Trente ans après feu Jacques Chirac, trois décennies plus tard : lors d’une interview-fleuve à destination des “djeunes” accordée au média en ligne Brut (fiancé à France Info), le Président de la République Emmanuel Macron a voulu s’adresser plus spécialement aux jeunes français issus de l’immigration… et pour cela il nous chante à nouveau un refrain maintes et maintes fois entendus depuis les années 90 : en gros, si les jeunes français issus de l’immigration africaine (principalement) n’ont pas réussi à s’intégrer c’est tout simplement la faute à la République ! Et dans la foulée on nous ressert le couplet de la repentance. Mais combien de temps diantre cela va-t-il encore durer ?

Le pire dans tout cela, c’est que le Président Macron se veut sincère, comme à chaque fois d’ailleurs, haut-perché sur son piédestal, auréolé du feu sacré élyséen. Le style visuel face aux caméras (cor)rompues à l’exercice n’est pas sans nous rappeler un certain Cahuzac : “Je vous le dis les yeux dans les yeux”*… la main sur le coeur (pour battre la chamade)… Une fois de plus, Emmanuel – avec tout le respect dû à la fonction – nous la joue à l’envers : un pas en avant, deux pas en arrière ! Mais aujourd’hui la méthode – terrifier les uns et les autres puis les rassurer, les bercer en s’appuyant sur les trois grand-mères (le journal, la radio et la télévision) – prend l’eau de toutes parts.

Le disque est rayé, les mêmes mots sont usés par les mêmes “suspenses”, les mêmes coups de théâtre, les mêmes tâtonnements… la magie du verbe, dans sa bouche en tout cas, ne fonctionne plus. L’Heure de vérité a sonné : le locataire de l’Elysée doit rapidement se ressaisir face à la chienlit qui s’installe en France, qui depuis quelques semaines a envahi, gangréné et stressé la Ve République.

A minima, s’il persiste dans ce climat ambiant délétère et corrosif, Emmanuel Macron pourrait être amené à dissoudre l’Assemblée Nationale, dès la sortie de la crise sanitaire COVID-19. Car la confiance entre les gouvernants et les gouvernés n’existe (presque) plus. Chaque jour qui passe, il montre un peu plus qu’il n’est pas à la hauteur du job, incapable de tenir la nursery. Et le poste de garde, cela va de soi.

L’intervention d’hier du Président de la République sur le média en ligne Brut marquera un tournant dans le quinquennat, tellement celle-ci a été pitoyable, lamentable… et hallucinante. En ébouriffant maître d’école dans le monde des cocos (c’est une image), le  président a voulu nous entraîner vers un pays de Cocagne, dont les adolescents seraient les monarques régnants, mais il a plutôt fait trébucher la République en croyant faire pépite de tout bois, et en rendant à César ce qui ne lui a jamais appartenu !

Quels messages doit-on, peut-on, retenir, retirer, de cette catastrophique et surtout inutile intervention ? Aucun. Pas même un seul pour ensoleiller notre avenir d’ici la prochaine élection présidentielle.

S’adressant au jeune public des réseaux sociaux, hier toujours chez B(r)ut, encore & encore, Emmanuel Macron a lancé : “La République vous reconnaît” et “vous êtes une chance pour elle. Et donc votre histoire individuelle est une partie de notre histoire et de l’identité française (…)”. Il a même plaidé pour l’enseignement de l’arabe à l’école de la République “dans un souci de lutte contre le séparatisme mais aussi de reconnaissance”… Allez en parler à celles et ceux qui se battent depuis des lustres pour la défense des langues régionales, que ladite République ne veut toujours pas reconnaître, et qui pourtant sont ancrées dans notre patrimoine depuis bien avant l’arrivée de l’immigration africaine. Alsaciens, Basques, Bretons, Chouans, Chtimis, Corses, Occitans, Savoyards, etc.-etc., devront-ils jouer des coudes séparatistes pour obtenir l’enseignement de leur langue à l’école de la République ? C’est absurde, incompréhensible.

En même temps, en perdant pied devant les événements qui secouent le pays, Emmanuel Macron fracture la France gravement… C’est, air (re)connu, diviser pour mieux régner. Mais à l’ère d’Internet, cela ne pourrait durer que le temps d’un double-clic…

 

L.M.

 

*”Les yeux dans les yeux”, phrase culte de l’ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, qui a démenti durant quatre mois posséder un compte en Suisse, puis à Singapour. Avant d’avouer les faits, le 2 avril 2013, devant les juges d’instruction, et de regretter le mensonge. Le jour de l’ouverture d’une information judiciaire, le 19 mars 2013, le président de la République François Hollande, annonce le départ de son ministre du gouvernement;