Récemment, certains médias et des élus catalanistes de gauche des P-O ont cloué au pilori Christopher Daniel Person, 32 ans, nommé l’année dernière à la tête de la Casa Generalitat de Perpignan*, ce en lui reprochant de refuser d’employer le terme “Catalogne Nord” pour désigner le département des Pyrénées-Orientales…
Le problème, dans le cas présent, c’est que Christopher Daniel Person a peut-être raison de ne pas utiliser le terme générique de “Catalogne Nord” pour résumer simplement l’Histoire et la géographie territoriale, non seulement du département des P-O mais également du Roussillon, et ce sous divers arguments, dont l’un d’entr’eux pourrait suffire à apprécier ce rejet : l’idéologue toujours considéré comme le père fondateur du catalanisme nord-catalan moderne : Alfons Mias himself !
C’est en effet à cet Alfons Mias en personne, que la Municipalité d’Argelès-sur-Mer a décidé d’honorer, sous l’impulsion de l’équipe actuelle aux commandes de la Ville et dirigée par Antoine Parra (Divers Gauche/ DvG), ce en lui attribuant le nom d’une rue… Qu’elle refuse aujourd’hui, en dépit de l’évidence et de la connaissance de faits historiques prouvés, de la débaptiser**.
Cela fait maintenant plusieurs années, dans l’indifférence la plus absurde des milieux catalanistes roussillonnais et des associations locales de lutte contre le racisme et l’antisémitisme – LDH/ Ligue des Droits de l’Homme et SOS Racisme notamment -, pourtant informées, que la rédaction de Ouillade.eu met régulièrement sur la table cette ignominie et, par conséquent, ce détournement de l’Histoire.
Idéologue, décédé à 46 ans dans des conditions particulièrement mystérieuses, sur un banc public à Barcelone le 15 mars 1950, dans l’Espagne franquiste où il s’était réfugié, Alfons Mias est effectivement considéré comme le père fondateur du catalanisme nord-catalan moderne. Parce qu’il dédia sa vie à la défense et à la promotion de la langue et de la culture catalanes et lutta pour l’unité politique de la Catalogne. Il est à ce titre l’inventeur du terme Catalogne du Nord (Catalunya del nord) pour désigner les territoires catalans de France.
–“D’abord proche des idées du mouvement d’extrême droite l’Action française, peut-on lire sue Wikipédia, il se convertit dès 1930 au catalanisme après avoir vépousé une jeune barcelonaise. Ses convictions pro-catalanes furent rapidement diffusées dans la presse locale notamment Le Courrier de Céret. Mias fut également un pédagogue par le biais de ses cours publics et gratuits de catalan, à une époque où la langue était interdite, qu’il donna en 1933 à Amélie-les-Bains-Palalda” ; la commune du Vallespir où il est né et dont il fut le secrétaire de mairie, de la fin des années 30 jusqu’au début des années 40 !
C’est d’ailleurs l’époque, durant la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle il dénonce des juifs, des résistants, des communistes, munis de faux papiers d’identité, lesquels seront ensuite déportés. Après avoir commis ce sale boulot, “au nom de la Catalogne du Nord” (!), il est contraint de s’exiler à Barcelone, dans l’Espagne franquiste… où il meurt en 1950.
Depuis quelques temps, certains essaient d’atténuer, voire carrément d’effacer la face cachée, ombrageuse et inquiétante d’Alfons Mias, notamment sur les réseaux sociaux pan-catalanistes, en réécrivant l’histoire de Mias à leur façon.
Les catalanistes des P-O et les élus de gauche qui, aujourd’hui, s’offusquent médiatiquement que le jeune directeur de la Casa de la Generalitat de Perpignan, Christopher Daniel Person, refuse d’utiliser le terme de “Catalogne du Nord” devraient revoir leur copie et, surtout, mesurer leur enthousiasme à l’égard d’une appellation inventée de toute pièce par un individu analysé aujourd’hui comme un “salaud”.
L.M.
*Christopher Daniel Person a été nommé Directeur de la Casa de la Generalitat à Perpignan, par le Gouvernement catalan qui siège à Barcelone (Espagne)
**En 2021, c’est une habitante d’Argelès-sur-Mer qui déclenche la polémique, choquée qu’une rue de la commune, nommée en l’honneur d’Alfons Mias, porte le nom d’un “antisémite reconnu”. Rue dans laquelle l’octogénaire argelésienne est provisoirement domiciliée avant d’émigrer au Canada.