(Vu sur la Toile)

 

Jean Castex, Premier ministre (@SIPA), ancien maire de Prades-en-Conflent.

(Par François Vignal, L’Obs)

 

Le Nouvel Obs.- Une élection peut en cacher une autre. Après la présidentielle, le premier ministre pourrait viser les sénatoriales de 2023 dans les Pyrénées-Orientales, selon L’Obs. « Il ne s’est pas posé la question plus que ça de ce qu’il veut faire après », tempère Matignon. Beaucoup estiment cependant qu’il a le profil. « Il a une très grande notoriété personnelle ici », reconnaît François Calvet, le sénateur LR des Pyrénées-Orientales.

Seuls 1 800 mètres séparent à pied Matignon du Sénat. De quoi donner des idées à Jean Castex ? Selon un indiscret de L’Obs, « Jean Castex pourrait, après Matignon, songer à se présenter aux prochaines sénatoriales qui auront lieu en septembre 2023 ». Le premier ministre viserait son fief des Pyrénées-Orientales, où il occupait les fonctions de maire de Prades et de conseiller départemental.

Les deux sénateurs en place, François Calvet et Jean Sol, sont LR. Mais le premier, après « trois mandats de députés, deux de sénateurs, 24 années comme maire et 14 ans au conseil régional », ne se représente pas… Les deux hommes se connaissent bien. « C’est moi qui l’ai fait venir à Prades. J’étais député de la troisième circonscription, où il est », explique François Calvet. Mais il l’assure, « on n’a jamais parlé des sénatoriales. Je n’en sais rien. Il ne m’a pas confié de secret ». Le sénateur sait bien « qu’il aime le Sénat, car son grand-père, Marc Castex, a été sénateur », rappelle François Calvet, « et son grand-père comptait beaucoup pour lui. Il lui a donné le goût de la vie publique ».

 

 

« Par définition, on ne peut pas l’exclure »

 

Contacté, Matignon tempère l’idée d’un futur du côté du Palais de Marie de Médicis pour le premier ministre. « Il ne s’est pas posé la question plus que ça de ce qu’il veut faire après. Il est pleinement à la tâche. Et 2023, ça reste encore loin. Après, par définition, on ne peut pas l’exclure, étant donné qu’il ne s’est posé la question de l’après », dit-on du côté de Matignon à publicsenat.fr.

L’idée a pu être évoquée, sans plus. Si rien ne semble réellement pensé ou décidé pour l’heure, reste que Jean Castex a le profil. Fraîchement nommé à Matignon, cet élu local n’avait que le mot territoire à la bouche. « Il faut faire confiance aux territoires […] La France des territoires, c’est la France de la proximité. […] Libérer les territoires, c’est libérer les énergies », avançait le premier ministre lors de son discours de politique générale devant le Sénat, le 16 juillet 2020. Du sénateur dans le texte. « C’est vrai que ça colle, je l’aurais bien vu là-dedans », glisse une personne qui le connaît.

 

« Il a le profil, mais il peut avoir d’autres ambitions »

 

De son côté, François Patriat, à la tête du groupe des sénateurs macronistes, assure n’avoir « jamais entendu Jean Castex en parler ». « Il a le profil, mais il peut avoir d’autres ambitions. Et venir au Sénat pour être sénateur de base, je ne sais pas si ça l’intéresserait », ajoute le sénateur LREM de la Côte-d’Or. « Il a besoin d’un peu plus d’action qu’un mandat de sénateur. Etre astreint à être dans l’hémicycle, pas sûr que ça colle à sa personnalité », ajoute un observateur. Il est vrai que les longues heures du budget ou les séances de nuit sont un plaisir singulier.

S’il décide de se lancer, Patrick Kanner, président du groupe PS, ne serait pas surpris. « Le fait que Jean Castex souhaite intégrer le Parlement ne me choque pas. Ce ne serait pas illégitime, en tant qu’ancien premier ministre, puisqu’il le sera a priori. Et il a une personnalité qui colle mieux au Sénat qu’aux débats parfois excessifs de l’Assemblée. Nous sommes la chambre de la sagesse », souligne le sénateur PS du Nord. L’ancien ministre de la Ville remarque qu’« après, il faut passer le stade des grands électeurs. Et il a quand même été battu aux législatives. Et si Emmanuel Macron n’est pas réélu, tout le système explose. Il n’y a plus de macronie. Donc 2023, c’est très loin. Il y a quelques plats à avaler avant… ».

 

« Il a gardé des amitiés fortes dans nos rangs LR »

 

Pour ne rien arranger, l’implantation locale de LREM est faible dans les Pyrénées-Orientales, comme ailleurs dans le pays. « Au point de vue des mairies, personne n’est affiché LREM », souligne François Calvet. « Après, il aurait ses chances, car il a une très grande notoriété personnelle ici. Et il est premier ministre maintenant. Dans sa communauté de communes, il a su fédérer quarante-sept communes qui ne sont pas du tout marquées à droite, mais bien plus parfois à gauche. Et ça, il a su le faire très bien », salue le sénateur LR.

Jean Castex pourrait jouer sur cette équation personnelle, facteur essentiel aux sénatoriales, et son passé politique marqué à droite. « Il a gardé des amitiés fortes dans nos rangs ici », glisse François Calvet. Il vaudrait mieux pour être élu. Car « si on a perdu Perpignan », rappelle le sénateur, « toutes les mairies autour sont LR ».

 

Et la présidence du Sénat ?

 

Dans l’hypothèse où Jean Castex se présentait et serait élu, ce qui fait beaucoup de « si », pourrait-il viser plus haut, à savoir le plateau, c’est-à-dire la présidence du Sénat ? On avait déjà prêté de telles intentions au ministre Sébastien Lecornu, élu sénateur en septembre 2020. Mais dans l’immédiat, ça semble impossible. En 2023, le corps électoral, composé à 96 % par des conseillers municipaux, sera le même. Il faudrait d’énorme changement, lors des municipales de 2026, pour espérer faire basculer le Sénat. Et resterait un autre obstacle : comme dit François Calvet, « tant qu’il y aura Gérard Larcher, je ne vois pas qui peut le battre. Il a des ramifications, si je puis dire, tentaculaire, dans tous les groupes. Il est très apprécié, très consensuel ».

Si Jean Castex était un jour élu à la Haute assemblée, ce ne serait pas une première pour un ancien premier ministre. Jean-Pierre Raffarin a déjà ouvert la voie. Publicsenat.fr évoquait aussi, en 2011, les ambitions de Lionel Jospin, qui rêvait de passer de l’Ile de Ré au Palais. Mais c’était un poisson d’avril.