(Intervention du groupe Les Ind̩pendants : unis pour agir en pays catalan РS̩ance publique du 11 mai 2023)

 

 

Photo, de gauche à droite : Grégory Marty, Julie Sanz, Benoît Castanedo, Annabelle Brunet, Jacques Garsau et Armelle Revel-Fourcade.

 

-“Madame la présidente, Chers collègues,

Comme nous pouvions le craindre et nous y attendre, la situation de sècheresse de notre département a conduit le préfet à prendre de nouvelles mesures de restriction d’usage de l’eau. La visite du ministre de l’Agriculture a mis nationalement en lumière toutes les difficultés qui sont celles de notre territoire pour faire face à ce phénomène climatique ainsi qu’aux conséquences qui en découlent.

La situation de crise est donc bel et bien installée et l’ensemble des acteurs s’en est saisi autour du préfet. Les maires, les élus, les associations et la chambre d’agriculture se rencontrent régulièrement et chacun s’implique pour proposer des solutions.

La question de la gestion de l’eau est devenue essentielle. Elle se pose pour le simple accès à l’eau potable, quatre communes en ont déjà manqué. Elle se pose pour le risque incendie et les premiers feux survenus ces derniers jours augurent d’un été périlleux. Les accès pour les pompiers tout comme les réserves disponibles sont très préoccupants. Enfin, la question de la gestion de l’eau est prégnante pour tout un pan de notre économie tant dans le tourisme et son afflux attendu d’estivants que dans l’agriculture.

A ce sujet, la semaine dernière, notre groupe d’élus a souhaité rencontrer les représentants de la chambre consulaire pour avoir des informations plus précises sur ce que traverse et se prépare à vivre le monde agricole.

Nous avons été reçus par sa présidente Fabienne Bonet, son vice-président, Claude Jorda, par le Directeur général Alain Halma et par la Directrice de la FDSEA* du département, Nathalie Capillaire. Nous avons d’abord été frappés par leur sentiment d’abattement face à la situation et à la multiplication des temps de rencontres institutionnelles mais aussi par leur volonté de faire des propositions. Cela a renforcé, si besoin en était, la dignité de cette profession si exposée.

Cette rencontre a été très instructive et pendant deux heures, nous avons pu balayer un nombre important de sujets sur cette thématique et plus précisément sur celle de l’eau et de sa gestion.

A son issue, elle nous permet de partager plusieurs constats :

– Tout d’abord, le monde agricole va sortir de cette crise fortement impacté puisqu’on parle de scénarios allant de trois cents millions à six cents millions d’€uros pour les plus pessimistes. Derrière la froideur des chiffres, je vous laisse penser aux familles d’agriculteurs qui voient leur travail anéanti, aux salariés qui vont perdre leur emploi, aux territoires qui hébergent toute cette économie, etc.

– Ensuite, il est établi que cette crise a mobilisé tous les acteurs concernés comme cela n’avait jamais été le cas.

– De plus, nous pouvons parier que la population mais aussi les acteurs socio-économiques ont pris la mesure de la nécessité d’économiser ce bien commun et fragile qu’est l’eau.

– Enfin, elle met en évidence que nous, élus, avons perdu collectivement beaucoup de temps. Cette situation n’a pas été suffisamment anticipée malgré les avertissements de nombreux acteurs.

C’est pourquoi, riches de tous ces éléments, nous souhaitons proposer, et ce dès demain, pas lors d’une prochaine crise, la création d’un comité pluridisciplinaire au sein duquel prendraient place toutes les parties concernées par cette gestion de l’eau et les institutions.

Les PTGE – Projets de Territoires pour la Gestion de l’Eau -, tardent à voir le jour depuis les Assises de l’eau de 2019. Ils semblent être un modèle intéressant.

Chacun a des propositions qu’il convient de partager puis de mettre en œuvre, en dehors de toute considération partisane. Il convient donc de se réunir sous forme de groupe de travail pour étudier toutes ces questions et engager très rapidement, à nos échelles respectives, le changement qu’attendent de nous les habitants et les professionnels de ce département.

Cette instance que nous appelons de nos vœux pourrait, ainsi, servir de laboratoire d’idées, de débat et être force de propositions pour les projets de territoire et l’adaptation de leur gouvernance.

Plans Pluriannuels d’Investissement sur les réseaux fuyards, retenues collinaires, le stockage de l’eau, aménagement ou rénovation de canaux, gestion des barrages, débits des cours d’eau, voyages d’études à l’étranger, alimentation vivrière issue de circuits-courts et tant d’autres sujets sont à mettre sur la table pour définir une stratégie cohérente et ambitieuse au service de la préservation d’un modèle ancestral et si influent sur notre territoire.

De notre côté, nous y sommes prêts”.

 

*FDSEA = Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles.