’Agglomération), maire de Cabestany et conseiller général (canton Perpignan III), Jean Vila (PCF) s’explique sur les raisons qui l’ont amené à ne pas voter le rachat de la coopérative Plaine du Roussillon par l’Agglo…

“La toute première raison est que j’ai découvert ce dossier en ouverture de la séance des maires de vendredi dernier.
Il est toujours difficile et dangereux de donner son opinion sans en connaître tous les éléments et aussi de rappeler que tous les maires ne sont que les représentants des conseils municipaux. Le premier principe de démocratie voudrait que les élus municipaux puissent connaître le fond du dossier.

Le président de l’Agglo – Ndlr. Jean-Paul Alduy (Parti radical), de par ailleurs 1er adjoint de la Ville de Perpignan et ex-sénateur – en toute objectivité, et avec beaucoup de réserve, précisait un certain nombre d’informations.
Les difficultés de la coopérative seraient le fait d’une mauvaise gestion latente depuis plusieurs mois, entrainant le non paiement de leur produit aux producteurs adhérents de la coopérative.
L’agglo rachèterait l’ensemble immobilier pour 2,5 millions d’euros pour pouvoir payer les producteurs.
Les locaux seraient ensuite loués à la coopérative, le montant des loyers résultant des annuités serait plus élevé que la capacité financière de la coopérative. pour avoir un loyer accessible à ses moyens, il faut que l’Etat et la Région subventionnent.
A la date de la discussion, il n’y avait aucune garantie ni de l’Etat ni de la Région.
Il nous a été rapporté que Monsieur le préfet aurait quelques inquiétudes sur les crédits affectés à ce genre d’opération. Suite à quoi le président de l’agglo a interpelé les parlementaires pour qu’ils se rapprochent des ministères.

Ces aides soutenues, la coopérative sera-t-elle sauvée ? Beaucoup d’incertitudes. Un des maires agriculteur en doute, justifiant qu’il est difficile d’équilibrer les comptes lorsqu’ils vendent les produits à perte c’est-à-dire moins cher que leur prix de revient.
Un autre maire justifiant les difficultés de l’agriculture par l’incompétence des anciens dirigeants du monde agricole du département. Il oublie tout simplement que notre département n’est pas le seul à connaître le marasme agricole, il occulte ainsi la responsabilité de l’Etat dans la conduite de la Politique agricole commune (PAC).

C’est vrai que pour les parlementaires, reconnaître cette réalité leur est difficile. Il est beaucoup plus facile de faire payer les contribuables de l’agglo que de s’attaquer aux vraies raisons.

Une telle attitude de leur part est de se dédouaner vis-à-vis des agriculteurs.
Quant à dire que c’est une opération blanche pour l’agglo, rien n’est moins sûr. Le président a rappelé qu’elle était intervenue dans un cas similaire, le SOPRO. Résultat : les locaux sont toujours vides après trois ans, les mensualités de l’empunt coûtent déjà 600 000 euros à l’agglo et ce n’est pas fini. Mais compter sur la revente des locaux et des terrains pour récupérer les fonds investis, c’est condamner par avance la coopérative.

Un dernier élément qui me parait dangereux, ce sont les précédents créés.

L’agglo va-t-elle être le sauveur de toutes les entreprises en difficultés ? (…).

Tout cela ne me paraît pas très sérieux. Si aujourd’hui, les agriculteurs sont en réelles difficultés, une coopérative mal gérée, ce n’est quand même pas la faute de l’agglo. Les banques, mais cela nous le savons depuis longtemps, refusent les prêts nécessaires au maintien de l’économie, elles ne veulent plus prendre de risques. L’agglo apporte ses garanties, mais jusqu’à quand ? Les banques savent que les collectivités pourront payer, quitte à faire payer les contribuables. L’Etat se défausse et a des difficultés à s’engager.

C’est pour toutes ces raisons que je n’ai pas voté ce dossier. Il y a urgence, disent les banquiers. Il faut que les maires s’engagent dès aujourd’hui. Ce dossier est trop important, comporte trop d’inconnues pour une telle précipitation, surtout que certains maires absents ont été consultés par téléphone.

La décision finale aura lieu le 30 janvier 2012, sans éléments nouveaux, je ne vois pas comment je pourrais changer d’avis”.