Les porte-drapeaux et autres militaires présents ce mercredi 19 mars matin sur les quais de Port-Vendres, à l’occasion des commémorations du 19 mars 1962, ne sont pas près d’oublier cette journée du 19 mars 2014 sous le soleil de la Côte Vermeille… Car si la matinée fut des plus chaleureuses, côté météo, elle ne fut pas conviviale sur le macadam du Quai Forgas !

Vers 11h 30, alors que le défilé était plié, un groupe de  militaires et civils ayant participé à la cérémonie a été pris à partie, “agressé violemment” selon les premiers témoignages recueillis sur place et qui devraient être consignés dans une plainte, ce jeudi 20 mars 2014, déposée à la Brigade territoriale de la Gendarmerie nationale à Port-Vendres.

Les agresseurs en seraient venus aux mains, après avoir copieusement insultés et injuriés les participants à ce défilé : “Commémorer le 19 mars 1962, c’est cela l’insulte ! (…). Car après cette date,  en Algérie, des milliers d’hommes et de femmes ont été tués, assassinés, ont continué d’être torturés (…)”.

Il semblerait que lors du passage du défilé sur les quais, certains partisans de cette commémoration aient arraché des affichettes qui mentionnaient des propos d’opposants à la commémoration de cette date du 19 mars 1962… C’est ce geste qui aurait été perçu comme une véritable provocation et qui aurait déclenché la polémique, mettant le feu aux poudres.

Du côté des victimes, on confirme : “Nous n’avons rien compris. Ils se sont jetés sur nous, sans aucune possibilité de discussion, et alors que nous ne les avions pas provoqués, ni de près ni de loin. Le défilé venait de se terminer, tout s’était bien passé, on rentrait à la maison (…)”.

Pour les représentants des associations – notamment de Français Rapatriés d’Algérie – opposées à cette cérémonie, c’est un tout autre son de cloche concernant ces incidents : “Nous n’avons provoqué personne, bien au contraire on nous a arraché nos affichettes en nous insultant, des propos xénophobes ont même été tenus à l’encontre de la communauté Pied-Noir, à tel point que nous sommes allés signalés ces faits insupportables à la Gendarmerie… Nous apprenons maintenant que ceux qui se disent être les victimes – alors que nos agresseurs étaient dans leurs rands ! – s’apprêtent à faire de même… Eh bien tant mieux, car nous avons suffisamment de preuves et de témoignages pour nous défendre. Il ne faudrait surtout pas inverser les rôles (…)”.

La version des uns et des autres diffèrent donc sensiblement.

La municipalité de Port-Vendres condamne ces incidents. Elle  tient à rappeler qu’elle apporte son “entier et total soutien” aux associations de Français Rapatriés d’Algérie qui refusent de reconnaître la date du 19 mars 1962 comme fin de l’épisode historique de la Guerre d’Algérie. D’ailleurs, l’épouse même du maire de Port-Vendres, Michèle Roméro, né à Tiaret (en Algérie française et rapatriée en 1962), présidente de l’association La Mer à Boire, avait précédemment envoyé un courrier à des élus des P-O pour attirer leur attention sur le fait que “Nous tenons à vous informer de notre profond désaccord (que nous manifesterons) avec la loi voté par le Sénat en novembre 2012, instituant la date de la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie, des combats au Maroc et en Tunisie le 19 mars. Les raisons qui nous animent sont extrêmement nombreuses. S’il n’existait que trois raisons pour refuser la date du 19 mars, les voici (…). C’est pourquoi nous vous demandons officiellement de ne pas célébrer cette journée du 19 mars dans nos communes. Nous ne pourrons jamais accepter une telle trahison au nom de la mémoire de tous nos morts et disparus sur la terre de l’Algérie française (…)”.

 

Il a fallu l’intervention de la Police Municipale de Port-Vendres pour séparer les protagonistes.