Serge Pallarès, 66 ans, natif de Saint-Cyprien, est sans aucun doute le meilleur ambassadeur de la façade maritime de la Région Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée. Ses différents mandats à l’échelon local, régional et national, au fil de sa carrière – qui est loin d’être achevée ! – constituent de précieux atouts pour naviguer dans l’industrie nautique et, forcément, surfer sur les activités touristiques qui en découlent
De la Costa Brava à la Camargue : la Méditerranée n’a pas de secret pour lui. Fleuves, rivières, canaux et lacs compris. Il a jeté l’ancre sur tout le territoire, en bon capitaine.
L’expérience acquise, son savoir-faire, son sens des contacts humains, sa facilité à construire des liens, à connecter des réseaux, à amariner un équipage, à arborer le pavillon de la FFPP ou de l’UVPO… ce sont là autant d’éléments qui lui ont permis de garder le cap, notamment quand il s’agit de rassembler des acteurs publics et privés pour favoriser nos ports, pour dynamiser nos mobilités fluviales, pour consolider ce secteur essentiel de l’activité économique de la région. Et répondre ainsi aux grands défis, comme celui de la transition écologique, par exemple, ce en anticipant, en activant un éventail de solutions innovantes. Il le montre tous les jours à la tête de l’Union des Villes Portuaires d’Occitanie (l’UVPO), structure régionale qui fédère 53 ports, avec 30 000 places de bateaux à flot, soit encore 20% de la capacité des places en France !
L.M.
-Ouillade.eu : quels sont le rôle et le poids de l’Union des Villes Portuaires d’Occitanie (l’UVPO) ?
Serge Pallarès : “L’UVPO fédère aujourd’hui 53 ports, dont 34 ports maritimes et 19 ports fluviaux.
Notre région Occitanie, avec 30 000 places de bateaux à flots, représente 20% de la capacité des places en France. Près de 5 000 plaisanciers sont sur liste d’attente pour des places dans les ports d’Occitanie.
Le tourisme fluvial est marqué par une forte clientèle étrangère (61% du total) ; les étrangers représentent jusqu’à 96% de la clientèle des péniches-hôtels et 63% pour la plaisance locative. La plaisance maritime est essentiellement basée sur une clientèle française : seulement 7% de plaisanciers « étrangers ».
S’agissant du poids économique de la filière nautisme et plaisance, la répartition est de : 1 834 entreprises en région Occitanie et 2 804 emplois (source : étude réalisée en 2023 par le cabinet EDATER pour la Région Occitanie). Ports de plaisance : 560 emplois ; secteur de l’Industrie et des services : 1 856 emplois ; Sports et loisirs nautiques : 418 emplois. Le chiffre d’affaires annuel est de 550 M€. Soit pour les Ports de plaisance : 95 M€ ; Industrie et services : 370M€ ; Sports et loisirs nautiques : 75 M€”.
-Ouillade.eu : quels sont les projets importants et innovants, portés par l’UVPO ?
Serge Pallarès : “Les villes portuaires des Pyrénées-Orientales sont particulièrement dynamiques dans les projets de développement.
-Sainte-Marie : lauréat de l’Appel à Projet nation Ports d’Avenir. Développement d’un port « Nature » en plusieurs étapes. Cette année : phase 1 d’aménagement des berges sud et extension de pontons cinquante-trois places supplémentaires. En 2028 : phase 2 réalisation des ouvrages extérieurs de protection.
-Canet-en-Roussillon est port pilote reconnu dans les solutions pour limiter la consommation en eau : aménagement d’une station de rinçage à flot, d’une unité de traitement des eaux sales et pluviales de l’aire technique. 2026/2027 : extension du Pôle Nautique (ZAC), création d’un nouveau bassin, extension de l’aire technique.
-Argelès sur Mer : la ville est lauréate de l’Appel à Projet nation Ports d’Avenir. Au programme, rénovation du port et adaptation au changement climatique (hausse de niveau de la mer) : renforcement de la digue, rehaussement des quais jusqu’à 60 cm, réaménagement global du plan d’eau, rénovation des pontons, nouvelle capitainerie, nouveau bassin…
-Port-Vendres : engagement du port dans la transition énergétique, avec l’ambition de diviser par deux la consommation énergétique des bâtiments et des équipements ; optimisation du réseau électrique HT, toiture photovoltaïque, développement de la thalassothermie pour les groupes froids…
-La Grande-Motte, dans l’Hérault : projet de ville port. L’objectif est de faire face au changement climatique et à l’élévation du niveau marin : rehaussement du niveau des quais et de la digue Ouest, confortement de la digue Est. Lien ville-port : créer une balade de un kilomètre le long du port, changer l’image des quais et les connecter au centre-ville. Amélioration des services proposés aux usagers : réaménager le port afin d’offrir une grille de mouillage plus adaptée à la demande. Le projet intègre également la création d’une annexe de la capitainerie, le développement de solutions 2.0 pour une gestion optimisée du port. Un port vertueux avec la mise en place d’un système de traitement des eaux de carénage dernière génération ou encore le développement de solutions alternatives à l’utilisation d’eau potable. Déplacement et extension de la zone réservée aux chantiers de construction…
-Palavas-les-Flots, également dans le département de l’Hérault : s’engager pour limiter l’empreinte carbone des ports : mise en place de la première station bio-éthanol en France dans un port de plaisance. Projet à venir : développement d’une solution innovante de production d’eau douce par un générateur d’eau atmosphérique
-Gruissan, dans l’Aude : beaucoup d’innovations réalisées ces dernières années dans la commune avec, notamment, la création d’une écogare à la capitainerie, le village de lodges flottants dans une partie délaissée du port, etc.-etc.”.
-Ouillade.eu : quels sont les atouts de l’UVPO dans le contexte économique et touristique régional actuel ?
Serge Pallarès : “L’Union des Villes Portuaires d’Occitanie joue aujourd’hui un rôle stratégique dans le développement et le rayonnement économique, touristique de notre région.
Nos ports, grâce à leur diversité, commerces, pêche, plaisance, croisières, sont à la fois moteurs économique et pôles d’attractivité touristique. Ils accueillent chaque année des millions de visiteurs, attirés par notre littoral, nos activités nautique et notre patrimoine maritime.
Nous sommes également pleinement engagés dans la transition écologique : électrification des quais, gestion durable des déchets, réduction des émissions, formation… nos ports deviennent des références en matière de durabilité.
Notre association, notre union, permet de mutualiser les forces des villes, de nos ports, de renforcer la coopération régionale et transfrontalière, de valoriser notre identité portuaire, à la fois économique, culturelle et touristique.
En somme, les ports d’Occitanie, à travers l’Union, sont des leviers essentiels pour un développement équilibré, durable et attractif de notre territoire régional”.
-Ouillade.eu : Vous avez été pendant plusieurs mandats président de la FFPP. Qu’est-ce que cette période vous a appris et qui vous a permis d’agir plus aisément à la tête de l’UVPO ?
Serge Pallarès : “La Présidence de la Fédération Française des Ports de Plaisance (FFPP) m’a permis d’avoir une vision nationale des enjeux portuaires et de leurs territoires, aussi bien en termes d’infrastructures, de transition écologique que de développement économique et touristique.
J’ai pu travailler en lien étroit avec l’Etat, les Collectivités, mais aussi avec les professionnels du nautisme, ce qui m’a donné une compréhension précise des attentes des territoires littoraux et des usagers.
Ces années d’engagement au plus haut niveau, m’ont également appris l’importance du dialogue entre les différents acteurs et de la mutualisation des expériences.
C’est cette approche que j’ai voulu insuffler à l’Union des Villes Portuaires d’Occitanie : créer un réseau régional fort, capable de porter une stratégie cohérente pour le développement durable de nos ports, en valorisant leur rôle dans l’économie bleue, la transition énergétique et l’aménagement du territoire”.
-Ouillade.eu : votre carrière sportive, au rugby à XIII, qui vous a permis d’être plusieurs fois sélectionné en équipes de championnat, vous a-t-elle servi pour “jouer collectif” dans vos divers mandats ?
Serge Pallarès : “Absolument, ma carrière sportive au Rugby à XIII, notamment au sein du XIII Catalan et en équipe de France, a été déterminante dans la construction de mon esprit collectif.
Le rugby est un sport d’engagement, de solidarité et de respect des autres. On y réussit jamais seul : chaque action dépend d’un travail d’équipe, d’une confiance mutuelle et d’une vision partagée du but à atteindre.
Ces valeurs, je les ai naturellement transposées dans mes mandats.
Travailler en équipe, écouter, fédérer autour d’un projet commun, savoir accepter les différences et les mettre au service de l’intérêt général, sont des réflexes acquis sur le terrain que j’applique chaque jour dans ma vie publique”.
-Ouillade.eu : votre nom est souvent cité s’agissant de prochaines échéances électorales. Avez-vous pris, arrêté, une décision ? Y pensez-vous le matin en vous rasant ?
Serge Pallarès : “Je sais que, comme à chaque échéance électorale, certains aiment et s’amusent à faire circuler des noms, parfois plus vite que les idées. Le mien en fait partie, parait-il. Mais soyons clairs : ce n’est pas ma priorité. Aujourd’hui, j’ai des responsabilités concrètes, des engagements envers les ports et leurs territoires et je m’y consacre pleinement. Je ne joue pas avec les postures ou les ambitions personnelles, surtout quand les enjeux du moment exigent du sérieux et de la stabilité. Mon rôle, c’est d’agir, pas d’alimenter les commentaires de couloir.
Ah ! le fameux rasage du matin … Entre nous, quand je me rase, je pense surtout à rester digne, à faire les choses avec respect pour moi, pour les autres et pour ce que je représente. Comme le disait si justement Albert Schweitzer : « L’exemple n’est pas le principal moyen d’influencer les autres, c’est le seul. »…”.
-Ouillade.eu : quel est le défaut que vous trouvez le plus rédhibitoire, aussi bien dans le domaine professionnel que personnel ?
Serge Pallarès : “Les deux défauts que je déteste le plus, sont la mauvaise foi et la trahison.
 La mauvaise foi, parce qu’elle rend impossible tout dialogue honnête.
 La trahison, parce qu’elle brise la confiance, souvent de manière irréversible.
Dans mes fonctions, j’ai appris que la loyauté est une valeur précieuse, parfois rare, mais essentielle pour construire des projets durables. On peut faire face à des désaccords, à des échecs… Mais quand la parole donnée est trahie ou que les faits sont niés par facilité ou stratégie, c’est l’humain qui vacille.
Pour moi, la confiance se construit sur la vérité, pas sur les faux semblants. Comme le disait si justement Albert Camus : « La trahison véritable, c’est d’oublier ses convictions »…”.
Propos recueillis par L.M.