Suzy Simon-Nicaise, responsable du Cercle algérianiste, aux côtés de Jean-Paul Alduy (UDI), président de l’Agglo de Perpignan (PMCA), et de Jean-Marc Pujol (UMP), maire de Perpignan, lors de l’inauguration du Square Robert Castel, en novembre 2012, au Barcarès.

Suzy Simon-Nicaise, vice-présidente nationale du Cercle algérianiste nous communique avec prière d’insérer :
– “LE CERCLE ALGÉRIANISTE RÉAGIT À LA LETTRE DE JEAN VILA MAIRE DE CABESTANY ADRESSÉE A JEAN-MARC PUJOL MAIRE DE PERPIGNAN AU SUJET DU 19 MARS.

 

A Monsieur Vila, maire Communiste de Cabestany,

Monsieur le maire,

Votre courrier adressé le 19 mars à Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan et publié par ‘’Ouillade’’ ( https://ouillade.eu/politique/p-o-lettre-de-jean-vila-pcf-maire-de-cabestany-a-jean-marc-pujol-ump-maire-deperpignan-a-propos-de-la-journee-du-19-mars/35329) a retenu toute notre attention et nous permet de vous dire combien votre mépris à l’égard des Français d’Algérie et de la quasi-totalité du monde combattant, nous a confortés dans nos certitudes.

En effet les arguments que vous développez sont la preuve même de votre méconnaissance de l’histoire de France et des ressources illimitées de la propagande au service de votre parti le PCF.

Votre ignorance de l’histoire est affligeante :

La référence à une lutte contre la colonisation et le racisme ne manque pas de piquant : L’oeuvre coloniale de la France est pour la plus grande part le fait de la politique défendue et conduite par les têtes pensantes de la gauche française sous la 3ème République, l’ignorez-vous ?

– ‘‘ Les races supérieures, c’est-à-dire les sociétés occidentales parvenues à un haut degré de développement technique, scientifique et moral, ont à la fois des droits et des devoirs à l’égard des races inférieures. Partout doivent reculer les antiques puissances de l’ignorance, de la superstition, de la peur, de l’oppression de l’homme par l’homme. Ainsi l’action colonisatrice est-elle fondamentalement définie comme une oeuvre d’émancipation : par elle, et à travers elle, se poursuit la lutte, entreprise depuis plus d’un siècle au nom de l’esprit de Lumière, contre l’injustice, l’esclavage, la soumission aux Ténèbres…Il s’agit d’une nouvelle croisade civilisatrice. ’‘

– ‘‘ Nécessité d’avoir sur les mers des rades d’approvisionnement, des abris, des ports de défense et de ravitaillement. ’‘

Jules Ferry

 

– ‘‘ Quand nous prenons possession d’un pays, nous devons y amener avec nous la gloire de la France, et soyez sûrs qu’on y fera bon accueil, car elle est pure autant que grande, pénétrée de justice et de bonté. Nous pouvons dire à ces peuples sans les tromper que où la France est établie, on l’aime ; que là où elle ne fait que passer, on la regrette ; que partout où sa lumière resplendit, elle est bienfaisante ; que là où elle ne brille plus, elle a laissé derrière elle un long et doux crépuscule où les regards et les coeurs restent attachés. ’‘

Jean Jaurès

 

– ‘‘ L’Afrique est le complément naturel de la Métropole à laquelle elle est intimement soudée…Ce royaume appartiendra au laboureur qui a osé la prendre, s’y tailler à son gré un domaine aussi vaste que la force de son travail l’aura créé. ’‘

Emile Zola

 

– ‘‘ Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science ou de l’industrie. ’‘

Léon Blum

‘‘ Ne trouverait-on pas ici, parmi vous peut-être, les descendants de ces anciennes peuplades, civilisées déjà au point d’avoir fait de leurs terres le grenier de la Rome antique ; les descendants de ces Berbères qui ont donné à l’Eglise catholique Saint-Augustin, l’évêque d’Hippone, en même temps que le schismatique Donat ; les descendants de ces Carthaginois, de ces Romains, de tous ceux qui, pendant plusieurs siècles ont contribué à l’épanouissement d’une civilisation attestée encore aujourd’hui par tant de vestiges ?… Sont ici maintenant les fils des Arabes venus derrière l’étendard du Prophète, les fils aussi des Turcs convertis à l’islam venus après eux en conquérants nouveaux, des Juifs installés nombreux sur ce sol depuis des siècles. Tous ceux-là mêlés sur votre terre d’Algérie auxquels se sont ajoutés des Grecs, des Maltais, des Espagnols, des Italiens et des Français. ’‘

Maurice Thorez


De là à demander, au nom de l’antiracisme et de l’anticolonialisme, que soient débaptisées des rues, avenues, écoles de nos cités, il y a un pas que nous ne franchirons pas. C’est cette argumentation, développée notamment par des hommes de gauche, qui fera prophétiser ainsi, en 1878, Hadj Belloul, un saint homme musulman : ‘‘ Les Français partiront un jour et vous chercherez en vain un de leurs chapeaux pour l’embrasser. Vous songerez, alors, un peu tard, à tous les bienfaits dont ils vous comblaient et de vos yeux couleront des larmes de sang.’‘

Il convient encore de rappeler que, tout au long de l’histoire de l’Algérie française, la population européenne envoya régulièrement au Parlement des élus pour la plupart socialistes et que la province enregistra l’élection de municipalités communistes parmi les premières de France. Puisque vous faites référence à l’ OAS il faut noter encore que ce sont des militants communistes qui pour une part constituèrent ses commandos deltas à Alger et ses commandos des collines à Oran.

Vos ressources illimitées au service de la propagande, sont indignes : Et là, force est de constater que pour votre propagande et celle de votre parti, vous recourez aux chiffres en n’hésitant pas à les manipuler sans honte.

Evoquer la manifestation parisienne organisée à l’instigation du F.L.N en octobre 1961 en faisant état de centaines de morts et de milliers de blessés, relève immanquablement de ce type de démarche.

Selon les historiens qui ont étudié la question, la fourchette des victimes de la police s’établirait entre 24 et 200. Le préfet de police Maurice Papon avait en la circonstance, exécuté des ordres donnés en haut lieu, tout comme le 26 mars 1962 le feront les responsables du maintien de l’ordre à Alger en faisant ouvrir le feu sur des hommes des femmes et des enfants qui laisseront 80 cadavres parfaitement identifiés sur la chaussée et plus de 200 blessés. Et notons au passage que les hommes de la VIIème wilaya du F.L.N. feront plus de 6.000 morts parmi la population musulmane installée en métropole. L’ignorez-vous ?

De la même façon les 9 morts de Charonne écrasés par les manifestants refluant dans la station de métro ‘‘ Charonne ’‘ dont les grilles avaient été fermées, auraient été, d’après vous, victimes d’une action conjuguée de la police et de commandos de l’OAS. Décidément, votre faculté à manipuler l’histoire n’a vraiment aucune limite ! Aucun historien sérieux ne défend d’ailleurs pareille thèse qui relève du bobard du plus pur métal.

Vous rappelez à juste titre l’engagement du contingent pendant la période 1954-1962. Là encore vous nous permettrez de souligner l’inflation de vos chiffres. Pour cette période le nombre de militaires européens morts au combat est de 12.466 (parmi eux bien évidemment des pieds-noirs). Ce chiffre comprend 1976 légionnaires auxquels doivent s’ajouter d’autres militaires de carrière dont 487 gendarmes. On est loin des 30.000 morts que vous annoncez. Le chiffre de 300.000 blessés doit être lui aussi revu très nettement à la baisse : 35 615 (européens et musulmans confondus). Pour mémoire il semble pour le moins honnête de rappeler que 157.000 pieds-noirs ont participé aux campagnes de Tunisie, d’Italie, de France et d’Allemagne (soit plus de 30% de la population masculine) laissant plus de 21 000 morts sur le terrain. Ceux-là sont venus libérer d’autres Français, sans état d’âme contrairement à nombre de vos affidés qui méprisaient et méprisent encore ces Français d’ailleurs que nous sommes !

A lire les chiffres que vous avancez il nous revient la formule de vos aînés qui avaient ‘’décrété’’ être les militants du ‘’Parti des 75.000 fusillés’’, affirmation bien audacieuse quand on sait qu’au cours de l’occupation 4520 personnes de toute appartenance politique y compris royaliste (cf. d’Estienne d’Orves) ont été passées par les armes.

Nous prenons également acte du fait que vous étiez militaire à Oran lors des massacres du 5 juillet alors que les derniers commandos de l’OAS avaient quitté la ville depuis plusieurs jours. Pourriez-vous nous indiquer quelle fut votre participation au sauvetage des centaines de civils emmenés à l’abattoir ce jour-là ?

Vous n’ignorez pas que la date de la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie avait longtemps fait débat en France, jusqu’à la décision prise par le Président de la République Jacques Chirac d’adopter la date du 5 décembre pour la journée nationale d’hommage aux morts de la guerre d’Algérie et des opérations au Maroc et en Tunisie. Le choix de cette date avait été le fruit du travail d’une commission, présidée par le Professeur FAVIER, de l’Institut et réunissant les douze associations les plus représentatives d’Anciens Combattants de toutes les guerres pour proposer une date commune. Après discussion et un vote démocratique, 10 associations (représentant 800 000 adhérents) ont opté pour le 5 décembre, date à laquelle avait été inauguré, en 2002, le Mémorial AFN du Quai Branly. Ce 5 décembre 2002, en effet, toutes les associations et fédérations étaient présentes, dans une même communion d’esprit, autour du seul souvenir de ceux qui avaient donné leur vie au service de la Patrie au cours de cette période des combats d’A.F.N.

La volonté d’apaiser les débats se manifestait ainsi dans un jour qui rassemble, exempt de toute considération politique, philosophique ou religieuse et respectant les sensibilités de chacun. Il ne s’agissait ni de commémorer une date, ni de célébrer une victoire ou de pleurer une défaite, mais tout simplement d’honorer ce jour là, sur l’ensemble du territoire national la mémoire de ceux qui, indépendamment de leurs propres convictions, avaient disparu dans ces combats et ces événements.

Oui, monsieur le maire, le 5 décembre est la seule date qui convienne pour cette commémoration.

Car contrairement à vos allégations la guerre d’Algérie n’a pas cessé le 19 mars 1962. Le 5 juillet qui comme chacun le sait arrive bien après le 19 mars dans le calendrier, à Oran, vous vous êtes sans doute bouché les oreilles pour ne pas entendre les appels au secours de ces centaines de Français d’Algérie qu’on retrouvera accrochés aux crocs des bouchers ? Vous avez obéis aux ordres sans doute, en laissant fermées les portes des casernes où ils venaient chercher refuge.

Et si certains purent échapper à leurs bourreaux, ce n’est à l’évidence pas grâce à vous, mais au lieutenant Rabah Kheliff commandant de la 4e compagnie du 30e BCP 30e Bataillon de Chasseurs Portés). Ce 5 juillet 1962, il apprenant que des civils européens sont regroupés en divers points de la ville dans l’attente d’être exécutés, sans que l’armée française intervienne. Il décide de passer outre les ordres, prévient par téléphone son colonel, qui répond : ‘’Faites selon votre conscience, quant à moi je ne vous ai rien dit’’. À la tête de la moitié de sa compagnie, le lieutenant Kheliff gagne un des points de regroupement, devant la préfecture. ‘’Il y avait là une section de l’ALN, des camions de l’ALN et des colonnes de femmes, d’enfants et de vieillards dont je ne voyais pas le bout. Plusieurs centaines, en colonnes par trois ou quatre, qui attendaient là avant de se faire zigouiller‘’. Le lieutenant Kheliff exige et obtient du préfet, Souiyah El Houari, leur libération. S’étant quelque peu éloigné de son détachement, il est lui-même pris à partie et blessé par des civils algériens, puis dégagé par ses hommes, à qui il interdit d’ouvrir le feu. Après quoi, il établit des patrouilles sur les axes routiers menant à l’aérodrome et au port pour ‘’arracher littéralement’’ des malheureux des mains de leurs agresseurs. Mis aux arrêts de rigueur, et convoqué par le général Katz qui l’admoneste sévèrement : ‘’Si vous n’étiez pas arabe, je vous casserais’’.

L’armée rendra néanmoins hommage au lieutenant Kheliff, le 11 juillet, sous la plume du colonel Nicolas, commandant le sous-secteur est d’Oran et le 67e Régiment d’Infanterie : ’Calme, énergique, et discipliné, a fait preuves des plus belles qualités de Chef et d’homme en s’exposant, personnellement, au cours d’une manifestation, le 5 juillet, pour sauver plusieurs européens dont la vie était menacée. A été molesté en transportant des blessés en lieu sûr, mais gardant un remarquable sang-froid, a contribué à rétablir le calme sans effusion de sang’’.

En vous rasant ces jours prochains, pensez à Rabah Kheliff monsieur Vila. Comme lui, vous auriez pu sauver des vies ce 5 juillet 1962 ! Les familles de personnes enlevées ce 5 juillet à Oran, nombreuses en pays catalan, elles, se souviennent chaque jour que leur proche n’est pas revenu. Elles se demandent ce qui leur est arrivé. Ont-elles été torturées ? Les femmes ont-elles été abusées ou enfermées dans des ‘’maisons de repos’’ pour Moudjahidines comme l’ont laissé entendre certains notables algériens ? Sont-elles mortes tout de suite après leur enlèvement ? Et les enfants qu’en ontils faits ?

Alors quand vous prétendez compatir à la douleur des ‘’Pieds-noirs’’ et des’’ Harkis’’ permettez-nous de ne n’accorder aucun crédit à cette subite conversion de votre part car nous nous nous référons aux articles parus naguère dans ‘’l’Humanité‘’ et les tracts diffusés par la CGT, son efficace courroie de transmission, pour dénoncer les dangers que représentaient les rapatriés ‘’ce ramassis de fascistes’’ et les harkis, ces ‘’collabos’’ qui constituaient pour l’OAS une réserve de main d’oeuvre prête à toutes les exactions. De là à associer votre apitoiement à un flot de larmes de crocodiles il n’y a que l’épaisseur d’un mouchoir, jetable après vous en être tamponné les yeux.

Nous serions heureux que notre lettre fasse l’objet d’une lecture lors d’une prochaine séance de votre conseil municipal mais peut-être est-ce trop vous demander ?

Nous qui, contrairement à vous, sommes des gens polis, vous prions d’agréer, Monsieur le maire, nos Salutations”.