Communiqué de presse.

 


“COVID-19 : Les filières longues doivent être sécurisées
L’actuelle crise sanitaire mondiale impacte l’ensemble des secteurs économiques et n’épargne pas le secteur alimentaire et ses filières. Frappées de plein fouet par la désorganisation des flux qui pourrait conduire à une surproduction sur certains produits dû à l’engorgement des débouchés, les filières de production sont fragilisées.

 

La Confédération paysanne tire la sonnette d’alarme sur la situation de nombreux et nombreuses paysan.ne.s.
De nombreux débouchés sont bloqués ou limités. Pendant les quelques jours qui ont précédés la période de confinement les ventes de la grande distribution ont explosées. Ce qui l’a conduite à se réapprovisionner massivement en délaissant la diversité des gammes tels que les fromages à la coupe et la boucherie traditionnelle. La situation semblerait se régulariser mais il s’agit d’être vigilants pour tous les paysan.ne.s quel que soit leur mode de commercialisation: l’export, la restauration hors domicile, la vente sur les marchés.
Le contexte actuel de pic de production printanière amplifie l’impact de la crise sanitaire pour les éleveurs.euses laitiers. Le danger premier est que l’industrie accumule les excédents laitiers sous forme de beurre ou de poudres. Comme à chaque fois, cette accumulation des stocks amènera une chute du prix du lait à la ferme, et les éleveurs en pâtiront directement. Comme pour le chômage partiel et ainsi que le permet le règlement européen, il faut mettre rapidement en place un dispositif incitatif de réduction des volumes de la production laitière. Ce dispositif national devra être élargi au niveau européen afin de ne pas pénaliser les producteurs.trices français une fois la crise sanitaire terminée.
Il en est de même pour les traditionnelles ventes d’agneaux et de chevreaux de Pâques, qui sont mises à mal par la crise actuelle. Certains abattoirs anticipent la baisse de la demande en refusant de prélever les agneaux dans les élevages, au détriment des éleveurs et des éleveuses qui ne peuvent plus écouler leurs productions. Cela engendre une importante perte de chiffre d’affaire pour ces éleveurs.euses, immobilisé.e.s en pleine saison de production. Les agneaux et chevreaux sont alors stockés sur les fermes avec le risque de déclassement des produits (animaux trop lourds et trop gras), une charge d’alimentation élevée pour nourrir les animaux non vendus et un décalage des sorties qui désorganisent les filières.
Les entreprises de collecte, d’abattage et de transformation tournent parfois au ralenti pour cause de sous-effectif. Le plan de continuité d’activité ne résiste pas sur tous les territoires à l’ampleur de la crise sanitaire. Il faut absolument garantir le fonctionnement de ces entreprises afin de sécuriser les activités de production, activités inclues dans les priorités actuelles du gouvernement.
La Confédération paysanne alerte sur le risque d’effondrement des prix aux producteurs et l’impasse dans laquelle vont se retrouver de nombreux et nombreuses paysan.ne.s.
La Confédération paysanne demande, au même titre que pour le personnel de santé, qu’une attention et un soutien particulier soient apportés à celles et ceux qui nous nourrissent chaque jour. Il faut d’urgence une réponse politique d’envergure, afin de garantir le bon fonctionnement des filières de production et soutenir la pérennité des fermes qui devront assurer leurs fonctions, bien au-delà de cette crise”.