(Vu sur la Toile)

 

L’ex-leader des Gilets Jaunes Christophe Chalençon emprisonné après des menaces contre une journaliste
(Article de Paul Conge • Rédaction du magazine Marianne)

 

Marianne.- Christophe Chalençon, ancienne figure médiatique des Gilets Jaunes, avait été reçu par le premier minsitre comme représentant du mouvement à Matignon. Sa dérive complotiste et ses appels à l’insurrection l’a conduit devant les tribunaux.

Ses appels à l’insurrection lui ont déjà valu deux – rarissimes – condamnations pour « provocation à s’armer contre l’État ». Mais les poursuites judiciaires n’arrêtent pas Christophe Chalençon. Mercredi 8 février, le tribunal correctionnel de Carpentras l’a condamné à huit mois de prison ferme pour ses menaces contre une journaliste de La Provence, a appris Marianne de sources judiciaires.

Le forgeron du Vaucluse fait ainsi preuve d’une remarquable constance : il y a seulement trois semaines, le 19 janvier, il avait déjà écopé d’une peine de huit mois d’emprisonnement par le même tribunal, pour un appel à prendre les armes. Cette fois, la sanction est assortie d’un mandat de dépôt. Jugé en comparution immédiate, il a été incarcéré dans la foulée.

Ses dernières vidéos, diffusées sur les réseaux sociaux, témoignent de sa violente glissade. Le 19 janvier, dans cette fameuse vidéo où il cible une journaliste de La Provence pour un article qui lui avait déplu, il la menace de mort et de couper ses doigts.

Dans une autre, diffusée en direct sur sa chaîne Youtube, le 28 décembre, il s’emporte contre « Macron, les globalistes et Attali ». « Si je rencontrais ces hommes-là, je les abattais sur-le-champ », lançait l’ancien porte-parole des Gilets Jaunes, derrière sa barbe grisonnante. Et à cette liste d’hommes à abattre, il ajoutait aussitôt une autre personnalité : « Il y en a un que j’oublie pas, c’est celui qui a l’accent du sud-ouest, le docteur qui passe sur les Grandes Gueules, qui se la joue, avec beau costard et compagnie… Un jour je vais le croiser. » Un autre intervenant de ce « live » devinait le nom du « docteur » en question : Jérôme Marty, médecin-chroniqueur des « Grandes Gueules » sur RMC.

Propos génocidaires

« Rien qu’avec mes dents, je lui retire la vie », clamait ensuite Christophe Chalençon à propos de Jacques Attali, une de ses têtes de Turc habituelles.

À de multiples occasions, il a menacé d’« exécuter » et de « pendre » l’essayiste, ce pour quoi il avait été condamné à une amende et six mois de prison avec sursis. Mais c’est un autre intervenant qui faisait prendre à ce direct sur Youtube une tournure franchement nauséeuse : au micro, Maximus le Clément, pseudonyme d’un autre diffuseur de contenus conspirationnistes, s’en prenait aux « usuriers », désignant implicitement aux juifs, en les assimilant à des « cafards » à « sanctionner » : « Il ne doit plus rester aucun de cette descendance infernale (sic) ». De son côté, Chalençon acquiesçait : « Ces gens devraient être net-toy-és. Et nous allons les abattre. »

« Ce ne sont pas tellement les menaces qui m’ont choqué, j’en reçois des milliers, c’est l’antisémitisme et les propos génocidaires », a réagi auprès de Marianne Jérôme Marty. Il a déposé plainte le 10 janvier à la gendarmerie de Fronton (Haute-Garonne). « Il y a vraiment une volonté exprimée et construite de tuer les Juifs parce qu’ils sont Juifs. De la part d’un ex-gilet jaune, qui a une certaine autorité, ça peut avoir un impact et faire vriller les gens les plus fragiles qui l’écoutent », s’inquiète le médecin, lui-même régulièrement victime de tentatives d’intimidations de la part militants antivax. Le parquet de Carpentras, destinataire de cette procédure, devrait bientôt se prononcer sur les suites à donner à cette série de menaces formulées par Chalençon.

Depuis l’essoufflement des Gilets Jaunes, Chalençon semble se radicaliser de jour en jour. Et ce alors qu’au temps des ronds-points, le quinquagénaire faisait figure de modéré : il est invité sur les plateaux de télévision, se mêlait aux rares Gilets Jaunes reçus à Matignon…

Pourtant le forgeron rêvait déjà d’une prise de pouvoir par l’armée, exhortant, à l’époque, à faire du général Pierre de Villiers, tout juste limogé par Macron, le chef d’un gouvernement de transition. Juste avant le premier déconfinement, en 2020, Chalençon tente même ce coup par ses propres moyens. Il annonce un plan fumeux d’« assiéger Paris (…) avec d’anciens généraux » et finit menotté par des policiers, le 8 mai, dans les rues de la capitale. Plus tard, aux législatives de 2022, se présentant avec son micro-parti Evolution citoyenne, Chalençon cause un certain émoi en mettant sur sa liste le criminel Germain Gaiffe, aussi connu sous le nom du « dépeceur de Montauban ». Depuis son échec aux urnes, le forgeron préfère s’épancher en texte et en vidéos sur ses pages Facebook, Youtube, et la plate-forme Odysee.

Pustch contre les “félons”

Sur Odysee, une de ses dernières vidéos, datée du 5 janvier, donne un aperçu de sa dégringolade dans le conspirationnisme antisémite : il vitupère contre « ces gens [qui] ont pris possession de la finance » en citant « Rothschild », « Soros » ou encore « Bilderberg » et « leurs serviteurs » : « Il n’y a pas 36 solutions, soit nous arrivons à nous unir pour les éliminer, je dis bien les éliminer. Nous devons les attraper, les juger, et les éliminer. Ceux qui auront donné les ordres c’est-à-dire les Klaus Schwab, les Harari et j’en passe, les Attali, doivent être exécutés ». Quelques jours plus tard, sur une de ses pages Facebook, il relaye des citations du militant négationniste Robert Faurisson niant l’existence de chambres à gaz.

Il a bien conscience que ses propos lui causeront des ennuis judiciaires. « Quitte à aller encore devant les tribunaux de l’Inquisition républicaine, sioniste et maçonnique » commence-t-il dans sa dernière vidéo, avant de dévoiler un vague plan d’action : « Des groupes armés sur l’intégralité du territoire de France et d’outre-mer [seront] constitués. Ces groupes de résistants (…) auront, de manière chirurgicale, à nettoyer tous les félons la nation France ». La date de ce coup d’Etat ? D’ici deux mois. Mais pas sûr que Chalençon, qui a déjà quatre condamnations à son actif, trouve grand monde pour le suivre dans sa folie putschiste. (Source Marianne)